Le pape s’adresse aux catholiques du Vietnam à l’occasion d’un accord sur le représentant pontifical résident

Mgr Marek Zalewski, second représentant non-résident du Saint-Siège au Vietnam, le 14 juillet dernier dans la cathédrale de Qui Nhon.

Deux mois après la signature d’un accord, fin juillet au Vatican, entre le gouvernement de la République socialiste du Vietnam et le Saint-Siège sur le statut de représentant pontifical résident, le pape François a écrit aux catholiques vietnamiens afin d’expliquer particulièrement le sens de cet accord. Dans son message, il salue « la foi de l’Église catholique dans votre pays » qui « est née et s’est développée à travers de nombreuses générations sur la base du commandement : ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée’ [Mt 22, 37-38] ».

Le pape ajoute que « dans le sillage des bonnes relations qui ont caractérisé ces dernières années, et avec le souhait que le représentant pontifical soit un pont pour faire progresser les relations réciproques », il a reçu le président vietnamien Vo Van Thuong, qui est venu au Vatican le 27 juillet en visite officielle. Une rencontre significative dans le processus de consolidation des relations du Saint-Siège avec le Vietnam, qualifié par le pape, qui cite saint Jean-Paul II, comme un pays dont « tous connaissent et apprécient le courage dans le travail, la ténacité dans les difficultés, le sens de la famille et les autres vertus naturelles dont il a su faire preuve ».

Jusqu’ici, le représentant apostolique au Vietnam résidait à Singapour ; dans le cadre de l’accord, il devrait pouvoir s’installer à Hanoï. Le rencontre avec le chef d’État a donc une importance particulière et vient renforcer, pour le pape, les progrès réalisés d’année en année grâce aux visites annuelles de la délégation du Saint-Siège et aux réunions du groupe de travail conjoint Vietnam-Saint-Siège.

« Nous avons pu progresser ensemble et nous pourrons le faire davantage, en reconnaissant les convergences et en respectant les différences », souligne le pape. « Nous avons été capables de marcher en nous écoutant et de nous écouter en nous comprenant mutuellement et, même si chacun a vécu des histoires et des événements différents, rien de tout cela n’a empêché de chercher ensemble le meilleur chemin pour le bien du peuple vietnamien et de l’Église. »

« L’Église n’a pas l’intention de se substituer aux gouvernants »

Le message évoque particulièrement la place des chrétiens au Vietnam, « qui sont dans le monde mais n’appartiennent pas au monde, vivent dans un esprit de charité en insufflant l’Évangile au cœur du pays et en l’accompagnant dans ses efforts pour un développement social été économique équilibré ». C’est pourquoi il souligne que les fidèles vietnamiens réalisent ainsi « leur identité de bons chrétiens et de bons citoyens ».

Une expression qu’il avait déjà utilisée durant son voyage en Mongolie, où il avait interpellé les catholiques chinois : « Je voudrais profiter de leur présence [à Oulan-Bator] pour envoyer un chaleureux salut au noble peuple chinois. Aux catholiques chinois, je demande d’être de bons chrétiens et de bons citoyens ». Dans sa lettre à la communauté catholique vietnamienne, le pape salue aussi des « conditions favorables à l’exercice de la liberté religieuse », afin que les fidèles puissent promouvoir le dialogue et générer l’espérance pour le pays.

Le pape poursuit en assurant, à l’instar de Benoît XVI en 2009, que l’Église « ne prétend nullement se substituer aux responsables gouvernementaux, désirant simplement pouvoir prendre une juste part, dans un esprit de dialogue et de respectueuse collaboration, à la vie de la nation, au service de tout le peuple » (extrait du discours de Benoît XVI aux évêques de la conférence épiscopale du Vietnam, lors d’une visite ad limina).

Les catholiques vietnamiens animés par « le cri des pauvres »

La lettre évoque ensuite un aspect marquant et essentiel de la vie des chrétiens au Vietnam. Selon le pape, ces derniers sont depuis toujours animés par « le cri des pauvres » qui interpelle les chrétiens « en tout lieu et circonstance ». Pour le Saint-Père, cet esprit a toujours poussé la communauté vietnamienne à contribuer de manière positive et significative au service du peuple, en particulier durant la pandémie de Covid-19. « L’Église du Vietnam […] s’est révélée être un levain dans la société, l’accompagnant dans son développement et contribuant à son progrès », écrit-il.

François évoque d’ailleurs le fait que la conférence épiscopale vietnamienne ait choisi, dans sa lettre pastorale pour l’année en cours, d’insister sur la promotion de la participation à la vie de la communauté à travers l’affection réciproque, l’écoute sincère et des actes de charité « même envers ceux qui ne partagent pas la même foi ». La lettre du pape s’achève en évoquant Notre-Dame de La Vang, un sanctuaire marial situé dans la province centrale de Quang Tri qui rayonne également aujourd’hui à l’étranger, notamment à Fatima (au Portugal), où un centre dédié aux premiers missionnaires vient d’être inauguré, le samedi 14 octobre, par Mgr Joseph Nguyen Nang, archevêque d’Hô-Chi-Minh-Ville et président des évêques du Vietnam.

(EDA)