Eglises d'Asie

Cardinal Charles Maung Bo : « La crise peut être dépassée à condition de n’oublier personne »

Publié le 23/06/2020




Le 20 juin, à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la FABC, a appelé les dirigeants asiatiques à donner la priorité à la protection des personnes déplacées. Dans son communiqué, le cardinal de 72 ans dénonce « le racisme, le nativisme et les discours de haine », rencontrés de plus en plus fréquemment par les migrants sans papiers, les réfugiés et les demandeurs d’asile à travers l’Asie, notamment en Birmanie où l’on compte plusieurs milliers de personnes déplacées internes. Selon un nouveau rapport annuel de l’UNHCR, le nombre de migrants a atteint presque 80 millions de personnes à travers le monde en 2019.

Le 27 juillet 2019, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, échange avec une famille Rohingya, réfugiée au camp de Kutupalong (Bangladesh).

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la FABC (Fédération des conférences épiscopales asiatiques), a appelé les dirigeants asiatiques à lutter contre « le racisme, le nativisme et les discours de haine », rencontrés de plus en plus fréquemment par les migrants sans papiers, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Dans un communiqué publié le 20 juin à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le cardinal Bo a insisté sur l’urgence et le devoir, de la part des dirigeants du monde entier, de respecter les droits de tous. « Il faut donner la priorité aux principes, reconnus de longue date par les lois internationales, qui défendent la protection des personnes déplacées de force », a-t-il souligné. « Si les gens continuent d’être forcés à quitter leurs foyers, nous resterons dans un monde en crise. » Dans son message, le cardinal Bo a également signalé les risques encourus par les réfugiés face à la pandémie. « Ils sont souvent en migration, groupés et dans des conditions sanitaires inadaptées », a-t-il ajouté.

« Si l’humanité est ainsi divisée et inégale face à la pandémie, la crise ne peut pas être dépassée. La planète peut être soignée à condition de n’oublier personne. Dans l’intérêt de tous, il faut prendre soin des réfugiés. » Le cardinal Bo, âgé de 72 ans, s’est également inquiété de voir certains pays asiatiques utiliser la pandémie comme une excuse pour abandonner les migrants pour détenir des hommes, femmes et enfants réfugiés. « Il est essentiel d’inclure les besoins des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes déplacées internes dans les politiques et aides d’urgence mises en place contre la pandémie », a-t-il insisté. Après la crise sanitaire, l’archevêque de Rangoun a appelé à poser des actes concrets pour la paix. « Afin d’accélérer la fin de la crise sanitaire, d’apaiser la faim et la pauvreté provoquées par la pandémie et de prévenir les migrations forcées, il faut résoudre les causes réelles des conflits, cesser les offensives militaires et autoriser le retour des réfugiés dans leurs villages », a-t-il souligné, en appelant le monde à « donner la priorité aux personnes les plus vulnérables comme les réfugiés », particulièrement affectés par une crise multiple et globale.

79,5 millions de personnes déplacées en 2019

Le cardinal Bo a également déploré les milliers de personnes déplacées internes (IDP) en Birmanie, confrontées à la guerre civile depuis plus de six décennies. La Birmanie est le cinquième pays au monde en termes de nombre de réfugiés, a-t-il rappelé, en reconnaissant qu’un cessez-le-feu partiel a été déclaré. « Mais il y a une grande différence entre un cessez-le-feu partiel et global. La guerre civile en Birmanie entraîne encore le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui sont affamées dans l’État de Rakhine [au nord du pays] et dans l’État Chin [sud] », a-t-il remarqué. « L’incapacité des autorités à étendre le cessez-le-feu dans tout le pays affecte les efforts de paix en Asie. Les conflits ne profitent à personne. » Au début de la pandémie, le cardinal Bo s’est joint aux appels à un cessez-le-feu mondial, lancés par le pape François et par le secrétaire général des Nations unies. En Birmanie, plus de 350 000 personnes déplacées vivent aujourd’hui à travers le pays, dans des camps situés dans les États Kachin, Shan, Rakhine, Chin et Karen. Près de 120 000 réfugiés sont toujours dans les camps situés le long de la frontière thaïlandaise, à la suite des combats entre l’armée birmane et les rebelles Karen qui ont éclaté dans les années 1980. L’an dernier, les déplacements (dus à la guerre, aux violences, aux persécutions et autres circonstances exceptionnelles) ont atteint près de 79,5 millions de personnes – soit presque le double par rapport à 2009 –, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). En 2019 à travers le monde, près d’une personne sur 97 a donc été déplacée, selon le dernier rapport de l’UNHCR, qui signale 8,7 millions de réfugiés de plus en 2019 par rapport à l’année précédente.

(Ucanews, Mandalay)


CRÉDITS

Caritas Bangladesh