Aventures missionaire

Le centre Saint-Irénée au service de la catéchèse

Publié le 26/10/2021




Le père François Hemelsdaël est responsable de la catéchèse pour le Cambodge. L’annonce de l’Évangile reste un défi dans ce pays pétri de culture bouddhiste.

 

Depuis quelques mois, par l’intermédiaire des évêques, le Seigneur m’a gratifié d’un très grand honneur : celui d’être responsable de la catéchèse pour le Cambodge. Même avant mon entrée au séminaire, j’ai toujours pris à cœur d’animer un groupe de caté, pour les enfants ou pour les jeunes. Maman fut elle-même catéchiste des années durant. Je pense que c’est l’un des rôles essentiels de chaque chrétien, et d’autant plus des prêtres. Transmettre la catéchèse, ce n’est pas seulement transmettre un corps de doctrines et de vérités prêt-à-porter, c’est aussi donner à chacun de découvrir et d’aimer le Christ, puis de se mettre à sa suite. Le tout en lien avec une communauté chrétienne, la liturgie et les sacrements. Quelle responsabilité mais aussi quelle joie profonde que d’éveiller à la foi ! Le pape Benoît XVI avait l’habitude de dire que le plus grand service humanitaire que l’on pouvait rendre à quelqu’un, ce n’était pas seulement lui donner de quoi se nourrir, mais surtout de lui faire connaître le Christ.

 

Le ministère de la catéchèse

La catéchèse a toujours existé depuis les débuts de l’Église. Il suffit de relire les Actes des Apôtres où l’on voit les catéchumènes assidus à l’enseignement des Apôtres (Ac 2). Même avant ceux-ci, le récit de saint Matthieu a été appelé l’évangile du catéchiste, et celui de saint Marc, l’évangile du catéchumène. Les Pères de l’Église, illustres fondateurs du christianisme, ont toujours prêté une grande attention à celle-ci, soit en enseignant eux-mêmes directement, soit en écrivant de nombreux livres à ce propos. Des grands noms tels que Justin, Origène, saint Cyrille de Jérusalem, saints Jean Chrysostome, Ambroise ou Augustin demeurent pour nous des modèles. Saint Cyrille de Jérusalem n’avait-il pas l’habitude de dire qu’il suffisait à ceux qui, faute de temps ou d’un niveau d’études suffisant, ne pouvaient lire la Bible, d’étudier le Credo, pour connaître l’essentiel de la foi chrétienne ? Par ailleurs, le ministère de la catéchèse puise des énergies toujours nouvelles dans les conciles, notamment celui de Trente (XVIe siècle), qui « constitue une œuvre de premier ordre comme résumé de la doctrine chrétienne… Il a suscité dans l’Église une organisation remarquable de la catéchèse ; il a stimulé les clercs à leurs devoirs d’enseignement catéchétique ; il a entraîné, grâce à de saints théologiens… la publication de catéchismes, véritables modèles pour ce temps-là » (Exhortation apostolique de Jean Paul II sur la catéchèse, Catechesi Tradendae).

Ici, au Cambodge, j’ai pu découvrir la pastorale du catéchuménat des adultes, avec ses étapes et ses rites particuliers. Il est toujours émouvant grâce du Seigneur travailler les esprits et les cœurs d’hommes et de femmes adultes, qui acceptent de se laisser toucher et transformer. Je vois aussi l’importance primordiale du catéchiste. Celui-ci remplace à bien des égards le prêtre, parfois absent, ne sachant pas bien manier la langue ou bien ne connaissant pas suffisamment la culture et la religion locales. Nos catéchistes ne sont pas des professionnels ; il s’agit, pour la plupart du temps, de chrétiens bénévoles qui bénéficient parfois d’une formation dispensée par leur diocèse, mais qui, bien souvent, partagent tout simplement leur foi d’après leur expérience personnelle. Bien sûr, leur enseignement laisse parfois à désirer, ou peut être teinté de bouddhisme, mais il nous est difficile de mettre en place des écoles pour catéchistes professionnels, faute de disponibilité de nos catéchistes pour la principale raison.

 

Le travail du père Ponchaud

Je bénéficie donc d’une petite équipe pour m’aider à cette grande tâche qui m’incombe depuis peu. À vrai dire, nous ne démarrons pas de zéro. Le service existe déjà depuis de nombreuses années. On peut signaler à ce propos le travail remarquable du père Ponchaud, aussi bien au niveau du catéchuménat des adultes que du dialogue avec les bouddhistes. L’heure, cependant, est venue de réformer l’ensemble, avec notamment l’apparition des réseaux numériques qui sont une belle opportunité pour donner divers enseignements en ligne. Nous avons donc commencé par nous donner un saint Patron, en la personne de saint Irénée, évêque de Lyon, mort martyr en 177, auteur entre autres d’un remarquable traité, Adversus Haereses, dans lequel il défend la juste doctrine chrétienne face à des sectes déviantes, tout en s’efforçant, par ailleurs, de maintenir l’unité de l’Église. Puis, grâce notamment à un jeune volontaire MEP, nous avons élaboré un site internet à trois volets : la Bible, la liturgie, la catéchèse, dans lequel nous faisons la promotion de nos œuvres (livres, DVD, CD, documents officiels, vidéos, etc.), en lien bien sûr avec les réseaux sociaux (Facebook et YouTube). Par exemple, nous mettons en vidéo des vies de saints et des témoignages chrétiens, nous commençons des vidéos pédagogiques à destination des catéchistes, mais aussi des enseignements théologiques. Nous comptons aussi par la suite organiser des sessions pour catéchistes à travers le pays.

 

Le défi de l’évangélisation

Nous faisons face à de nombreuses questions cependant : comment annoncer véritablement l’Évangile ici au Cambodge, dans un pays où le bouddhisme reste majoritaire à plus de 95 % ? Comment entamer et poursuivre le dialogue avec tous nos frères protestants, bien plus nombreux que nous, et eux-mêmes si divisés ? Comment, nous-mêmes, unifier également nos efforts dans nos différents diocèses ? Comment mettre en place un véritable ministère de catéchiste, bien formé et reconnu par tous ? Toutes ces questions sont en fait de véritables défis, pas seulement bien sûr pour notre petite équipe, mais surtout pour toute l’Église présente ici, au Cambodge. Puisse le Seigneur nous éclairer de son Esprit pour nous aider à faire advenir son Royaume ici aussi !

 

P. François Hemelsdaël, MEP