Eglises d'Asie

Un couple mixte indonésien témoigne lors de la 10e Rencontre mondiale des familles

Publié le 28/06/2022




Le 22 juin à l’occasion de la 10e Rencontre mondiale des familles, organisée au Vatican, un couple mixte indonésien a participé au « festival des familles » au sein d’une délégation indonésienne, en décrivant leur parcours dans un pays tel que l’Indonésie, qui interdit officiellement les unions entre personnes de différentes religions. Taufiq Hidayat, musulman, et Agnès Sandra Wigianti, catholique, ont témoigné de leur expérience, particulièrement dans le contexte de la société indonésienne et des résistances de leurs familles d’origine.

Agnès et Taufiq, un couple mixte indonésien, ont témoigné le 22 juin à Rome lors de la 10e Rencontre mondiale des familles.

Agnès Sandra Wigianti, une catholique indonésienne, est mariée depuis près de vingt ans à Taufiq Hidayat, musulman ; tous deux ont témoigné de leur mariage mixte à l’occasion de la 10e Rencontre mondiale des familles, qui a eu lieu au Vatican le 22 juin dernier. Ils se sont envolés pour Rome au sein d’une délégation indonésienne depuis Jakarta, afin de décrire leur expérience sur la question des différences religieuses entre époux, particulièrement dans le contexte de la société indonésienne et des résistances de leurs familles d’origine. Taufik, ingénieur, vient d’une famille musulmane, tandis qu’Agnès, mère au foyer, est catholique depuis la naissance. Leurs deux enfants, âgés de 20 et 16 ans, ont été élevés dans la foi chrétienne.

L’histoire de cette famille indonésienne semble au début celle d’un couple marié ordinaire : présentés par des amis mutuels, ils se sont aimés immédiatement. « Quand j’ai rencontré ma femme pour la première fois, j’ai su tout de suite que je voulais la connaître davantage ; je savais qu’elle était chrétienne mais cela m’était égal qu’elle soit d’une autre religion », explique Taufiq. Toutefois, quand ils ont voulu se marier, ils ont été confrontés à un problème : les mariages mixtes sont officiellement interdits en Indonésie, et l’un des deux doit renoncer à sa religion. « Ma femme a décidé de se convertir à l’islam, et ma famille a donc accepté notre mariage », poursuit-il. « Sinon, nous n’aurions pas pu nous marier. Donc d’après notre expérience, dès le début, notre culture n’a pas pleinement accepté notre mariage. »

« Nous avons toujours parlé ouvertement de nos différences »

Une fois marié, le couple s’est installé à Jakarta, loin de leurs familles d’origine. « Au bout de trois ans de mariage, et après la naissance de notre second enfant, Agnès m’a dit qu’elle ne voulait plus être musulmane et qu’elle voulait redevenir catholique. » Ce moment de vérité a entraîné de profonds changements dans leur vie de couple. « J’ai accepté son choix et j’ai ensuite décidé de l’accompagner à l’église », ajoute-t-il. Taufiq a également accepté d’éduquer ses enfants selon les valeurs chrétiennes, et de les envoyer dans des écoles catholiques. « J’ai toujours apprécié la mission d’éducation des écoles chrétiennes », assure-t-il. « Mes enfants sont devenus ouverts d’esprit ; de notre côté, nous avons toujours parlé ouvertement de nos différences. »

À la Rencontre mondiale des familles, Taufiq et Agnès ont parlé de leur réalité quotidienne, en témoignant de la possibilité de vivre dans une famille mixte comme la leur. « Je me suis mariée avec lui à cause de sa personnalité et non à cause de sa foi », confie Agnès. « Je suis très heureux de partager notre expérience personnelle, même si c’est un sujet très sensible, particulièrement dans notre pays », ajoute Taufiq. « Toutefois, au cours des dernières années, les mariages entre personnes de différentes religions ont également augmenté en Indonésie [malgré le fait que la loi ne l’autorise pas officiellement]. »

Tous les dimanches, la famille se rend ensemble à la messe, mais Taufiq n’a pas renoncé à sa religion et il continue de respecter sa culture et sa famille d’origine, en pratiquant et en marquant les grandes fêtes comme le temps du Ramadan. Le couple évoque malgré tout des difficultés qui demeurent, comme la méfiance des voisins et la résistance de la famille de Taufiq. « Nous avions besoin d’une communauté qui puisse nous soutenir et à laquelle nous pouvions appartenir, donc depuis quelque temps, nous sommes entrés dans un groupe qui rassemble des couples mixtes tous les week-ends. » Pour eux, la clé d’une vie paisible est dans le respect et la compréhension mutuelle. « Je ne regarde jamais le type de croyances religieuses, mais ce qu’elles produisent chez les gens. Quand je vois ma femme, avec sa piété et sa belle personnalité, c’est quelque chose de très positif pour moi et nos enfants. »

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Asianews