Eglises d'Asie

Une évolution stagnante des niveaux de corruption dans la région Asie-Pacifique selon un rapport annuel

Publié le 27/01/2022




Selon son rapport annuel publié le 25 janvier, l’organisation Transparency International note une stagnation des niveaux de corruption dans le monde et des atteintes aux droits de l’homme et une régression démocratique dans 27 pays – dont les Philippines et la Thaïlande. En Asie-Pacifique, 77 % des pays ont décliné ou ont fait peu de progrès au cours des dix dernières années. L’organisation alerte notamment sur le cas de l’Inde : « Bien que le score du pays soit resté stable au cours de la dernière décennie, certains mécanismes prévus pour freiner la corruption s’affaiblissent. »

Un chauffeur de « rickshaw ». Selon Transparency International, les mécanismes qui pourraient freiner la corruption s’affaiblissent en Inde.

En 2021, l’Indice de perception de la corruption (IPC) est resté presque inchangé dans les pays de la région Asie-Pacifique, avec la Nouvelle Zélande, Singapour et Hong-Kong parmi les pays qui s’en sont le mieux sorti, et le Cambodge, l’Afghanistan et la Corée du Nord en bas de classement. L’organisation Transparency International (TI) souligne un manque de progrès en matière de « grande corruption » et un manque de libertés dans la région.

Les pays d’Asie-Pacifique ont pourtant entrepris de réelles avancées en matière de contrôle des pots-de-vin au sein des services publics. Mais Transparency International note un IPC moyen de 45 (un score sur 100, selon le niveau de corruption perçu dans le secteur public), ce qui indique que davantage d’efforts devraient être faits pour résoudre les problèmes de corruption dans la région. « Même certains pays détenant un score plus élevé font face à un déclin, avec un échec de leurs gouvernements concernant le contrôle de la grande corruption, la défense des droits et la consultation des citoyens », souligne TI dans son rapport annuel.

Les pays les plus peuplés particulièrement concernés

Sur les 180 pays classés par l’organisation, certains des plus faibles niveaux sont enregistrés parmi les nations les plus peuplées. Ainsi, la Chine et l’Inde sont classées respectivement en 66e et 85e position, et l’Indonésie, le Pakistan et le Bangladesh suivent en 96e, 140e et 147e position. « Cette tendance inquiétante, notable dans certains de ces pays, constitue un affaiblissement des institutions anticorruption, et se trouve liée, dans certains cas, à l’absence d’agences chargées de coordonner les actions contre la corruption. »

TI ajoute que seuls quelques pays sont parvenus à progresser en matière de contrôle de la corruption, avec des évolutions positives qui restent fragiles. « De plus, dans la plupart des pays, la corruption gagne du terrain avec certaines restrictions sévères sur les libertés civiles – comme la liberté d’association ou d’expression – permettant aux gens de manifester dans la rue ou d’appeler à agir. »

Selon l’organisation, le cas de l’Inde est particulièrement inquiétant. « Bien que le score du pays soit resté stagnant au cours de la dernière décennie, certains mécanismes prévus pour freiner la corruption s’affaiblissent. » Par ailleurs, selon IT, l’inertie persiste dans les pays du Mékong – Thaïlande, Laos, Vietnam et Cambodge –, tandis que la situation demeure fragile en Afghanistan et en Corée du Nord, avec un manque d’infrastructures institutionnelles essentielles.

La pandémie parfois utilisée pour réprimer les critiques

Le Cambodge, de son côté, a gagné deux places en un an et se trouve classé 157e, au même niveau que l’Irak, tandis que la Nouvelle Zélande est en tête ex-aequo avec le Danemark et la Finlande. Singapour est quatrième avec la Norvège. Plus surprenant peut-être, le niveau de la Birmanie est resté inchangé (140e) malgré le coup d’État militaire qui a chassé un gouvernement élu en février l’an dernier. Par ailleurs, Hong-Kong est classé 12e, devant l’Australie et de nombreux pays européens, malgré les problèmes et les répressions du gouvernement vécus au cours des dernières années.

TI estime que même si les lanceurs d’alerte, les journalistes et un public vigilant peuvent contribuer à protéger les fonds contre la corruption, le Covid-19 a également parfois été utilisé comme excuse pour réprimer les critiques. L’organisation cite notamment le Bangladesh, le Pakistan et Singapour parmi « quelques pays » qui ont renforcé la surveillance digitale afin de faire taire ceux qui ont tenté de s’opposer aux autorités durant la pandémie. « En plus d’une mobilisation massive des personnels soignants dans la région, les gouvernements asiatiques ont répondu à la pandémie en lançant quelques-uns des plus grands plans de relance économique au monde », reconnaît TI. « Mais de telles réponses menées à large échelle, lancées sans véritables freins et contrepoids, mènent inévitablement à la corruption. »

(Avec Ucanews)