Eglises d'Asie

Les autorités religieuses hongkongaises appellent au retrait total du projet de loi controversé

Publié le 20/06/2019




Les autorités religieuses hongkongaises se sont jointes aux pressions grandissantes de la population. Mercredi 19 juin, dans un communiqué conjoint, le cardinal John Tong Hon, administrateur apostolique de Hong-Kong et le révérend Eric So Shing-yit, président du Conseil chrétien de Hong Kong, ont déclaré accepter les excuses publiques et personnelles et la cheffe de l’exécutif et la reconnaissance de ses manquements, tout en demandant au gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong-Kong d’apaiser la population en abandonnant le projet de loi sur l’extradition plutôt que de le suspendre, et de lancer des enquêtes sur les accusations de violence contre les manifestants.

Le communiqué du cardinal Tong et du révérend So Shing-yit a été publié le 19 juin, le lendemain des excuses publiques présentées par Carrie Lam pour sa gestion des événements – malgré la déclaration de la cheffe de l’exécutif, celle-ci a rejeté les appels au retrait total du projet de loi. Elle a affirmé que la suspension du projet de loi revenait à le retirer, parce qu’il ne serait plus débattu et adopté par la législature avant la fin de son mandat. Pourtant, le communiqué publié le 19 juin insiste pour aller plus loin : « Bien que le gouvernement a clairement indiqué que le projet de loi sur l’extradition a déjà été ‘suspendu’, nous demandons malgré tout que le gouvernement fasse une déclaration publique explicite annonçant que la loi a été ‘retirée’ afin de répondre aux fortes demandes de la population. » Le cardinal Tong et le révérend So Shing-yit ont également appelé le gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong-Kong à « lancer une enquête indépendante et approfondie sur les affrontements entre la police et les manifestants, survenus le 12 juin, pour que cela serve de leçon à l’avenir ». De son côté, la Conférence des six responsables religieux de Hong-Kong, qui comprend des représentants catholiques, protestants, bouddhistes, taoïstes, musulmans et confucianistes, a également publié un communiqué pour accepter les excuses présentées par Carrie Lam. Dans leur communiqué, ils demandent aussi à la population de revenir à leur routine quotidienne pour mettre fin à la crise, tout en appelant le gouvernement à l’indulgence contre les manifestants arrêtés.

L’Église anglicane de Hong-Kong a également publié une lettre adressée aux fidèles sur les événements récents, en saluant la jeunesse pour son action pour le bien de la société. Biddy Kwok, président de la commission Justice et Paix de Hong-Kong, estime quant à lui que seule la démission de Carrie Lam peut mettre fin au conflit social. « Même si elle a présenté ses excuses, elle n’a reconnu aucune faute et elle a refusé de retirer le projet de loi. Elle a seulement dit qu’elle ferait mieux durant les trois prochaines années de son mandat », ajoute-t-il. Les chrétiens ont joué un rôle visible contre le projet de loi controversé. Après la manifestation du dimanche 16 juin, qui a fait descendre dans la rue deux millions de personnes, Mgr Joseph Ha Chi-shing, évêque auxiliaire de Hong-Kong, a participé à un temps de prière organisé par les jeunes devant le Conseil législatif de Hong-Kong, en présence de centaines de chrétiens. Wong Siu-tung, porte-parole d’un groupe de pasteurs chrétiens, a également appelé le gouvernement à résoudre la situation en soutenant que pour permettre un retour à la normale, ce dernier « doit prendre des mesures concrètes, parce que la rivalité a été provoquée par le gouvernement, et non par les citoyens », en estimant que Carrie Lam « a exprimé ses excuses, mais sans les appuyer par des actions concrètes ».

(Avec Ucanews et South China Morning Post, Hong-Kong)


CRÉDITS

Ucanews