Aventures missionaire

Des associations françaises en soutien à l’hôpital Sainte-Anne

Publié le 22/06/2022




À Mananjary, à l’est de Madagascar, l’hôpital Sainte-Anne vient d’ouvrir ses portes après treize ans de chantier. Ce projet d’un « hôpital pour les pauvres », porté par le père Jean-Yves Lhomme, MEP, est soutenu par plusieurs associations françaises qui ont offert leurs compétences pour que l’établissement soit construit aux normes environnementales les plus exigeantes.
MEP

L’Hôpital Sainte-Anne nourrira les malades. Le site a près de 4 ha de rizières.

 

Dr Pascal Petitmengen, président de l’ALEHSAM

Un hôpital écologique

L’Association lorraine d’entraide à l’hôpital Sainte-Anne à Madagascar (Alehsam) est née le 23 janvier 2010 pour répondre au souhait du père Jean-Yves Lhomme, missionnaire à Madagascar et maître d’œuvre du projet. En effet, lors de sa visite à Marly, près de Metz, en février 2009, il avait émis le souhait qu’une association naisse dans le Grand-Est de la France pour soutenir la construction puis le fonctionnement de l’hôpital. L’hôpital Sainte-Anne est une structure pour les pauvres, situé à Mananjary. Sur demande de Mgr José Alfredo Caires de Nobréga, évêque de Mananjary, le père Jean- Yves Lhomme, des Missions Etrangères de Paris, a conçu et construit cet hôpital avec l’écologie comme idée directrice. Ainsi, plusieurs réalisations ont été effectuées et des directives ont été énoncées.

La station d’épuration biologique est une filtration en cascade qui fonctionne sans énergie extérieure mais uniquement par simple gravité. Elle est complètement autonome et écologique. C’est sans doute une des premières stations d’épuration biologique à Madagascar.

 

Une ferme photovoltaïque

La fourniture d’électricité est produite par une ferme photovoltaïque de 140 panneaux, complétée par trois groupes électrogènes qui fonctionnent essentiellement pour les inter- ventions chirurgicales. Les panneaux photovoltaïques ont été préférés à l’éolien à cause du manque de vents réguliers et des risques de cyclone, et à l’énergie hydroélectrique car la rivière Mananjary est trop éloignée de l’hôpital. C’est l’ONG Électriciens sans frontières qui a mis en place l’électricité de l’hôpital.
Deux paraboles solaires ont été installées pour la cuisson des aliments, en compléments des bouteilles de gaz dans la cuisine. Le biogaz a été étudié mais aurait nécessité un cheptel de plus de cent zébus. L’hôpital dispose d’un incinérateur pour les déchets hospitaliers et utilise des produits de nettoyage biodégradables.

 

Dix hectares replantés

Les équipes ont également planté des arbres sur près de dix hectares pour participer à la reforestation. Une partie de la nourriture des patients et du personnel sera assurée locale- ment par la production de miel et la riziculture sans pesticide ni engrais autour de l’hôpital. Toutes ces contraintes ont un coût, surtout dans un pays pauvre comme Madagascar, mais la volonté de protéger la nature et la planète et d’offrir des soins de qualité sont essentiels pour tous les membres de l’hôpital Sainte-Anne.

 


 

Claude Binet, président de l’ADRAR

Fournir de l’eau potable à l’hôpital

L’Association pour le développement rural dans l’autonomie et le respect (Adrar) est une petite association du Lot-en-Garonne qui œuvre depuis plusieurs années sur le chantier du futur hôpital Sainte-Anne par le financement du forage et du pompage de l’eau potable. Elle a aidé à la mise en place de la station d’épuration biologique. L’Adrar était présente sur le chantier HSA en novembre dernier avec Hugo, technicien spécialiste de ce type de station.

L’objet de notre association est de fournir de l’eau potable à des collectivités : villages, écoles et en l’occurrence hôpital, et, en aval, d’installer un équipement qui permet de rejeter dans le milieu naturel une eau propre. C’est ce que nous avons réalisé à l’hôpital Sainte-Anne de Mananjary. En 2011, nous avons réalisé un forage à 42 mètres de profondeur, installé une pompe à 31 mètres ; cette pompe est alimentée par des panneaux photovoltaïques installés sur des racks en hauteur et protégés de toutes dégradations malveillantes. L’eau est conduite dans un château d’eau de 13 mètres de haut, équipé de deux cuves de 10 000 litres chacune. Ainsi, depuis cette installation, l’hôpital bénéficie en toute autonomie d’une eau claire et limpide.

Ce fut plus compliqué pour la station d’épuration (STEP). Celle-ci se compose de plusieurs éléments : tout en haut, un dégrilloir qui retient tous corps grossiers étrangers au bon fonctionnement du système ; et une première chasse à augets (sorte de grosse chasse d’eau de toilette) de 1 200 litres qui se déverse automatiquement dans un premier lit, cela provoque ce que l’on appelle une lame d’eau. Le premier lit de 120 m2 est rempli de graviers du plus gros au fond au plus fin en haut ; à l’intérieur de ce lit, sorte de grand bassin, on a installé des tuyaux qui apportent les eaux usées et d’autres, au fond (des tuyaux percés qui servent de drains). Ainsi, les eaux usées sont filtrées une première fois. Ce mécanisme est répété une deuxième fois avec une nouvelle chasse à augets, nouveau bassin, plus petit (80 m2 sur 0,9 m de haut comme le premier lit). Cette filtration « en cascade », qui fonctionne sans aucune énergie extérieure mais par simple gravité, est complètement autonome et totalement écologique.

Cette STEP, et plus particulièrement ses deux bassins, sont plantés de roseaux que l’on a récupérés au bord des pangalanes. Leur fonction est double : d’une part absorber les eaux usées et bon nombre de bactéries pour leur croissance, d’autre part une fonction mécanique, à savoir que les roseaux, en se balançant au gré du vent, font bouger leurs racines ce qui évite aux graviers de se colmater entre eux.

 


 

Pour aller plus loin

Le blog de l’Alehsam : alehsam.com – Le blog de l’Atahsam (Association tourangelle d’aide à l’hôpital Sainte-Anne à Madagascar) : atahsam.over-blog.com – Électriciens sans frontières : electriciens-sans-frontières.org – Ces sites vous invitent à vous abonner à la newsletter.

 

 


CRÉDITS

HSA / J.-Y. Lhomme