Par un beau samedi matin, nous quittons la paroisse de l’enfant Jésus, à Phnom Penh, pour rejoindre les différents groupes de jeunes venus d’un peu partout du Cambodge.
Entre 1975 et 1979, pendant la période des Khmers Rouges, l’Eglise catholique a vécu caché au Cambodge. Elle n’était pas bien grande ni très solide, mais elle était néanmoins composée de fidèles fermes dans leur foi.
Au début du conflit, les chrétiens ont été obligés de se disperser pour fuir les soldats Khmers rouges qui menaçaient la population cambodgienne. Au cours des quatre années de génocide, le Cambodge a compté des centaines de chrétiens morts au nom de leur foi; parmi eux, Monseigneur Chmar Salas, le premier évêque cambodgien. En 2015, le vicariat de Phnom Penh a effectué des démarches pour commencer le processus de canonisation des Martyrs. Un mémorial a été créé dans la province de Kompong Thom dans un lieu appelé « Taing Kauk ».
Minivan peu confortable
C’était un peu plus facile que l’année dernière (quarante kilo- mètres en deux jours) mais il fallait aussi ménager les jeunes qui devaient être en forme pour les cours du lundi matin). Tout cela sous une chaleur accablante.
Il y a une centaine de kilomètres qui séparent Taing Kauk de Phnom Penh mais au Cambodge le temps pour parcourir une centaine de kilo- mètres est différent de nos références françaises. Ainsi, c’est après quelques secousses et 2h30 de route à l’intérieur d’un minivan peu confortable, que nous sommes arrivés au lieu de rendez-vous. C’était une petite maison de campagne à la cambodgienne (maison en bois, montée sur pilotis pour les périodes de pluie). L’évêque nous attendait pour un enseignement. Après 1h30 de discours en khmer, l’évêque a terminé en nous présentant le chrétien le plus âgé de la région (87 ans) qui nous a improvisé un simple et magnifique témoignage. L’objectif de ce pèlerinage est d’apporter deux enseignements : le premier concerne les jeunes, l’évêque leur a demandé de réfléchir sur leur avenir, sur ce qu’ils souhaiteraient faire, qu’est ce qui les anime et qu’est ce qui les motive. Le deuxième thème portait plus sur la dévotion à la sainte Vierge.
Dispositions du cœur
Sur les coups de 10 h 30, nous entamons notre marche, la chaleur n’effraie pas tous ces jeunes qui, pour la plupart, sont habitués à vivre dans ces conditions. Cette marche est riche pour nous tous, je découvre les jeunes dans un cadre différent du foyer et j’apprends à mieux les connaître. Je me rends compte de leurs valeurs, de leurs qualités ; ils ne sont pas tous doués pour les études mais ils ont de surprenantes dispositions du cœur.
À midi vient l’heure du repas khmer, « Num ban chok », des nouilles de riz accompagnées de poisson. Facile à cuisiner et très apprécié. Je ne vous cache pas que j’ai eu besoin d’avaler un litre d’eau et un petit cachet de vitamine pour me préparer à la reprise. Je ne suis pas fait comme les Cambodgiens. Nous avons poursuivi avec une sieste, puis nous avons écouté Mgr Olivier Schmitthaeusler pour un temps d’enseignement sur la sainte Vierge, nous évoquons le chapelet et les raisons d’une telle dévotion.
La reprise de la marche se fait une heure après avec un chapelet pour donner le rythme.
L’après-midi fut plus chaude que la matinée. Tous les aumôniers se
sont montrés présents pour rencontrer les jeunes sur le chemin, prendre le temps de discuter avec eux et, bien sûr, plaisanter pour garder les jeunes motivés.
Ce n’est pas un pèlerinage en silence comme j’ai pu en avoir l’habitude, celui-ci était orienté vers le partage avec les jeunes plus que sur le silence et le dialogue intérieur avec le Seigneur. Nous prenons les jeunes là où ils en sont et j’ai trouvé cela très beau.
En lien avec la France
Nous arrivons fin d’après- midi sur le lieu du mémorial. Un temps libre est laissé aux jeunes pour préparer les tentes et se reposer un peu pendant que les séminaristes s’animent pour préparer une veillée de prière à la manière de la communauté de Taizé.
Pour la petite histoire, plusieurs jeunes Cambodgiens sont envoyés chaque année par les trois diocèses du C a m b o d g e pour se former à Taizé, en Bourgogne. Cela leur permet de découvrir des chrétiens de divers endroits du monde, de suivre des catéchèses et de visiter la France.
Cette soirée fut pour moi l’occasion de découvrir les prières de Taizé. Et quelle joie de pouvoir chanter dans d’autres langues que le khmer, cette soirée fut une belle action de grâce pour la journée écoulée et tous les jeunes se sont montrés priants.
Le dimanche au matin, nous nous sommes réveillés aux aurores avec un petit-déjeuner à la khmer, un Bobor, une excellente soupe de riz. Suite à cela, nous nous lançons dans la préparation du lieu pour la messe. L’évêque nous fait une belle homélie pour les jeunes et sur les martyrs en les présentant comme des exemples à suivre pour l’église du Cambodge.
Après la messe, nous voilà réunis pour l’obligatoire photo de groupe. Photographie prise, l’heure est aux au revoir. Nous remercions l’évêque, l’équipe d’organisation puis direction les vans pour rentrer à Phnom Penh. Encore un superbe évènement avec le vicariat de Phnom Penh qui nous laisse des souvenirs à tous.
Par Jean-Thomas, volontaire MEP