Eglises d'Asie

Lê Quôc Quân, militant catholique des droits de l’homme, comparaîtra devant le Tribunal populaire de Hanoi le 2 octobre 2013

Publié le 25/09/2013




Selon Radio Free Asia, l’avocat du militant catholique des droits de l’homme Lê Quôc Quân a reçu, le 20 septembre dernier, un courrier officiel lui annonçant que son client serait jugé le 2 octobre prochain par le Tribunal populaire de Hanoi.

Lê Quôc Quân, qui est juriste de formation et directeur d’entreprise, avait été arrêté au mois de décembre dernier pour fraude fiscale. Son procès avait été prévu une première fois pour le 9 juillet 2013. Les milieux catholiques de Vinh, dont il est originaire, s’étaient préparés pour ce jour là et lui-même, en prison, avait entamé une retraite spirituelle accompagnée d’un jeûne qui devait le rendre capable d’affronter ses juges. La veille du jour prévu, il fut annoncé brusquement que le procès était reporté à une date ultérieure, le juge principal, Mme Lê Thi Hop, étant tombé malade.

Lê Quôc Quân, âgé de 42 ans, était, au moment de son arrestation, le directeur de l’entreprise Giai Phap Viêt Nam (‘Solution vietnamienne’). Depuis de nombreuses années, il participe activement à la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme. Il s’est particulièrement engagé dans les manifestations protestant contre l’expansionnisme de la Chine et ses empiétements sur la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Il a beaucoup contribué au développement du récent mouvement des jeunes catholiques, Thanh Niên Công Giao. Il jouit d’une grande popularité auprès des catholiques du diocèse de Vinh.

En 2007, il avait été arrêté pour avoir participé à une session organisée en Thaïlande par une association américaine. Assez connu aux Etats-Unis, pays où il a étudié, il a reçu, de ce fait, le soutien de membres du Congrès de ce pays. En 2009, il avait pris part au mouvement des catholiques de la capitale réclamant la restitution de l’ancienne résidence de la Délégation apostolique, confisquée par l’Etat. En 2011, lors du procès de Cu Huy Ha Vu, il avait été de nouveau appréhendé, avant d’être libéré au bout de quelques jours sous la pression de l’opinion publique. En 2012, les autorités ont multiplié les menaces et les pressions violentes contre lui et l’ont finalement arrêté pour « évasion fiscale ».

La Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Vinh a publié le 23 juillet 2013, un document intitulé : « Soutien apporté à la cause de l’avocat Lê Quôc Quân, accusé d’évasion fiscale ». Selon ce texte, c’est à cause de ses activités militantes que « l’avocat a été mis sous surveillance par le gouvernement vietnamien qui a cherché les moyens de lui porter tort ». La commission affirme encore que « le procès instruit par les autorités pour évasion fiscale (…) n’est qu’une mise en scène destinée à camoufler la répression politique engagée contre un militant pacifique luttant pour les droits de l’homme et la démocratie, qui entraînait à sa suite la jeune génération… ». Le texte souligne en outre que le montage juridique opéré par les autorités est en infraction avec les procédures exigées par le code en la matière. L’instruction policière aurait dû avoir lieu après une enquête du service des impôts et non le contraire comme ce fut le cas.

Le 24 septembre, l’organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a proposé une lettre-type à faire parvenir aux autorités politiques de Hanoi. Elle demande la libération immédiate et inconditionnelle du militant des droits de l’homme. Les charges retenues contre l’accusé sont qualifiées d’accusations fabriquées et il est également reproché aux tribunaux vietnamiens de manquer d’indépendance.