Eglises d'Asie

Une université catholique de l’île de Flores se bat pour sauvegarder son héritage

Publié le 16/07/2019




Une université catholique indonésienne de l’île de Flores, dans l’est de l’archipel, tente de sauvegarder son héritage. L’université Saint-Paul a été fondée en 1959 pour former les catéchistes de la région, et le département de théologie était au cœur du cursus proposé à l’origine. Depuis quelques années, la théologie attire moins d’étudiants – seuls vingt étudiants sur mille nouveaux inscrits en juin. Face à cette situation, le père Yohanes Boylon, président de l’université Saint-Paul de Ruteng, cherche à s’adapter sans abandonner la matière, en préparant mieux les étudiants à la vie professionnelle et en proposant des bourses d’études.

L’université catholique Saint-Paul, à Ruteng dans l’île de Flores, a été fondée il y a soixante ans pour former les catéchistes indonésiens. Mais aujourd’hui, l’université peine à recruter de nouveaux étudiants pour sa branche théologique, explique la direction. Selon le père Yohanes Boylon, président de l’université Saint-Paul, seule une vingtaine d’étudiants ont rejoint la branche théologique en juin, sur près de 1 000 nouveaux étudiants. L’ancien Institut Saint-Paul de formation des enseignants, qui a été élevé au rang d’université en mai, subit déjà les conséquences des tendances actuelles, explique le père Boylon. Quand l’institut a été fondé en novembre 1959, la théologie était la matière centrale qui y était enseignée, afin de former les catéchistes travaillant dans la région, ajoute le prêtre. Mais ces dernières années, avec l’introduction de nouvelles matières linguistiques et agricoles, le département de théologie a perdu du terrain. Pour le père Yohanes Boylon, c’est regrettable parce que cette matière a été la pierre angulaire de l’institution pendant de nombreuses années. Pourtant, ces dernières années, seuls quelques étudiants choisissent de rejoindre les cours de théologie. Herman Tojong, diplômé en théologie à Saint-Paul, explique qu’il est devenu plus important pour les jeunes de suivre un plan de carrière. « La théologie ne peut rivaliser parce que les diplômés ont des opportunités d’emplois limitées », ajoute Herman Tojong, membre du conseil de district local.

Herman ajoute que c’est un véritable défi pour l’université, qui doit tenter de faire des études théologiques une matière pertinente pour l’époque moderne. Malgré ces perspectives décevantes, l’université Saint-Paul a déclaré sa détermination à relever le défi, en refusant d’abandonner le département de théologie. Le père Oswaldus Bule (SDV), qui dirige le programme de théologie, estime que même face aux influences actuelles, la société et l’Église ont encore besoin de diplômés en théologie pour travailler au service des paroisses et autres institutions catholiques. « Quel qu’en soit le prix, la théologie continuera d’être enseignée ici », souligne-t-il. Le père Theobaldus Roling Mujur, président de la Fondation Saint-Paul de l’université, confie que même si le département semble offrir des perspectives d’emploi limitées, il assure qu’il y a des débouchés pour les diplômés en théologie, si ceux-ci soignent leur candidature auprès des employeurs potentiels. Il ajoute que dans le passé, de nombreux diplômés ont poursuivi d’excellentes carrières, dans des domaines pas forcément liés à la théologie. Le prêtre ajoute que l’université cherche à redonner vie au département en danger en améliorant les services d’orientation professionnelle et en proposant des bourses ou des frais de scolarité réduits. L’idée d’un diplôme de master est une autre option, explique le père Theobaldus Mujur, qui souligne que quoi qu’il arrive, l’université ne peut pas abandonner ce département, parce que cela fait partie de son héritage.

(Avec Ucanews, Ruteng)


CRÉDITS

Melkhior Baran / Ucanews