Eglises d'Asie

Le diocèse de Daejeon accompagne les travailleurs migrants malgré la crise

Publié le 22/09/2021




Le groupe Moyse Cheonan, un service de la pastorale des migrants du diocèse de Daejeon, dans le centre de la Corée du Sud, accompagne les travailleurs étrangers présents dans le pays depuis 2003. Près de 5 millions de travailleurs migrants étaient en effet en Corée du Sud en 2019, sur une population de plus de 51 millions d’habitants. Parmi eux, on compte une majorité de migrants philippins, vietnamiens et est-timorais. Face à la crise sanitaire, même si les services auprès des communautés locales ont été fortement affectés, le diocèse s’efforce de maintenir les visites pastorales.

Un prêtre catholique bénit des migrants catholiques philippins dans une église sud-coréenne, le jour de leur anniversaire.

La première visite d’Emiliano Pajardo en Corée du Sud, en 2003, a bouleversé toute sa vie. Cet homme catholique philippin, âgé de 47 ans, est arrivé en Corée pour travailler comme apprenti. Il y a découvert une population de migrants philippins grandissante dans le pays d’Asie de l’Est. De retour aux Philippines, il a étudié la théologie de la migration à l’université jésuite Ateneo de Manille, avant de revenir en Corée en 2008 pour y travailler comme missionnaire laïc auprès de la communauté des migrants philippins. Aujourd’hui, Emiliano Pajardo offre des services pastoraux et spirituels à plusieurs centaines de migrants philippins dans le cadre du groupe Moyse Cheonan – un ministère pastoral du diocèse de Daejeon, dans le centre du pays. Le groupe accompagne les communautés de migrants originaires de plusieurs pays dont les Philippines, le Vietnam et le Timor Leste. Chaque semaine, il rend visite aux communautés catholiques philippines de Cheonan, Hongseong, Seosan, Dangjin et Sinhapdeok, afin d’aider les prêtres à préparer les messes et autres services de la pastorale.

« Pour les migrants en Corée, c’est souvent délicat de parler ouvertement »

« Autrefois, on célébrait surtout les messes en anglais, surtout dans les régions urbaines comme Daejeon et Cheonan. Depuis 2017, nous visitons chaque région et nous proposons des célébrations en tagalog », explique Emiliano Pajardo, cité par le journal Catholic Times of Korea. Chaque semaine, deux prêtres missionnaires philippins de la Société missionnaire de Saint-Colomban et de la Société du Verbe Divin visitent cinq communautés de migrants philippins dans le diocèse de Daejeon. Ils célèbrent la messe et offrent leurs conseils sur diverses problématiques, notamment concernant la vie de famille et le travail. Ils proposent aussi le sacrement de la réconciliation et facilitent l’accès aux soins médicaux si nécessaire. Emiliano Pajardo souligne que les travailleurs migrants ont souvent besoin d’aide, parce qu’ils ne parlent pas facilement de leurs problèmes autour d’eux. « Durant la messe à la cathédrale de Hongseong, la semaine dernière, une femme philippine pleurait sans cesse. J’ai consulté le responsable de la communauté, puis j’ai écouté cette femme me raconter ses histoires difficiles et douloureuses, en essayant de la consoler. En fait, c’est souvent délicat pour les migrants en Corée de parler ouvertement », ajoute-t-il.

Comme les prêtres coréens ne peuvent célébrer auprès des migrants qu’en Coréen ou en anglais, le groupe Moyse Cheonan a assigné des prêtres missionnaires auprès d’eux pour pouvoir communiquer avec les migrants dans leur langue natale, et les aider à faire face aux difficultés. Le père Park Chan-in, responsable de Moyse Cheonan depuis 2017, explique qu’il prête une attention particulière aux besoins des migrants et qu’il reconnaît l’importance de pouvoir communiquer avec eux dans leur propre langue. Moyse Cheonan a également signé des accords avec plusieurs congrégations religieuses aux Philippines, au Vietnam et au Timor Leste au nom de son diocèse, afin de montrer toute sa sincérité dans l’aide caritative auprès des migrants. Cependant, les restrictions sanitaires liées au Covid-19 ont fortement affecté la pastorale auprès des migrants, entraînant l’interruption des célébrations publiques, des rassemblements et autres événements. Mais depuis, ces services ont repris peu à peu, permettant la participation d’un petit nombre de personnes au cours des dernières semaines.

