Eglises d'Asie

Le pape François lance un appel à Bangkok contre la traite des personnes

Publié le 22/11/2019




Le pape François a atterri à Bangkok il y a deux jours, mercredi 20 novembre, pour une visite apostolique de trois jours en Thaïlande avant de s’envoler à nouveau, dès demain, pour le Japon. À son arrivée à Bangkok, le Saint-Père a rencontré le Premier ministre Prayut Chan-o-cha à « Government House », où il a donné le premier discours public de son voyage, en s’adressant aux autorités civiles et religieuses, ainsi qu’aux membres du corps diplomatique. Dès son arrivée dans le pays, le pape a particulièrement insisté sur les problèmes de la crise migratoire et de la traite des personnes, tout en saluant les efforts entrepris et la riche diversité ethnique, culturelle et spirituelle thaïlandaise.

Dans ouvriers terminant les préparatifs du Stade National, quelques jours avant la messe qui aura lieu avec le pape François, le 21 novembre à Bangkok.[/caption]

Dans le premier discours public de son voyage apostolique de sept jours en Thaïlande et au Japon, le pape François a particulièrement insisté sur le problème de la crise migratoire actuelle en Asie. Après avoir reçu un accueil officiel à « Government House », où il a rencontré le Premier ministre Prayut Chan-o-cha, il s’est adressé aux autorités civiles et religieuses et aux membres du corps diplomatique thaïlandais. Dans son discours, le pape a confié que les mouvements de migration « constituent l’un des signes caractéristiques de notre temps ». « Non pas tant à cause de la mobilité en elle-même qu’en raison des conditions dans lesquelles elle se déroule, ce qui représente l’un des principaux problèmes moraux qu’affronte notre génération », a-t-il ajouté. Le Saint-Père a confié son espérance que « la communauté internationale agisse avec responsabilité et prévoyance, qu’elle puisse résoudre les problèmes qui conduisent à cet exode tragique et promeuve une migration sûre, ordonnée et régulée ». « La crise migratoire mondiale ne peut pas être ignorée », a-t-il insisté. « Même la Thaïlande, connue pour l’accueil qu’elle a réservé aux migrants et aux réfugiés, a affronté cette crise due à la fuite tragique de réfugiés de pays voisins. » Selon le rapport 2019 du Groupe de travail des Nations unies en Thaïlande sur la migration, sur 69 millions d’habitants, 4,9 millions sont des non thaïlandais – un chiffre qui a augmenté d’1,2 million en cinq ans. Les minorités les plus importantes sont originaires du Cambodge, du Laos, de Birmanie et du Vietnam. La Thaïlande compte neuf camps qui accueillent environ 93 000 réfugiés, dont la majorité sont des minorités ethniques originaires de Birmanie.

« La Thaïlande, gardienne admirable de traditions ancestrales »

Le pape François a décrit la Thaïlande comme une « gardienne admirable de traditions spirituelles et culturelles ancestrales, telle la tradition de l’hospitalité » et comme une nation multiculturelle et caractérisée par la diversité qui reconnaît, « depuis longtemps, l’importance de la construction de l’harmonie et de la coexistence pacifique entre ses nombreux groupes ethniques ». La traite des personnes, en particulier concernant la prostitution des femmes et des enfants et les emplois domestiques, est également un problème majeur en Thaïlande, signalé par le Plan d’action mondial des Nations unies pour la lutte contre la traite des personnes, qui estime que « la Thaïlande est reconnue comme une des principales destinations de trafic d’êtres humains dans la région du Mékong, ainsi qu’un pays source et un pays de transit pour le travail forcé et l’esclavage sexuel » – un problème qui implique les plus démunis et les migrants. En s’adressant aux autorités thaïlandaises, le pape François a particulièrement attiré l’attention sur les femmes et les enfants qui sont « rendus vulnérables, violentés et exposés à toute forme d’exploitation, d’esclavage, de violence et d’abus ». Le pape a également salué les efforts du gouvernement thaïlandais pour « en vue d’éliminer ce fléau, ainsi qu’à toutes les personnes ou organisations qui œuvrent inlassablement pour éradiquer ce mal et ouvrir un chemin de dignité ». « L’avenir de nos peuples dépend, dans une grande mesure, de la manière dont nous garantissons à nos enfants un avenir dans la dignité », a-t-il ajouté.

Le pape François a également évoqué la situation politique thaïlandaise, en félicitant le pays pour avoir organisé des élections générales en mars dernier, pour la première fois depuis le coup d’État militaire de 2014, mené par le Premier ministre actuel, le général Prayut Chan-o-cha. Mais le pape a surtout insisté sur la diversité ethnique, culturelle et religieuse de la Thaïlande, bien que 90 % des Thaïlandais soient bouddhistes. « Cette époque est marquée par la mondialisation, trop fréquemment considérée en termes strictement économiques et financiers et tend à effacer les notes essentielles qui configurent et génèrent la beauté ainsi que l’âme de nos peuples », a-t-il souligné. « En revanche, l’expérience concrète d’une unité, qui respecte et accueille les différences, inspire et incite tous ceux qui se soucient du genre de monde que nous souhaitons léguer aux générations à venir. » Le pape a également salué « tous les efforts de la communauté catholique, petite mais vivante, pour garder et promouvoir ces caractéristiques si spéciales des Thaïs » et leur « ferme détermination de répondre aux cris de tant de nos frères et sœurs désireux d’être libérés du joug de la pauvreté, de la violence et de l’injustice ». Le pape François a rappelé que la Thaïlande a littéralement pour nom « liberté », ajoutant que celle-ci n’est possible « que si nous sommes capables de nous sentir coresponsables les uns des autres et de surmonter toute forme d’inégalité ». Il a donc appelé à « œuvrer pour que les personnes et les communautés puissent avoir accès à l’éducation, à un travail digne, à l’assistance sanitaire et bénéficier du minimum indispensable pour subsister, ce qui rend possible un développement humain intégral ».

(Avec Ucanews, Bangkok)


CRÉDITS

Tibor Krausz / Ucanews