Eglises d'Asie

Les Tamouls de l’État Karen posent les fondations d’une nouvelle église

Publié le 28/08/2018




Les catholiques tamouls représentent, en Birmanie, une petite minorité. Dans l’État Karen, dans le sud-est du pays, ils sont près de 20 000 pour une population d’1,5 millions d’habitants. Le village de Hton-Bo-Quay, dont la paroisse catholique est composée d’une importante communauté tamoule, est ainsi entouré de villages bouddhistes et musulmans. En 2016, la communauté a lancé la construction d’une nouvelle église pour le village. Le projet, qui s’élève à 170 millions de kyats, soit un peu moins de cent mille euros, a été financé en partie grâce aux dons des villageois ainsi que ceux d’une centaine de jeunes du village travaillant à l’étranger.

Les visiteurs de ce village catholique tamoul sont accueillis par une croix posée à l’entrée du village, et peuvent croiser l’église Saint-Anthony avant même d’arriver au centre du village. Yaw Han, 24 ans, est fier d’être catholique à Hton-Bo-Quay, dans l’État Karen, où un effort communautaire a permis de financer la construction d’une nouvelle église en 2016-2017. Sa famille a donné 2 millions de kyats (1 121 euros) au projet, grâce à l’aide de ses deux frères aînés qui ont économisé de l’argent sur leurs salaires touchés en Malaisie. « Nous sommes heureux d’avoir fait ce don. Nous n’avons pas senti cela comme une charge, même si la plupart des villageois peinent à survivre de leur travail agricole », explique Yaw Han. Quand ce dernier n’est pas en train d’aider sa famille à cultiver le riz, il participe aux activités de la paroisse en tant que responsable des jeunes. Son groupe a contribué au projet de la paroisse à hauteur de 300 000 kyats (168 euros). D’autres organisations, dont un groupe de mères, le comité pastoral et le groupe des femmes de la paroisse, ont donné un total de 16 millions de kyats (8 969 euros).
Près d’une centaine de jeunes du village, qui travaillent en Malaisie, à Singapour et aux États-Unis, ont envoyé environ 38 millions de kyats (21 300 euros) pour participer au financement du projet, dont le coût total s’élève à 170 millions de kyats (95 293 euros). Le père Edward Aye Min Htun, curé de la paroisse Saint-Anthony, est reconnaissant pour ces dons, en particulier pour ceux des jeunes qui travaillent à l’étranger. L’ancienne église en briques couvrait seulement 93 mètres carrés, ce qui n’était plus suffisant pour le nombre croissant de catholiques dans la région. « Je ne suis pas inquiet pour le financement de la nouvelle église, parce que je crois que Dieu nous aidera et que c’est l’œuvre de Dieu », confie le père Htun.
Le prêtre, qui a été transféré dans la paroisse en 2015, ajoute que les contributions locales sont arrivées régulièrement à mesure que la nouvelle église en béton était construite. Le prêtre assure qu’un nouveau bâtiment était nécessaire, car les villageois ont une foi solide et participent aux célébrations. Le diocèse de Hpa-an a contribué à hauteur de 2 millions de kyats. D’autres dons ont été envoyés par prêtres natifs du village, par des villageois et des donateurs privés. Une église en bois a été construite à Hton-Bo-Quay en 1900, avant d’être reconstruite en briques en 1932. La construction de la nouvelle église a commencée en janvier 2016, et l’évêque de Hpa-an, Mgr Justin Saw Min Thide, a consacré l’édifice le 29 décembre 2017.

20 000 catholiques tamouls sur 1,5 million d’habitants

Le diocèse de Hpa-an, situé dans le sud-est du pays, compte 24 prêtres, 37 religieux et religieuses et 73 catéchistes pour environ 20 000 catholiques (l’État Karen compte 1,5 million d’habitants). Le village de Hton-Bo-Quay, situé à 25 kilomètres de Hpa-an, compte environ 700 catholiques tamouls. Les Tamouls vivent là depuis 1823, selon les archives de la paroisse. Ils cultivent le riz et le haricot et élèvent quelques bêtes. Le village est entouré de villages bouddhistes et musulmans, avec qui les villageois entretiennent de bonnes relations, selon le père Htun. Hton-Bo-Quay a été frappé par les inondations récentes, dues aux pluies torrentielles qui ont traversé l’État Karen. Les maisons, les cultures et même l’église ont été affectées. La Mission sociale de Karuna (Karuna mission social solidarity) a fourni des sacs de riz aux villageois touchés par les intempéries.
En 1954, les catholiques tamouls de Hton-Bo-Quay sont partis à Yathaepyan, un village bouddhiste voisin, à cause des conflits qui ont frappé le village et causé un incendie. Ils sont retournés chez eux en 1956 quand la situation s’est calmée. L’État Karen a souffert de la guerre civile durant plus de 60 ans. Les rebelles de l’Union nationale Karen (KNU) s’opposent à l’armée birmane depuis l’indépendance du pays en 1948. Les Tamouls sont originaires de l’État indien du Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde, et du Sri Lanka. Les Tamouls, qui sont arrivés en Birmanie durant l’époque coloniale britannique, représentent environ 2 % des 51 millions d’habitants du pays. Les catholiques tamouls sont environ 50 000. Beaucoup de Tamouls ont dû fuir le pays en 1962 lors du coup d’État du général Ne Win.

(Avec Ucanews, Hton-Bo-Quay)


CRÉDITS

Ucanews