La pastorale des migrants à l’épreuve du Covid-19

Sœur Asumpta, de la congrégation des Sœurs du Cœur Immaculé de Marie de Mirinae, travaille auprès des migrants vietnamiens. La religieuse explique que la pandémie a causé de nombreux problèmes. « Je ne peux rencontrer les fidèles que pendant un court instant durant la messe dominicale, donc c’est difficile d’écouter leurs histoires et de les aider », confie sœur Asumpta. Sœur Nguyen Thi Yen Ni, de son côté, également engagée auprès des migrants vietnamiens, partage ces inquiétudes. « C’est difficile de rencontrer des croyants à cause du Covid-19, donc je les contacte surtout par téléphone », ajoute-t-elle. Le père Park Chan-in estime qu’avec la crise sanitaire, l’Église doit adopter une nouvelle approche et un changement de paradigme concernant la pastorale des migrants. Il ajoute cependant que les visites pastorales restent nécessaires afin de développer des relations étroites entre les pasteurs et les fidèles, et pour le bien des communautés.

Le prêtre souligne que le groupe Moyse Cheonan a réorganisé ses services et activités autour de trois domaines majeurs, couvrant la liturgie et la vie sacramentelle dont la messe dominicale, les activités sociales et communautaires centrées sur le partage et la convivialité, et les activités religieuses destinées à approfondir la maturité spirituelle des fidèles. Les services sociaux offerts aux migrants couvrent aussi bien les non croyants que les croyants, afin de soutenir leurs familles multiculturelles et leur travail, et de les accompagner dans les domaines du travail, des soins, de l’éducation et autres services d’urgence. Une aide leur est également proposée concernant des services d’interprétation et de traduction. La pastorale des migrants du diocèse de Daejeon couvre cinq communautés de Philippins et de Vietnamiens, ainsi qu’une communauté de migrants est-timorais. Par ailleurs, la pastorale est également au service de migrants venus du Kenya, des États-Unis et de Mongolie. Les communautés de migrants peuvent participer à des messes de semaine ou dominicales dans leurs langues respectives et en anglais.

2,5 millions de travailleurs migrants en 2019

Le service fonctionne avec la coopération active de sept prêtres – deux Coréens, deux Philippins, deux Vietnamiens et un Timorais. Cinq religieuses – deux Coréennes, deux Vietnamiennes et une Birmane – jouent également un rôle essentiel. Le nom « Moyse Cheonan » évoque la vie et l’œuvre du prophète Moïse, qui a conduit le peuple d’Israël hors de son exil en Égypte et vers la Terre Promise. Le groupe a été lancé en août 2003, quand le diocèse de Daejeon a établi le Bureau de la pastorale pour les travailleurs migrants (en janvier 2003) et le Centre Daejon Moyse pour la pastorale des migrants (en mars 2003). L’Église coréenne considère ces services aux migrants comme une priorité pastorale, le pays comptant de nombreux travailleurs étrangers. Près de 2,5 millions de travailleurs migrants étaient en Corée du Sud en 2019, sur une population de plus de 51 millions d’habitants (selon les chiffres du gouvernement). Près de 56 % des Sud-Coréens se disent sans religion ; 20 % sont protestants, 8 % sont catholiques et 15,5 % sont bouddhistes. Sur environ 5,6 millions de catholiques, on compte trois archidiocèses, quatorze diocèses et un ordinariat militaire.

(Avec Ucanews / Catholic Times of Korea)


CRÉDITS

Moyse Cheonan / Ucanews