La réputation d’une université jésuite entachée par de graves irrégularités

Le scandale concerne un certain professeur Kim, chargé du bureau des admissions pour les examens d’entrée de juillet dernier, et un de ses collègues, un certain professeur Lim. Kim a demandé à Lim d’insérer dans les tests d’anglais de l’examen d’entrée certaines questions précises qu’il avait lui-même préparées par écrit. Le fils de Kim fut le seul étudiant sur 2 600 candidats à obtenir la note maximale. En septembre dernier, le site Internet du Syndicat des enseignants coréens et du personnel de l’Education nationale a dévoilé l’affaire et le scandale a pris à partir de là une certaine ampleur. Le ministère de l’Education est intervenu, a accusé les deux professeurs de malversations en janvier et, le 16 février, les enquêteurs ont découvert les preuves de la fraude dans les bureaux des deux professeurs incriminés. L’un et l’autre ont été arrêtés le 25 février. Le fils du professeur Kim a été radié de la liste des étudiants de Sogang.

Le 25 février, le Dong-A Ilbo, quotidien d’audience nationale, a publié la tribune libre d’un professeur d’histoire renommé, le professeur Kang Gyu-hyeong, où l’on pouvait lire : « Ce scandale, survenu dans une université réputée pour sa transparence, nous rappelle la nécessité d’épurer les universités de ce genre de fraudes. » Un des responsables de Sogang, le P. Je Byong-young, un prêtre jésuite, a déclaré le 2 mars que cette fraude n’était le fait que de deux professeurs et non de l’université toute entière : « Les responsables de l’université et l’ensemble des professeurs avaient confiance dans le professeur Kim, qui a clamé son innocence jusqu’à ce que les preuves de la fraude le confondent. Nous avons été trompés. »

Dans le même temps, l’Association des enseignants de l’université Sogang a mis en cause la compétence de la direction de l’université, estimant que les jésuites avaient perdu leur leadership moral sur l’université du fait de cette affaire. Il semble que l’incident a mis à jour un certain malaise existant au sein du corps professoral de Sogang depuis la mise à pied d’un précédent président en 1999, contesté pour ses méthodes de gestion financière (1). Le président de l’Association, le professeur Chung Yo-il, a demandé que le nombre des laïcs soit accru au sein du Conseil d’administration de l’université, qui compte à ce jour sept jésuites et quatre laïcs. Parmi les élèves et les anciens élèves de l’université, les avis sont partagés quant à l’opportunité de la démission du P. Peter Ryu Jang-son. Certains estiment qu’il a bien fait d’endosser la responsabilité de l’incident en se retirant et d’autres disent que le type de fraude commis à Sogang cette année se retrouve dans un grand nombre d’autres institutions d’enseignement supérieur.

L’université Sogang est une université importante. Elle a été fondée par la Conférence des évêques catholiques de Corée qui présentèrent une demande au pape Pie XII pour l’établissement d’un institut catholique d’enseignement supérieur en Corée du Sud. La Société de Jésus fut sollicitée et, en février 1960, les jésuites inauguraient l’université Sogang. Elle compte aujourd’hui 8 000 étudiants – une taille moyenne pour une université en Corée. Son rayonnement est important, notamment dans les domaines de la recherche scientifique (2).