C’était en 1999. Phon, un garçon de 20 ans, a dit à son père, du nom de Threi, dans la paroisse de Busra, dans la province de Mondolkiri : « Papa, je veux devenir prêtre. Alors, puis-je rejoindre un séminaire pour Kcham ? » Threi répondit : « Mon fils, si tu veux devenir prêtre, je me tuerai. » Alors Phon a été conseillé par les responsables de Kcham qui lui ont dit d’abandonner son idée de devenir prêtre et d’aider son père à la place.
Aujourd’hui, il est un père de famille respecté avec sa femme et ses deux enfants.
C’était en 2000, un autre jeune du nom de Neth a demandé à son père, M. Prak, de le conseiller pour devenir prêtre. Le papa a répondu : « Non, je n’accepte pas. Si tu deviens prêtre, je mourrai. » Le fils répondit : « Papa, tu es libre, car c’est ta vie. Mais dans ma vie, j’ai la liberté de devenir quelqu’un que j’aime. » Après quelques années, le fils a rencontré une fille, s’est marié avec elle et a un enfant. Il est heureux.
C’était en 2013, une adolescente du nom de Hyll a demandé à ses parents s’ils lui permettraient de devenir religieuse. Piya, son père, a hésité à répondre mais a cessé de dire quoi que ce soit. La mère, Sreueng, a dit à sa fille : « chère Hyll, devenir religieuse et prêtre n’est pas pour notre peuple. Vous pouvez mieux étudier la médecine et devenir un travailleur de la santé. »
Écouter l’appel de Dieu
Ces trois cas démontrent la réticence des parents de la paroisse de Busra à encourager leurs enfants à écouter l’appel de Dieu à le suivre en devenant religieuse ou prêtre. Ce n’est pas dû à un manque d’amour envers leurs enfants désireux d’entendre l’appel religieux de Dieu, ni à un manque de soutien à leur église locale. C’est simplement dû à leur peur que la vie d’une religieuse ou d’un prêtre et leurs longues années d’études soient trop difficiles pour le peuple bunong. Si leurs enfants devaient poursuivre de si longues études, tôt ou tard, ils risqueraient de les interrompre et deviendraient de tristes perdants dans leur vie. Il est donc préférable de s’opposer à de tels souhaits de leurs enfants dès le début.
C’est le 29 juin 2022 que le diacre Prak Hong a été ordonné prêtre dans la même paroisse de Busra. Il y a quelques années, Prak Hong était un cuisinier réputé dans un restaurant à Penh. Lorsque le père Juan Solorzano Martinez Jesus, prêtre de la société Yarumal de Colombie et curé de Busra, a rendu visite à Hong, à Penh, il a écouté son souhait d’arrêter la cuisine et de faire les longues années d’études indispensables pour devenir prêtre. Le curé n’a pas pris cela comme une plaisanterie, mais l’a soutenu avec tous ses soins et ses conseils. Hong est prêtre aujourd’hui, grâce au soutien incessant du père Juan. Le père Hong n’est autre que le frère cadet de Neth, fils de M. Prak qui a renié le souhait de son fils aîné de devenir prêtre. Aujourd’hui, le même papa est heureux de nous accueillir, nous les prêtres et les gens réunis dans son village, environ 1 300 d’entre nous, et de conduire son fils à l’église paroissiale nouvellement construite pour se faire ordonner prêtre.
Une belle transformation
C’est une belle transformation de cette communauté. Les parents se sentent désormais en confiance pour encourager leurs enfants dans leurs aspirations religieuses. À la fin de la messe, le père Hong a remercié plusieurs personnes. Il a adressé des remerciements particuliers à tous ses coséminaristes cambodgiens et vietnamiens. Maintenant, le père Hong est reconnaissant à Dieu pour son sentiment d’égalité avec ses coséminaristes. C’est une belle transformation aussi. Que Dieu soit béni pour ces transformations.
Mgr Susairaj Antonysamy, MEP
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MEP