Eglises d'Asie

Peshawar : les chrétiens pakistanais protestent contre la nationalisation d’une ancienne école missionnaire

Publié le 16/06/2021




Le 11 juin, Mgr Humphrey Peters, évêque anglican de Peshawar, dans le nord du Pakistan, a organisé une conférence de presse afin de dénoncer une décision de la Cour suprême dans le cadre d’une bataille juridique pour le contrôle de l’Edwardes College. La gestion de l’établissement, institution emblématique de l’Église du Pakistan et plus ancienne école de Peshawar, doit être confiée à la province de Khyber Pakhtunkhwa. Le verdict est rejeté par les communautés chrétiennes qui « ne voient pas leur droit constitutionnel protégé et voient la justice bafouée ».

L’Edwardes College, un établissement privé emblématique de Peshawar, a été géré par l’Église du Pakistan (anglicane) depuis plus de 160 ans.

Le 11 juin, plusieurs évêques, pasteurs et militants protestants pakistanais ont manifesté en plein soleil le long d’une route de Peshawar, dans le nord du Pakistan, afin de dénoncer le gouvernement qui a confié à l’État la gestion de l’Edwardes College, dans le cadre d’une bataille juridique en cours pour le contrôle de l’institut. L’école, établissement privé et institution éducative emblématique de l’Église du Pakistan (anglicane), a été gérée par l’Église anglicane pakistanaise depuis plus de 160 ans. Le 3 juin, les chrétiens de Peshawar ont protesté contre le verdict de la Cour suprême du pays majoritairement musulman, qui a demandé à l’Église du Pakistan de remettre la gestion de l’établissement – la plus vieille institution éducative de la province de Khyber Pakhtunkhwa – au gouvernement local. « Par cette décision, le parti au pouvoir, Pakistan Tehreek-e-Insaf, a commis un acte haineux envers l’Église », a protesté Mgr Humphrey Peters, évêque anglican de Peshawar, lors d’une conférence de presse organisée le 11 mai. La nationalisation de l’Edwardes College est « une injustice pour les chrétiens pakistanais et une violation des droits constitutionnels accordés aux minorités religieuses », a poursuivi l’évêque.

« La nationalisation ruine les institutions »

« Le collège doit être rendu à ses véritables propriétaires », a demandé l’évêque, en appelant la communauté chrétienne à organiser des conférences de presse dans toutes les principales villes du pays, afin de partager la demande de l’Église du Pakistan. « Notre lutte continuera au Pakistan et à l’étranger », a-t-il assuré. Certaines personnalités politiques ont également soutenu l’évêque anglican. « Il est contraire aux enseignements islamiques d’occuper le collège et de l’écarter de sa communauté. Nous demandons au chef de l’armée d’intervenir. La nationalisation ruine les institutions », a réagi Allam Krarwi, responsable du parti politico-religieux Tehreek Tahafuz Haqooq Jafaria, cité par les médias locaux. La Church Missionary Society, un ensemble de groupes évangéliques dépendant de la Communion anglicane et protestante, a fondé l’Edwardes College en 1853. Mais l’école a fait l’objet d’une controverse après le départ des missionnaires américains en 2014, quand un brigadier chrétien a été nommé comme premier principal pakistanais de l’établissement. La nomination du nouveau directeur a été contredite en justice auprès de la Haute Cour de Peshawar. Le gouvernement local de la province de Khyber Pakhtunkhwa a ensuite saisi la gestion du collège en 2019 via une action administrative validée par la Haute Cour.

Le Premier ministre pakistanais Zulfikar Ali Bhutto, au pouvoir de 1971 à 1977, a nationalisé l’éducation dans le pays en 1972 en demandant le contrôle par l’État de toutes les institutions éducatives pakistanaises. Toutefois, en 2004, le président Pervez Musharraf a ordonné une privatisation conditionnelle des établissements liés aux minorités. Mais au moins la moitié des écoles missionnaires nationalisées n’ont pas été rendues aux chrétiens, selon un rapport du Centre pour la Justice Sociale (CSJ), un groupe de défense des minorités basé à Lahore. Selon le rapport du CSJ, certaines Églises chrétiennes au Pakistan manquent également de moyens pour reprendre la gestion des écoles.

(Avec Ucanews)

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