Eglises d'Asie

L’Église coréenne salue le sommet intercoréen, prélude à la paix

Publié le 04/05/2018




L’Église coréenne se réjouit du sommet intercoréen, qui a rassemblé le 27 avril les deux dirigeants de la péninsule. Le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul, confie son espérance suite à la déclaration de Panmunjom, signée par les deux hommes dans la Zone démilitarisée (DMZ), et qui doit permettre d’ouvrir la voie à la dénucléarisation complète, à la paix et à la réunification des deux pays.

Les évêques sud-coréens ont salué l’issue du sommet historique intercoréen du 27 avril, qui s’est tenu au village de Panmunjom dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays depuis 65 ans. « La déclaration de Panmunjom est très importante, car elle a permis d’ouvrir la voie vers la paix, la réunification et la dénucléarisation complète », se réjouissait le 30 avril le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul. « Je salue les efforts qu’ont accepté les deux dirigeants en prenant cette initiative, en appelant les deux parties à baisser les armes et en échangeant une poignée de main au nom de la paix. J’espère voir une paix durable s’installer enfin sur nos terres. »
Les photos de la rencontre montrent le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en train de se serrer la main en souriant, après avoir franchi la Ligne de démarcation militaire (MDL), avant de partager un banquet avec leurs épouses. L’évènement marquait la première fois qu’un dirigeant nord-coréen mettait les pieds sur le territoire sud-coréen depuis des décennies. Il survient peu après le voyage récent de Kim Jong-un à Pékin, où il a rencontré le président chinois Xi Jingping, allié et parrain du régime nord-coréen. Le dirigeant nord-coréen doit rencontrer Donald Trump le mois prochain. Ce dernier a déclaré récemment sur Twitter qu’il aimerait également que la rencontre se déroule sur la Zone démilitarisée. Singapour et Oulan-Bator, la capitale mongole, ont aussi été mentionnés comme sites potentiels pour la rencontre.
La perspective du sommet États-Unis – Corée du Nord a suscité un intérêt considérable, étant donné qu’il y a peu, les deux dirigeants se menaçaient mutuellement de tirs de missiles. Aucun président américain n’a jamais rencontré un dirigeant nord-coréen. De plus, les deux dirigeants avaient échangé une avalanche de tweets menaçants, Donald Trump dénonçant le « petit homme fusée » Kim Jong-un, et ce dernier considérant le président américain comme un « radoteur » dans un autre tweet… Mais depuis, les choses ont changé, laissant espérer la dénucléarisation de la péninsule coréenne, ainsi que la réunification des familles divisées par la guerre, en attendant une Corée réunifiée, ce qu’espèrent les évêques coréens.

« Le feu de l’Esprit Saint »

« Je ne crois pas que le feu de l’Esprit Saint se soit éteint », confie le cardinal Yeom, qui a accepté le rôle d’administrateur apostolique de Pyongyang, la capitale nord-coréenne, malgré l’impossibilité pour lui d’entrer sur le territoire du pays communiste. « Il y a toujours des fidèles qui rencontrent Dieu au plus profond de leurs prières, qui se souviennent de la grâce des sacrements et qui soupirent après Dieu. Je prie pour le jour où je pourrai rencontrer les fidèles du diocèse de Pyongyang et célébrer la liturgie avec eux. » Les deux dirigeants coréens ont signé ensemble la déclaration de Panmunjom pour la paix, la prospérité et la réunification de la péninsule coréenne.
Ils se sont engagés à travailler ensemble pour mettre fin à la Guerre de Corée – qui n’est officiellement toujours pas terminée, malgré l’armistice qui a été signée après les combats en 1953 – et ainsi ouvrir une nouvelle ère de paix. Ils ont également partagé leur détermination à cheminer vers la réconciliation, la paix, la prospérité et un réchauffement des relations intercoréennes, après que le monde a assisté à l’échec de plusieurs tentatives dans ce sens durant les dernières décennies. Mais pour le président Trump et pour beaucoup d’autres personnalités en Asie et dans le monde, l’objectif premier est de débarrasser la péninsule des armes nucléaires, après les nombreux essais nucléaires de la Corée du Nord ces dernières années.
Mgr Hyginus Kim Hee-joong, archevêque de Gwangju (au sud du pays) et président de la Conférence des évêques de la Corée (CBCK), s’est lui aussi enthousiasmé des résultats du sommet. « Un nouveau chapitre de l’histoire a commencé, vers la coexistence et la paix dans la péninsule coréenne, grâce à cet évènement qui marque la fin d’une longue période de luttes et de conflits », a-t-il déclaré le 29 avril. « J’espère que ce sommet sera un tremplin vers la paix en Asie du Nord-Est et dans le monde. Le plus important, pour la paix, c’est de dépasser nos préjugés afin de mieux nous comprendre mutuellement. Cela peut être stimulé grâce à des échanges entre les communautés religieuses », a-t-il ajouté. « De notre côté, en tant que catholiques, nous allons entrer en contact avec l’Association des catholiques de Corée [du Nord], tout en cherchant d’autres occasions d’échanges. »
Mgr Lazarus You Heung-shik, évêque de Daejon, dans le centre de la Corée du Sud, est président de la Commission Justice et Paix pour la Conférence épiscopale coréenne. Il affirme que le sommet intercoréen est un don de Dieu, qui a permis aux deux pays de renouer le dialogue et de prendre le chemin de la réconciliation. « Maintenant, notre mission est d’aider à faire appliquer la déclaration [de Panmunjom]. Les chrétiens doivent accomplir cette mission en serviteurs de Dieu, afin d’aider à réunifier les deux Corées. » Dimanche 29 avril, place Saint-Pierre, le pape François a également commenté la rencontre historique : « J’accompagne par la prière l’issue positive du sommet intercoréen de vendredi dernier et l’engagement courageux pris par les dirigeants des deux Corées, pour entamer un chemin de dialogue sincère vers une péninsule coréenne libérée des armes nucléaires », a-t-il déclaré.

(Avec Ucanews, Panmunjom)