Aventures missionaire

Histoires de conversion

Publié le 08/05/2020




Le Père Pierre de la Bigne accueille les nouveaux catéchumènes dans sa paroisse du Rosaire à Taipei. Il nous livre plusieurs histoires de conversion: celle d’une touriste transcendée par sa visite de la cathédrale Notre-Dame, un ancien mafieux en quête de rédemption, une petite fille souhaitant devenir religieuse…
Missions Etrangères de Paris MEP

Baptême par le Père Pierre de la Bigne, MEP, Taïwan

 

Une des grandes joies de mon nouveau ministère de curé de la paroisse du Rosaire, ce sont les rencontres avec les catéchumènes. Malgré une communauté relativement petite et âgée, 250 fidèles le dimanche, certains paroissiens témoignent d’un beau zèle missionnaire qui a conduit au baptême de seize nouveaux chrétiens à Pâques l’année dernière. Douze catéchumènes seront baptisés cette année. La joie de ces rencontres vient surtout de l’émerveillement devant l’action de l’Esprit Saint qui nous précède de très loin dans les cœurs. II veut se répandre et le fait. Voici quelques fioretti des rencontres avec ces catéchumènes qui témoignent du désir de Dieu de se faire reconnaître par les Taïwanais qu’II appelle au salut. Nous ne faisons qu’accueillir avec étonnement ceux que l’Esprit Saint nous envoie. Mais Jésus ne nous dit-il pas : « Ne t’étonne pas que je t’aie dit : il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (Jn 3, 7-8).

 

« À Notre-Dame, je me suis sentie lavée »

Peiling est âgée d’une cinquantaine d’années et est une femme célibataire, très prise par son travail. Elle est partie faire du tourisme en France avec des amis. À Paris, elle a visité le Louvre et beaucoup de monuments. Puis ce fut le tour de l’incontournable Notre-Dame, où elle se rendait sans aucune idée préconçue. Mais dès qu’elle est entrée dans la cathédrale, elle a eu la conviction fulgurante de la présence de la Vierge Marie. Elle s’est sentie prise, enveloppée par la Vierge qui l’attendait, elle. En marchant dans la cathédrale, elle se reconnaissait soudain pécheresse, avec un grand besoin d’être pardonnée. Mais cela ne la désespérait pas, au contraire, elle sentait une grande paix. En sortant de Notre-Dame, elle dit qu’elle s’était sentie « lavée ». À partir de cette sensation si forte et douce, elle a commencé à prier la Vierge Marie et elle est arrivée à cette conviction : « Je veux devenir catholique. » Au retour de ce voyage, elle est allée dans l’église catholique près de chez elle, mais elle n’a pas été très bien reçue. Elle n’y est pas retournée mais son désir ne l’a pas lâchée. Alors qu’elle apprend qu’il y a une église à côté de son travail et un catéchuménat le vendredi soir, elle demande à la Vierge Marie un signe pratique pour la confirmer : une place de parking disponible dans notre rue qui est souvent bondée. Ce signe lui est accordé. Et rencontrant l’équipe du catéchuménat, elle s’est tout de suite sentie accueillie. Elle est très ferme : elle veut être baptisée. Pendant notre entretien, elle ajoute que, depuis son retour de France, alors qu’elle n’avait pas commencé le catéchuménat, elle avait déjà commencé les démarches pour être enterrée comme catholique et dans un cimetière catholique !

 

« Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume »

Nous avons rencontré Monsieur Lin lors des maraudes que nous faisons le mercredi soir avec quelques paroissiens à la gare centrale de Taipei auprès des nombreux SDF qui y passent la nuit. C’est un ancien « grand frère » de la mafia locale, qui a fait de la prison et s’est retrouvé à la rue à sa sortie de prison. II a peut-être 70 ans. En discutant avec l’une de nos paroissiennes qui s’était assise à côté de lui, il lui dit qu’il aimerait être baptisé catholique, qu’il prie le Christ tous les jours. Surprise, elle demande : « D’où te vient cette idée ? » II lui répond qu’il a vu un film hongkongais, où un ancien parrain de la mafia se convertit et reçoit le baptême dans l’église catholique. Et ce baptême lui procure le pardon de ses nombreux péchés. Lui aussi, il veut avoir une foi qui lui procure le pardon des péchés et le prépare au grand passage. Je l’ai invité à venir à la paroisse. Il est venu me rencontrer plus longuement et confirmer son désir de recevoir le baptême. Mais il me dit que c’est difficile pour lui de quitter sa place à la gare le soir et de se rendre au catéchuménat. Les « amis de la rue » doivent défendre leur place… Qu’à cela ne tienne, nous avons décidé que nous ferons le catéchuménat à la gare lors de nos maraudes tous les mercredis soir, en lisant chapitre par chapitre l’Evangile de saint Luc, celui du bon larron et des paraboles de la miséricorde. En nous relayant entre volontaires, à raison d’une heure par semaine, il devrait être préparé à recevoir le baptême pour Noël 2020.

