Être en mission à PeaceHome, c’est accepter de vivre au jour le jour pour et par cet amour, saisir toutes les occasions qui se présentent pour distribuer de la joie, n’être tenue au courant des événements (anniversaires, fêtes, sorties, retraites, ordinations) qu’au dernier moment. Cela requiert de renoncer à toute emprise sur sa vie, si ce n’est pour ce qui est du renouvellement quotidien de la volonté de servir le Christ. C’est aussi s’abandonner à l’amour et à la paix qui règnent à Peace Home, c’est accepter les sourires, les attentions, les rires, les mains tendues à travers les barreaux des lits, les regards bienveillants, les « good morning » articulés avec difficulté et les remerciements dans une langue totalement inconnue. C’est se laisser façonner par la tendresse des regards, des étreintes fraternelles, s’abandonner à la simplicité d’une vie de service. Et on apprend à faire confiance et à s’abandonner. De toute façon, le capitaines ait très bien mener l’embarcation. Il nous guide merveilleusement sur des cheminsnlumineux et pleins de joie, et en mission, ces chemins sontnceux du service.
Trésors de patience
Un autre grand enseignement reçu à Peace Home, c’est l’humilité. Rapidement, nous avons compris que nous n’étions pas indispensables et que la maison tournait sans nous. Lorsqu’on arrive avec le sentiment qu’on peut sauver le monde, ça remet tout de suite les idées en place. Nous sommes ici pour servir et nos compétences d’infirmière et de traductrice ne sont pas mises à profit puisque les missions qui nous sont confiées n’ont rien à voir avec ces domaines. Nous ne sommes pas ici pour être récompensées ou reconnues pour notre service. Donner à manger, débarbouiller, changer les couches, donner les douches, étendre le linge, passer balais et serpillière, remplir les bouteilles d’eau, vider les pots de chambre, voilà la liste non-exhaustive des tâches dont nous devons nous acquitter chaque jour. C’est aussi une mission qui permet de développer des trésors de patience, bien que ce ne soit pas toujours facile.
Se réjouir des petites choses insignifiantesTous les soirs, à l’adoration, nous pouvons nous mettre à genoux devant le Saint Sacrement pour présenter au Seigneur, humblement, ce que nous avons fait dans la journée pour le servir Lui à travers le service de nos frères et sœurs.
Peace Home, c’est également un lieu où la joie règne par- tout et c’est une des premières choses qui nous a marquées lors de notre arrivée ici. Chaque jour est une moisson de sourires et de rires tous plus rayonnants les uns que les autres ! Avecles résidents, nous apprenons cette joie de vivre qui consiste à se réjouir des petites choses insignifiantes du quotidien. Nous apprenons à changer notre regard afin de repérer chacune de ces petites joies simples et belles. Les difficultés sont bien présentes mais avec ce regard neuf, elles sont
ensevelies par la multitude de ces petites joies. De fait, chaque soir, lorsque nous faisons la relecture de notre journée, nous y voyons une succession de petites joies toutes simples qui rendent chaque journée unique et lumineuse. Nous apprenons à savourer le quotidien, pour ce qu’il est : ses joies, petites et grandes, ses surprises et également ses difficultés.
En mission, nous n’avons rien d’autre à faire que de nous donner. Notre emploi du temps peut paraître bien vide en comparaison de celui que nous avions en France :pas de week-end entre amis, pas de soirées/dîners/apéros… Rien n’est prévu. Nous apprenons donc à vivre chaque petit instant du quotidien pour ce qu’il est, sans penser à ce que nous ferons ensuite. Au début de notre mission, nous pensions trouver la joie principalement dans le don de nous-même. En réalité, cette joie elle se trouve surtout dans l’accueil de toutes les grâces que nous recevons et de tout ce que les personnes de Peace Home ont à nous donner.
Petits chéris de Dieu
En cinq mois et demi de mission, nous avons eu le temps de dépasser la barrière de la langue et du handicap afin de rencontrer chacun des résidents en profondeur. Et c’est de cette rencontre profonde que jaillit l’émerveillement. Nous découvrons l’immensité de leur cœur ! Et nous nous émerveillons devant l’extraordinaire joie de vivre de Matthew qui passe son temps à rire et à faire des blagues. Nous nous émerveillons devant la pureté de cœur d’Anas qui, du fond de son lit, avec ses mains ouvertes et son sourire aux anges, s’offre totalement, et nous fait com-prendre à quel point l’être est plus important que l’agir. Nous nous émerveillons devant le petit Mani qui s’abandonne entièrement à nous lorsque nous le prenons dans nos bras, nous montrant ainsi qu’il faut se présenter de la même façon face au Père. Nous nous émerveillons devant l’extraordinaire bienveillance et la douceur d’Amrutha. Nous nous émerveillons devant le sourire si rayonnant de Kochupennu. Nous nous émerveillons devant la foi si belle et si pure d’Abigit et de Shajy, l’un se rendant tous les soirs à l’adoration pratiquement en rampant, l’autre brandissant son chapelet dans sa main déformée lors de la « Rosary Procession». Oui, nous sommes émerveillées de constater que chacune de ces personnes, chacun de ces petits trésors du fond de leur lit sont en réalité des géants et qu’ils ont tant à nous donner ! Oui, nous sommes émerveillées d’apprendre autant de ces petits chéris de Dieu qui sont premiers de cordée sur le chemin de la sainteté !