Eglises d'Asie

Barisal : Caritas Bangladesh soutien les techniques agricoles adaptées aux changements climatiques

Publié le 24/09/2020




Entre 2018 et 2020, l’agence locale de Caritas Barisal, dans le sud du Bangladesh, dans une région côtière située au bord du delta du Gange, a lancé un programme de financement afin d’aider près de 3 000 villageois à se former et adopter la technique agricole des jardins flottants. « Les jardins flottants sont très utiles pour les villageois de Barisal, quand les terres deviennent inondées durant la saison des pluies. C’est un moyen efficace d’améliorer les revenus d’un foyer modeste », confie Francis Bepari, directeur régional de Caritas Barisal. L’organisation catholique favorise d’autres techniques adaptées à travers le pays telles que la culture en sac.

Des fermiers cultivant des légumes dans des jardins flottants, un système encouragé par le gouvernement et les ONG comme alternative face aux changements climatiques.

Ramoni Halder, un villageois sans terre de la région d’Agailjhara, dans le district de Barisal, dans le sud du Bangladesh, vit principalement comme métayer et ouvrier agricole pour d’autres villageois. Cet homme hindou de 45 ans, père de deux enfants, a découvert un nouveau modèle agricole il y a environ douze ans, grâce à l’aide de Caritas. En effet, durant la saison des pluies, de juin à septembre, les villages situés sur des plaines côtières basses comme le district de Barisal se transforment en îles, rendant l’agriculture presque impossible. Mais Ramoni Halder a appris à créer des jardins flottants, qu’il cultive sur un canal à côté de chez lui, à l’aide d’herbes, de jacinthes d’eau et de tiges de riz. Chaque massif mesure environ 2 mètres de large et entre 5 et 10 mètres de long. Chaque année, durant la mousson, Ramoni prépare cinq massifs pour son jardin flottant. Il y a fait pousser différentes variétés de plantes et légumes, dont du curcuma, des courges calebasses, du gombo et des haricots asperges, non seulement pour sa famille, mais aussi pour les vendre au marché. « Caritas m’a aidé à me former et à me lancer. Je reçois aussi des graines de légumes et je suis des cours sur les différents types de fertilisants que je dois utiliser. Les jardins flottants ont amélioré les revenus de ma famille », assure-t-il. « À chaque saison, je peux générer un profit d’environ 7 000 takas [70 euros] grâce aux jardins flottants. »

Jardins flottants et potagers en sac

Plusieurs dizaines de fermiers locaux ont adopté cette technique agricole au fil des années, comme un système efficace, rentable et écoresponsable. « Les jardins flottants sont très utiles pour les villageois de Barisal, quand les terres deviennent inondées durant la saison des pluies. C’est un moyen efficace d’améliorer les revenus d’un foyer modeste », confie Francis Bepari, directeur régional de Caritas Barisal. L’agence locale de l’organisation catholique a lancé un projet afin d’encourager ce type d’agriculture flottante en 2018, avec une aide financière reçue de Caritas Australie et de Catholic Relief Services USA. Le projet a permis d’accompagner près de trois mille personnes depuis 2018, explique Francis. « Le projet est arrivé à son terme, mais nous avons senti combien c’était utile et nécessaire. Les jardins flottants peuvent aider davantage de personnes à assurer leur sécurité alimentaire, à améliorer leurs revenus et à devenir davantage autosuffisants. »

Dans le sud-ouest du pays, Caritas Khulna a également introduit une nouvelle méthode agricole innovante appelée « culture en sac », afin de lutter contre l’intrusion d’eau salée dans les cultures à proximité du golfe du Bengale. Au cours des trois dernières années, Hafiza Begum, âgée de 36 ans, une mère de cinq enfants dans le district de Khulna, a fait pousser des légumes dans 40 « potagers en sac » sur les rives du fleuve Rupsha. Les sacs sont remplis de terre et de fertilisant, et préparés comme des petites parcelles de terre agricole. « J’y cultive différents types de légumes, que nous mangeons et que nous vendons au marché. Parfois, j’en donne gratuitement à nos voisins », explique-t-elle. Son mari, qui était autrefois ouvrier dans une usine de jute à Khulna, a perdu son travail récemment quand le gouvernement a fait fermer les usines d’État dans la région. « Je remercie Caritas pour sa formation et pour les sacs, les graines et les fertilisants que nous avons reçus. Cela nous a vraiment aidés à survivre, notamment durant la pandémie. » Près de 3 500 personnes ont bénéficié du projet lancé par Caritas Khulna. « À cause de la montée de la salinité des eaux, les terres agricoles perdent de leur productivité. Les méthodes agricoles alternatives sont essentielles pour permettre aux gens de s’adapter aux changements climatiques dans les régions côtières », affirme Daud Jibon Das, directeur régional de Caritas Khulna. « Nous continuerons d’encourager la population locale à adopter ce genre de méthodes. »

Vulnérabilité aux changements climatiques

Le Bangladesh, situé sur une vaste plaine deltaïque qui se déverse dans le golfe du Bengale, est considéré comme l’un des pays les plus vulnérables au monde aux changements climatiques. Avec des catastrophes de plus en plus fréquentes comme les inondations, la montée du niveau des eaux et l’intrusion d’eau salée dans les eaux du delta, le gouvernement a également encouragé différentes formes alternatives d’agriculture. Selon le ministère de l’Agriculture, depuis 2013, le gouvernement bangladais a alloué plus d’1,6 million de dollars US pour des projets agricoles innovants comme les jardins flottants et les cultures en sac, dans plus de 50 sites à travers le pays. « Dans les régions côtières, à cause des problèmes de salinité, il est presque impossible de faire pousser les cultures normalement. Les nouvelles méthodes agricoles permettent de soulager les habitants de la région. Le gouvernement les soutient depuis des années », assure Enamul Islam, un représentant du ministère de l’Agriculture dans le district de Satkhira. « Le gouvernement s’efforce d’encourager l’agriculture adaptée en collaborant avec les ONG, afin d’aider les fermiers à se former et à se procurer des graines et des fertilisants. »

(Avec Ucanews, Barisal)


CRÉDITS

UNB