 

« Je ne veux pas me corriger, je veux répandre l’amour »

En décembre, je faisais le constat un peu amer que nous n’avions eu aucune entrée au catéchisme cette année. Peu avant Noël, Monsieur Cai passe un coup de téléphone à la secrétaire du jardin d’enfants. II dit qu’il aimerait rencontrer le prêtre de la paroisse car il a une fille unique de 11 ans qui lui pose un problème qu’il ne sait comment résoudre : depuis qu’elle a l’âge de 5 ans, elle n’arrête pas de lui répéter que, quand elle sera grande, elle voudrait devenir religieuse. Lui-même n’est pas chrétien, sa femme qui l’a quitté pour habiter en Chine non plus et sa petite fille bien sûr n’est pas baptisée. Mais devant l’insistance et la constance de la demande de sa fille, il se décide un jour à appeler l’église la plus proche, la nôtre. Au cours de notre entretien lors duquel j’avais prévu de lui donner une bande dessinée sur la vie de mère Teresa, la petite Nizhen me dit qu’elle se souvient, petite, avoir vu un film sur la vie d’une religieuse qui l’avait beaucoup marquée. Je lui demande si elle a parlé de son projet avec d’autres personnes de sa famille. Elle me répond qu’elle en a parlé avec sa grand-mère qui est bouddhiste. Et sa grand-mère lui a suggéré : « Tu pourrais devenir nigu, “moniale bouddhiste”. » Et elle continue : « Mais je lui ai répondu non pour deux raisons : je ne veux pas avoir le crâne rasé et puis les nigu, leur but s’est de se “corriger soi-même”, alors que moi mon but s’est de “répandre l’amour” comme les religieuses. » Étonnante clarté ! Depuis, la petite Nizhen a rejoint les rangs de notre catéchisme, célébré Noël avec nous, au premier rang. Sera- t-elle un jour religieuse ? Pour l’instant, elle commence à se préparer au baptême et se fait des petites amies le dimanche après-midi dans la cour de l’église.

 

Un premier salut au Saint-Sacrement inattendu

Uling, une petite quarantaine, s’est passionnée pour la peinture occidentale au cours d’un voyage en Europe. Elle n’arrivait pas à comprendre la signification de beaucoup d’œuvres religieuses. Par bonheur, cette femme réservée louait une chambre pour son travail dans un logement des Sœurs voisines de la paroisse. Elle demande un jour à la Sœur Lai comment comprendre davantage la peinture chrétienne. Celle-ci lui dit que la meilleure façon était de se rendre au catéchuménat. Elle y va, avec un intérêt pour la culture affiché, sans aucune intention de recevoir le baptême. Cependant, elle est très assidue. Le vendredi, nous avons l’adoration du Saint-Sacrement toute la journée dans l’église et, lorsque le catéchuménat se termine vers 21h30, nous invitons ceux qui le souhaitent à rester pour le salut du Saint-Sacrement. Or, la première fois qu’elle a assisté au salut et que le Saint-Sacrement pointait dans sa direction, elle a été « saisie », comme un frisson inexplicable, jusqu’alors jamais éprouvé selon ses mots. Et depuis, elle a fait la demande de recevoir le baptême.

 

L’Église catholique, une foi de plénitude

Shaowei a été admis dans la plénitude de l’Eglise catholique et a fait sa première communion début janvier. Cet étudiant à l’université de Fu-Jen a été baptisé petit dans une petite communauté évangélique. En arrivant à Fu-Jen, il a eu l’opportunité de faire un voyage à Taizé où il a été très marqué par l’orientation œcuménique de la communauté. En revenant, il a décidé d’approfondir sa foi protestante. II a rejoint un petit groupe œcuménique d’une quinzaine de personnes qui se réunit à l’église anglicane de Taipei et se compose d’étudiants protestants, anglicans, orthodoxes et catholiques taïwanais. Initié et animé par des laïcs, ce petit groupe s’est donné le nom de « Groupe Henri Newman ». Au cours de leurs rencontres et études, il a acquis la conviction que la plénitude de la foi se trouvait dans l’Eglise catholique, la conviction de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Et il a demandé à l’un des camarades de ce petit groupe, ZhiLang, un jeune homme que j’avais baptisé l’année dernière, de rejoindre le catéchuménat de la paroisse. En parallèle, il s’est investi dans le groupe de Taizé catholique de l’université. Tout ce petit groupe composé de chrétiens de diverses confessions était là, le pasteur anglican taïwanais aussi, lors de la fête du baptême du Seigneur pour son entrée dans l’église catholique. Shaowei a choisi pour nom de baptême « Saint Henri Newman ».

 

P. Pierre de la Bigne, MEP