Eglises d'Asie

Coronavirus : la communauté chrétienne s’organise pour venir en aide aux sans-abris hongkongais

Publié le 01/04/2020




Les catholiques hongkongais cherchent le moyen de loger plusieurs centaines de personnes vivant dans la rue, alors que McDonald’s Hong-Kong a annoncé la fermeture de ses 244 restaurants de 18h à 4h du matin depuis le 25 mars. Pour beaucoup de sans-abris, qui passent leurs nuits dans les McDonald’s de la ville, ouverts habituellement 24h/24, la décision les amène à devoir trouver un autre lieu où dormir. La communauté catholique a réagi suite au refus des autorités hongkongaises de trouver une alternative pour les personnes concernées, surnommées « McRefugees » ou « McSleepers ».

Le père John Wotherspoon (à gauche) en 2018 avec des « McRefugees », lors des repas offerts tous les jeudis par son groupe MercyHK.

« Ils n’ont plus aucun lieu où passer la nuit. Je préfère trouver un lieu où ils peuvent être en sécurité », confie le père John Wotherspoon, qui aide les réfugiés nocturnes des 244 McDonald’s de Hong-Kong depuis quatre ans. Chaque nuit, de nombreux sans-abris se réfugient dans les fast-foods, ouverts jour et nuit. En 2018, une enquête rapportait qu’au moins 448 personnes dorment chaque nuit dans les restaurants de la célèbre chaîne de fast-foods. Mais depuis les mesures de confinement liées au coronavirus, la célèbre chaîne de fast-foods a fermé ses enseignes entre 18h et 4h du matin. Le père Wotherspoon estime que ces jours-ci, la plupart de ces « McRefugees » se retrouvent à la rue. ImpactHK, une agence de volontaires travaillant auprès des sans-abris hongkongais, estime que la ville compte 20 % de sans-abris en plus depuis le début de l’épidémie de coronavirus. Le 26 mars, la commission Justice et Paix du diocèse de Hong-Kong a demandé aux autorités hongkongaises d’ouvrir au moins des logements temporaires aux personnes affectées. Oscar Lai Man-lok, de la commission catholique, explique avoir écrit à cinq ministères dont les Affaires intérieures et la Sécurité sociale, en vain. Selon lui, les Affaires intérieures ont répondu qu’elles ne peuvent ouvrir des logements temporaires qu’en cas d’incendie ou de catastrophe naturelle majeure. De plus, selon l’administration hongkongaise, cela risquerait d’augmenter les risques de contagion. Le département du Travail, de son côté, a promis de suivre le problème sans préciser d’action particulière.

« Aucune loi ne définit quel département est responsable des ‘McRefugees’. Le gouvernement les ignore et continue de se renvoyer la balle entre départements », regrette Oscar Lai, qui confie avoir tenté de trouver lui-même une solution. Il explique que certains sans-abris ont loué des chambres d’hôtel modestes pour quelques jours, précisant que cela ne peut être qu’une solution temporaire. Le père Wotherspoon confie que certains d’entre eux sont âgés et fragilisés, et qu’ils pourraient facilement attraper le coronavirus en vivant dans la rue, sans toit et sans hygiène. Il ajoute qu’il connaît 70 d’entre eux, dont une femme âgée de 85 ans. « Actuellement, elle passe ses nuits sous un pont en ville. Je suis inquiet pour elle », précise le missionnaire australien, qui reconnaît que les fast-foods ne sont pas non plus l’idéal pour eux face au coronavirus : des touristes venant de l’étranger pourraient entrer en contact avec eux et les infecter. « Mais cela reste plus sûr que la rue », insiste le prêtre. Oscar Lai estime que le gouvernement a les moyens de s’occuper de ces gens, mais qu’il manque d’une politique claire. « C’est pourtant la responsabilité du gouvernement », poursuit-il. Toutefois, plusieurs groupes, paroisses et individus ont loué des chambres d’hôtels ou même ouvert leurs propres logements afin de les loger, assure-t-il. « Malgré la prospérité de notre société, beaucoup de gens dorment dans la rue », ajoute-t-il, en invitant la communauté hongkongaise à prendre conscience de leur sort et de les aider à vivre avec dignité.

(Avec Ucanews, Hong-Kong)


CRÉDITS

Ucanews