Eglises d'Asie

Andhra Pradesh : pour lutter contre le travail des enfants, un diocèse catholique fait campagne pour la scolarisation

Publié le 25/10/2010




Bien qu’elle soit signataire de la Convention internationale des droits de l’enfants (CIDE) ainsi que de nombreux programmes visant à éliminer l’exploitation infantile (1), l’Inde demeure l’un des plus importants viviers d’enfants travailleurs du monde, y compris dans ses formes les plus graves comme la prostitution, l’esclavage domestique et l’exploitation dans les mines.

Parmi les Etats de l’Union indienne dont la pauvreté et la faiblesse des infrastructures rendent difficiles l’application des lois de protection des enfants, l’Andhra Pradesh est particulièrement touché par le fléau de l’exploitation infantile.

 

Dans le diocèse catholique de Kurnool (Karnoul) vient d’être lancée une campagne d’information à propos du Right to Education Act, loi votée en avril dernier instituant l’école gratuite et obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 14 ans. Natif de la région, Mgr Poola, évêque de Kurnool, est très sensibilisé au problème de l’analphabétisme et du travail des enfants ; dans les deux districts que couvre son diocèse, vit une majorité de dalit, dont la plupart n’ont jamais envisagé d’envoyer leurs enfants à l’école (2).

 

« Le travail des enfants est un sérieux problème ici », explique le P. Joseph Kochuparampil, prêtre du diocèse. Il évoque des centaines d’enfants qui, au lieu d’aller à l’école, travaillent dans les carrières de pierre, sont employés aux travaux des champs, ou encore servent comme domestiques dans des maisons particulières ou des gargotes de village. « Les parents vont chercher du travail dans des lieux parfois éloignés et ils emmènent leurs enfants avec eux », poursuit le prêtre, s’exprimant lors d’un séminaire de deux jours (3) organisé afin de sensibiliser sur le droit à la scolarisation dans le cadre de la nouvelle loi.

 

Le Right to Education Act a été adopté par le Parlement fédéral le 1er avril 2010 sur proposition du Premier ministre Manmohan Singh qui souhaitait ainsi « que la lumière de l’éducation touche tous les enfants de ce pays (…), quels que soient leur sexe et leur milieu social ». Le projet, jugé révolutionnaire pour les uns, inapplicable pour les autres, se heurte d’ores et déjà aux disparités profondes qui existent entre les Etats.

 

Le problème n’est pas simple dans un pays où le travail des enfants ne choque guère les consciences. Pour les familles les plus pauvres, il est même impensable de se priver d’un salaire, même modeste et rapporté par un jeune enfant de 5 ans. Quant aux fonds apportés par l’Etat pour appliquer la loi, ils sont estimés insuffisants et les préjugés de castes sont encore trop prégnants pour faire accepter sur les mêmes bancs d’école les enfants de dalit et de classes plus aisées.

 

Afin de trouver des solutions concrètes pour faire appliquer la loi sur l’école gratuite et obligatoire, les responsables catholiques du diocèse de Kurnool, en collaboration avec les services sociaux et ceux de l’éducation, ont rencontré les officiels de l’Education du district, ainsi que les dirigeants des ONG et les institutions d’éducation privées.

 

A cette première session d’information et de sensibilisation organisée par le diocèse, ont assisté près d’une centaine de personnes.

 

Le P. Kochuparampil dit actuellement travailler à convaincre les chefs de village et les directeurs d’école, de la nécessité de scolariser les enfants comme la loi leur en donne le droit. « Notre objectif est de permettre à chaque enfant du district d’aller à l’école, ce qui nous semble le meilleur moyen d’éradiquer le travail des enfants », conclut le P. Kochuparampil.

 

Selon le recensement national de 2001, 12,6 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans seraient au travail, un chiffre contesté par les ONG et les Nations Unies, qui estiment leur nombre entre 60 et 80 millions.