Eglises d'Asie

30 ans après, les Birmans commémorent le soulèvement de 1988

Publié le 10/08/2018




Le 8 août 1988, l’armée réprimait violemment un soulèvement étudiant réclamant la démocratie après 26 années de dictature du général Ne Win, entraînant plusieurs milliers de morts. Trente ans après, du 6 au 8 août, les Birmans ont commémoré l’évènement, également connu comme le « soulèvement 8888 », dans plusieurs villes à travers le pays. Malgré l’arrivée au pouvoir de la Ligue nationale pour la Démocratie (NLD) et de la conseillère Aung San Suu Kyi en 2015, l’armée birmane joue toujours un rôle influent au sein du gouvernement.

Le 8 août dernier, lors du trentième anniversaire du soulèvement démocratique de 1988, militants et législateurs ont souligné l’importance de la démocratie pour le futur du pays. Des milliers de personnes ont commémoré les évènements du 8 août 1988, qui ont entraîné une répression sanglante par l’armée. Mahn Johnny, ancien ministre en chef de la région d’Ayeyarwady, a déclaré que le soulèvement de 1988 est un évènement marquant de l’histoire de la Birmanie. Ceux qui ont pris part au soulèvement ont donné leur vie pour la démocratie – l’évènement est également connu comme le « soulèvement 8888 » – et il ne doit pas être oublié, a ajouté Manh Johnny.
Le 8 août 1988, d’importantes manifestations étudiantes ont éclaté contre les 26 années de dictature du général Ne Win, avant d’être réprimées par l’armée. On estime le nombre de victimes à plusieurs milliers de morts. Les soulèvements ont également entraîné la notoriété internationale d’Aung San Suu Kyi et de la Ligue nationale pour la Démocratie (NLD). Manh Johnny a souligné que le mouvement démocratique de 1988 a donné l’impulsion dont le pays avait besoin pour un changement démocratique. « Nous devons être unis et guider le pays vers un État démocratique fédéral. Et toutes les parties prenantes doivent faire des compromis pour la paix et pour la réconciliation », a-t-il demandé. L’homme politique catholique de 77 ans, membre du NLD, a poursuivi en soulignant que le plus grand défi qui demeure, avant que le pays puisse devenir une véritable démocratie, est le rôle influent que joue toujours l’armée au sein du gouvernement, selon les termes de la Constitution de 2008.

« Nous l’atteindrons un jour »

Les représentants militaires non-élus constituent jusqu’à 25 % des parlementaires dans le pays. L’armée contrôle également des ministères essentiels comme la Défense, l’Intérieur ou les Affaires étrangère. En arrivant au pouvoir en 2015, la conseillère Suu Kyi avait appelé à la réconciliation avec les généraux, ceux-là mêmes qui l’avaient maintenue en résidence surveillée durant quinze ans. Ashin Ariya Wuntha Bhiwunsa, un moine de Mandalay impliqué dans des programmes interreligieux, a pris part au soulèvement de 1988. Il confie que la population birmane a encore besoin de faire pression pour la démocratie. « Nous devons être patients et nous allons continuer à nous battre pour la démocratie d’une façon non violente », a-t-il déclaré. « Si toute la population s’unit et que tous sont prêts à donner leur vie pour les citoyens du pays, nous pouvons atteindre notre but. Je suis convaincu que nous l’atteindrons un jour. » Ariya Wuntha fait partie des milliers des personnes qui se sont jointes aux commémorations qui se sont tenues dans plusieurs villes à travers le pays, du 6 au 8 août.

(Avec Ucanews, Mandalay)