Aventures missionaire – Thaïlande
Ayutthaya, l’ancienne capitale entre pandémie et inondations
Publié le 06/12/2021
Aujourd’hui, au bord du fleuve Chao Phraya demeure ce lieu où s’installèrent les premiers pères MEP que l’on appelait communément le camp Saint-Joseph, avec son église du même nom. Site incontournable pour qui s’intéresse à la Thaïlande, Ayutthaya, qui fut détruite par les Birmans en 1767, est couramment visitée pour ses vestiges de gigantesques monastères bouddhistes. Or, l’actualité nous fait découvrir Ayutthaya sous un autre plan, celui de l’entraide en période de Covid-19 et d’inondation. Nous avons rencontré le père Anthony Vorayut Kitbamrung, curé, ainsi que monsieur Sonthaya Homprathum, appelé Khun Son, président du conseil paroissial. Homme pratique entouré d’une vingtaine de laïcs et de quelques religieuses, Khun Son témoigne de la sollicitude de sa communauté envers les personnes malades ou sinistrées. Pour agir, Khun Son tire avantage de sa connaissance du terrain − il tient lui-même une gargote dans l’enceinte du temple Wat Pak Kran − et coordonne son action avec la Commission sociale du diocèse, mais aussi le canton et la préfecture. Depuis plusieurs mois, des volontaires paroissiaux, M. Khun en tête, distribuent une aide alimentaire aux familles bloquées par une quarantaine ou par les inondations. Bon nombre sont des voisins musulmans avec lesquels la communauté paroissiale a des liens serrés, y compris de mariages. Le sac offert contient des produits prêts à consommer, ou à cuisiner si l’aide vient à se prolonger. Ces dons de circonstance s’ajoutent à la trentaine de soutiens mensuels distribués de façon permanente aux indigents du quartier qui sont accompagnés par le groupe local de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul.
Pour sa part, le gouvernement a octroyé une assistance efficace et rapide de 5 000 bahts par mois (130 euros, soit environ un demi-mois de salaire minimum), pendant deux mois. M. Khun indique que la mise en quarantaine obligatoire, bien encadrée, a déclenché cette aide financière, ainsi que la distribution de masques. Il se félicite de ce que l’administration était prête. Fort heureusement, pendant la pandémie, la communauté paroissiale n’a pas eu à déplorer de morts. Mais la contagion fut forte parmi les bonzes à l’occasion des offrandes matinales, et dans les marchés locaux, entraînant la fermeture de celui de Hua Ro notamment, qui vend des produits frais. Encore actuellement, les incinérations sont immédiates, sans prière ni rassemblement, à la grande tristesse des gens.
Récemment, l’équipe de Khun Son a aussi mis en place une prévention contre les inondations dans les rues vulnérables de deux quartiers alentour. Des fidèles natifs d’Ayutthaya qui travaillent à Bangkok ont pour cela offert des pompes. Le lien est fort avec leur paroisse d’origine, soutenu par la mémoire des défunts de leurs familles. De son côté, l’administration locale fournit le carburant. M. Khun témoigne que, lorsque les eaux montent, les esprits s’échauffent. Les gens mettent alors à l’abri leurs biens, sachant que tous les cinq ou six ans une inondation plus forte que les autres provoque des dégâts, dont la cause semble tenir à la gestion des barrages plus qu’aux pluies elles-mêmes. Pour Khun Son, la manière dont la paroisse Saint-Joseph d’Ayutthaya organise l’aide crée beaucoup de liens. Tout se fait cordialement et sans peur irrationnelle heureusement, dans l’espérance du retour à une vie tranquille.
P. Nicolas Lefébure, MEP
CRÉDITS
Paroisse d’Ayutthaya / N. Lefébure