Eglises d'Asie

Un mouvement chrétien appelle à défendre les droits des Tamouls lors des commémorations du « Juillet noir » de 1983

Publié le 24/07/2021




Le 20 juillet à Colombo, au Centre Maradana pour la Société et la Religion, le mouvement Christian Solidarity a organisé une rencontre dans le cadre d’une campagne de sensibilisation pour la réconciliation au Sri Lanka. L’événement s’inscrit dans les commémorations du « Juillet noir » (Black July) de 1983, une vague de violence anti-tamouls qui a déclenché une longue guerre civile (qui a pris fin en 2009). Pour le moine bouddhiste Udawala Nanda Thero, qui participait à la rencontre, « les raisons véritables qui ont conduit à cette tragédie n’ont pas encore été examinées ».

Des cueilleuses de thé tamoules de la province centrale du Sri Lanka (juillet 2006).

Fin juillet 1983, il y a 38 ans, une terrible vague de violences anti-tamouls a éclaté au Sri Lanka, entraînant une guerre civile longue et sanglante qui a duré jusqu’en 2009. Depuis, le mois de « Juillet noir » (Black July) a laissé de profondes blessures dans le pays. Afin de marquer le 38e anniversaire des massacres anti-tamouls et des émeutes du « Black July », qui ont eu lieu entre le 24 et le 30 juillet 1983, le mouvement local Christian Solidarity a lancé une campagne de sensibilisation afin de dépasser les tensions ethniques qui persistent au Sri Lanka, douze ans après la fin de la guerre. Le principal événement de la campagne a été organisé ce mardi 20 juillet au Centre Maradana pour la Société et la Religion. Un moine bouddhiste, Udawala Nanda Thero, y était invité en tant que principal intervenant. « Les raisons véritables qui ont conduit à cette tragédie n’ont pas encore été examinées. Des lois ont été votées, mais il n’y a pas eu de solutions réalistes », a-t-il souligné durant la rencontre. Pour lui, « nous devons nous demander sincèrement vers quoi nous nous dirigeons ». « Dans la société sri-lankaise d’aujourd’hui, suivons-nous vraiment les exemples montrés par Desmond Tutu ou Martin Luther King ? Non, nous ne faisons que défendre une idéologie qui divise et sépare les minorités de la majorité. Nous devrions plutôt chercher un langage commun afin d’aider les Tamouls, les Cingalais et les musulmans à vivre ensemble dès l’enfance. »

« Les Tamouls n’ont pas encore été impliqués dans le processus de développement »

Le P. Marimuttu Sathivel, un prêtre anglican de l’ethnie tamoule, a également participé à la rencontre du 20 juillet. « En 2003, la citoyenneté a été accordée à des personnes d’origine indienne, mais pas à ceux qui se sont réfugiés en Inde à cause de la guerre », a-t-il confié. Actuellement, a-t-il poursuivi, « il y a encore 107 camps de réfugiés dans plusieurs régions de l’Inde, et 58 000 personnes qui n’ont toujours pas été reconnues comme des citoyens de leur propre pays. C’est un héritage du Juillet noir de 1983 ». Pour le P. Sathivel, « les Tamouls n’ont pas encore été impliqués dans le processus de développement économique de ce pays. C’est pourquoi aujourd’hui, il y a encore 146 000 ouvriers dans les plantations des collines, et trois à quatre fois plus de jeunes qui travaillent à Colombo comme domestiques ou ouvriers dans les usines, sans aucune forme de protection ». Par ailleurs, a-t-il ajouté, « le racisme continue de se propager. Nous voulons juste défendre le droit de vivre sur cette terre en sécurité ». À l’issue de la rencontre organisée par le mouvement Christian Solidarity, les participants ont lancé une manifestation symbolique au Lipton Circus de Colombo, en appelant à « protéger les droits collectifs des minorités », au Sri Lanka.

(Avec Asianews)

Crédit : Jolle~commonswiki / CC BY-SA 3.0