Eglises d'Asie

Le Pakistan exposé à une insécurité alimentaire aggravée durant les prochains mois

Publié le 01/06/2023




L’insécurité alimentaire risque de s’aggraver durant les prochains mois dans 22 pays, dont la plupart sont affectés par des conflits, selon un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM). Parmi eux, le Pakistan est particulièrement affecté à cause de l’instabilité politique, de la crise économique et des inondations dévastatrices de l’été dernier – quand près d’un tiers du territoire s’est retrouvé sous les eaux.

Des femmes pakistanaises travaillant dans un champ à Jhelum, dans le nord du Pendjab (juillet 2020).

Le Pakistan souffre d’insécurité alimentaire comme un pays en guerre, à cause de l’instabilité politique, de la crise économique et des inondations dévastatrices de l’an dernier – dont le pays ne s’est pas encore complètement relevé. Dans leur dernier rapport, publié le 30 mai, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) notent que l’insécurité alimentaire devrait s’aggraver durant les prochains mois dans 22 pays, dont la plupart sont affectés par des conflits.

La situation touche particulièrement le Burkina Faso, Haïti, le Mali, le Soudan et le Soudan du Sud, l’Afghanistan, le Nigeria, la Somalie et le Yémen. Non loin derrière se trouvent la République centrafricaine, le Congo, l’Éthiopie, le Kenya, la Syrie et la Birmanie – qui a subi un coup d’État militaire en février 2021. Dans tous ces pays, les habitants sont exposés à l’insécurité alimentaire et leurs conditions devraient empirer à cause de leur situation politique, économique et environnementale.

L’insécurité alimentaire est mesurée selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un ensemble d’outils d’analyse et de processus permettant d’analyser et de classifier la gravité de la situation suivant des normes scientifiques internationales. On compte cinq phases différentes, d’une sécurité alimentaire générale et modérée à une phase sévère, puis urgente et enfin une situation de famine.

2,6 millions de Pakistanais souffrent d’insécurité alimentaire urgente selon l’ONU

Selon les données collectées par les Nations unies dans trois des quatre provinces du Pakistan entre septembre et décembre 2022, près de 6 millions de Pakistanais souffrent d’insécurité alimentaire sévère et 2,6 millions sont considérés comme en situation d’urgence (pour une population de plus de 230 millions d’habitants). L’ONU estime que la situation risque de s’aggraver d’ici fin 2023 à cause des troubles que traverse le pays, qui affectent le pouvoir d’achat de nombreuses familles et qui réduisent leur budget alimentaire.

Entre avril 2023 et juin 2026, le Pakistan est censé rembourser une dette extérieure de 77,5 milliards de dollars US, une somme colossale étant donné que le PIB du pays était de 350 milliards de dollars en 2021. À ce jour, l’instabilité politique du pays a empêché le FMI et les pays partenaires d’accepter de nouveaux crédits.

Actuellement, le Pakistan subit une confrontation ouverte entre un gouvernement soutenu par l’armée et le camp de l’ancien Premier ministre Imran Khan, dont l’arrestation le mois dernier a suscité des manifestations violentes à travers le pays. Les tensions risquent d’augmenter d’ici les élections d’octobre prochain, tandis que l’insécurité due à la menace terroriste s’est déjà aggravée dans certaines régions.

L’inflation alimentaire a atteint 35 % en décembre 2022

Par ailleurs, 15,3 millions d’habitants sont également menacés d’insécurité alimentaire sévère entre mai et octobre 2023 en Afghanistan, et près de 2,8 millions d’Afghans sont menacés d’insécurité alimentaire urgente, à cause du retrait du soutien financier international qui a plongé le pays d’Asie centrale dans une grave crise économique après le retour des Talibans au pouvoir en août 2021.

Au Pakistan, les réserves de change appauvries et la dépréciation de la monnaie réduisent la capacité du pays à importer de la nourriture et augmentent l’inflation, forçant le gouvernement à imposer des coupures énergétiques. L’inflation alimentaire est passée de 8,3 % en octobre 2021 à 15,3 % en mars 2022, puis à 31,7 % en septembre 2022 et 35 % en décembre 2022. Pour les travailleurs journaliers, qui gagnent 2 dollars par jour en moyenne, cela représente une perte de 30 % de leur pouvoir d’achat.

La situation actuelle est due en grande partie aux conséquences des inondations de l’été dernier, qui ont couvert près d’un tiers du territoire du pays. Plus de 11 millions de têtes de bétail ont péri dans la catastrophe et plus de 3,8 millions d’hectares de cultures (près de 80 % des terres cultivables dans le pays) ont été détruits dans les provinces de Sindh et du Baloutchistan – qui étaient déjà affectées par l’insécurité alimentaire. Selon la Banque mondiale, la production alimentaire en Asie du Sud a été affectée par des pluies de moussons plus importantes que la normale dans certaines régions, et par des précipitations plus faibles que la normale dans d’autres régions.

(Avec Asianews)