Eglises d'Asie

Deux prêtres de Manille protestent contre des mesures incohérentes durant le week-end de la Toussaint

Publié le 27/10/2021




Du 29 octobre au 3 novembre, alors que les autorités ont interdit les visites aux cimetières, les fidèles de Manille devront encore célébrer les fêtes de la Toussaint et des Défunts de manière inhabituelle. Cependant, ils ont réagi face à des mesures qualifiées d’incohérentes, alors qu’une plage artificielle a été ouverte au public. Le père Villanueva, directeur du centre Arnold Janssen Kalinga, qui nourrit les sans-abri dans la capitale, dénonce la pratique du « deux poids, deux mesures » : « On encourage les gens à visiter une plage, mais on leur interdit de visiter les tombes de leurs proches. »

Des Philippins rassemblés sur une plage de la baie de Manille, en septembre 2020.

Les catholiques philippins protestent contre une décision autorisant les habitants d’accéder à une plage artificielle de Manille, tout en empêchant les chrétiens de célébrer les fêtes de la Toussaint et des Défunts, durant le week-end du 29 octobre au 3 novembre. Le père Aris Sison, de la paroisse Saint-Jean-Paul II dans la ville de Quezon, et le père Flavie Villanueva, de la congrégation du Verbe Divin, ont réagi en soulignant que les mesures prises par les autorités, permettant à plusieurs milliers d’habitants de visiter la plage Dolomite de la baie de Manille durant le week-end, contredisent les mesures de distanciation physiques fixées par le gouvernement. Plus de 4 000 personnes ont déjà visité la plage artificielle, selon les autorités locales. Les deux prêtres ont demandé pourquoi cela a été autorisé alors que les fêtes religieuses de début novembre ont été interdites, alors que de nombreux habitants visitent habituellement les cimetières du pays à cette occasion. Pour le père Sison, le gouvernement doit au moins se montrer cohérent dans les prises de décision concernant les rassemblements publics. « Ces décisions sont vraiment très incohérentes, c’est le moins qu’on puisse dire », a commenté le prêtre, interrogé le 25 octobre par TeleRadyo, en allant presque jusqu’à accuser le gouvernement d’hypocrisie. « Le gouvernement aurait pu autoriser un nombre limité de visiteurs dans les cimetières, plutôt que de permettre à plusieurs milliers de personnes d’aller sur la plage Dolomite », a-t-il ajouté.

« Qu’est-ce qui est le plus important ? Les visites aux défunts ou une fausse plage ? »

Le père Sison explique qu’il ne comprend pas pourquoi le gouvernement a interdit les commémorations traditionnelles des fidèles défunts, tout en autorisant des événements susceptibles d’accélérer les contaminations, comme une journée à la plage. « Qu’est-ce qui est le plus important ? Notre longue tradition de visites à nos proches défunts, ou la visite d’une fausse plage ? » le père Flavie Villanueva, directeur du centre Arnold Janssen Kalinga, une fondation qui nourrit les sans-abri de Manille, dénonce également cette pratique du « deux poids, deux mesures » appliquée par le gouvernement. « On encourage les gens à visiter une plage, mais on leur interdit de visiter les tombes de leurs proches », a protesté le prêtre, critique farouche du président Rodrigo Duterte, sur Facebook. Le gouvernement, tout en reconnaissant avoir autorisé l’ouverture de la plage, a expliqué ne pas s’attendre à un nombre si important de visiteurs. « Les foules peuvent être un facteur aggravant pour la propagation du virus. Nous appelons tout le monde à la prudence », a souligné le Dr Maria Rosario Vergeire, porte-parole du département de la Santé. Harry Roque, porte-parole du président Duterte, a également recommandé d’éviter les lieux bondés. « Il y a toujours une pandémie. Les mineurs ne sont autorisés à l’extérieur qu’en cas d’absolue nécessité, et ils doivent donc éviter les plages. »

(Avec Ucanews