Aventures missionaire

Vers l’ouverture de l’hôpital Sainte-Anne

Publié le 07/03/2019




Je souhaite vivement que cette année 2019 voie enfin l’ouverture tant attendue de l’hôpital Sainte-Anne, après des années de labeur. Je crois que cela devrait être le cas !

Chers amis, en ce dimanche 13 janvier d’une nouvelle année, le temps de Noël se termine avec la fête du baptême du Seigneur ! Nous entrons dans le temps dit « ordinaire » pour les chrétiens qui n’est pas, pour autant, un temps de démobilisation, loin s’en faut.

Le temps qui nous est donné va être, en ce qui me concerne, un temps « extraordinaire » avec l’ouverture prévue de l’hôpital Sainte-Anne. Sur les sites de nos associations vous avez, peut-être, regardé le film de l’hôpital vu du cielqui donne l’impression que c’est presque terminé. Cela l’est en ce qui concerne le gros œuvre, c’est-à-dire l’en- semble des structures qui, une fois aménagées, permettront l’ouverture. Il reste toutefois d’importants travaux de finitions : la pose de carrelage, la distribution électrique intérieure relativement complexe, la pose des différents sanitaires et, bien sûr, la mise en place de tout le matériel chirurgical et médical nécessaire. Tout cela va encore prendre du temps et ce n’est pas si simple ! Lorsque l’hôpital sera ouvert, nous n’en aurons pas pour autant terminé car il faudra construire le pôle mère/enfant avec une maternité, un service de gynécologie obstétrique et un autre de pédiatrie, la maison des religieuses soignantes et celle des coopérants pour le service comptable de l’hôpital. Ce film d’HSA vu du ciel présente mieux que des photos la configuration délicate de l’ensemble du terrain et les options prises dès le début du projet pour le rendre viable, ce qui a pris quelques années. Pour un projet d’une telle ampleur qui veut s’inscrire dans la durée, il n’y avait pas d’autres solutions au risque de mettre en péril les infrastructures à venir.

Nos amis architectes

Dans ma lettre de janvier 2018, j’avais envisagé l’hypothèse d’une ouverture pour ce tout début d’année. C’était sans compter avec les aléas de tous ordres qui, au fil des années, retardent l’échéance. On ne doit pas s’en désoler puisqu’il est impossible de faire autrement. Il suffit d’être là, de ne pas perdre patience, de nous réjouir qu’il n’y ait pas eu cyclones ! Et de poursuivre inlassablement, ce que nous faisons.

L’absence d’aléas climatiques majeurs nous a facilité la tâche pour terminer ce que nous avions prévu de faire : les deux derniers pavillons, l’important bâtiment des garages/atelier/ lingerie/logistique et l’imposant plateau technique avec ses deux blocs opératoires et tous les services nécessaires pour leur fonctionnement. C’est le plus grand bâtiment de tout l’hôpital. J’étais inquiet pour sa charpente car, avec l’expérience, j’ai constaté qu’il aurait bien fallu une année et demie voire deux pour la faire, quel que soit le nombre de charpentiers. Ce souci a été résolu grâce à nos amis architectes, Évelyne et Jacques Péré, qui nous ont apporté l’aide d’une société de bois en Vendée à Sainte-Florence. C’est l’entreprise Piveteau qui nous a offert l’importante quantité de bois nécessaire. Une autre société, l’entreprise Boussiquet, qui fabrique des charpentes en Touraine, a fabriqué notre char- pente en sept heures un samedi matin… grâce au travail du nouveau patron, Monsieur Roullet avec trois de ses employés Loïc, Cyril et Grégoire, avec une machine et un logiciel à partir des cotes précises prises au millimètre près par Jean- Noël, notre chef maçon. Il a suffi ensuite de l’envoyer par un container bien rempli  par les bons soins, toujours, de nos amis d’ATM à Sars Poteries dans le Nord. Le résultat est impressionnant ! En un mois et demi, Yvan Chevallier, un jeune charpentier de Savoie, venu pour cela, l’a montée comme un mécano avec mes ouvriers. J’ai été touché par une telle amitié et une si belle solidarité dans un esprit de simple gratuité ce qui m’encourage vivement à le partager avec vous.

Prêter main-forte

Dans des lettres antérieures, j’aimais vous parler de toutes les personnes de France métropolitaine et de La Réunion qui venaient nous prêter main-forte, toujours dans un même élan d’amitié et de solidarité, et apporter leur savoir- faire pour des travaux pour lesquels nous ne trouvons pas les compétences sur place. Je ne le fais pas cette fois-ci tant le mouvement s’est amplifié. Pendant toute l’année passée, il y a eu quelqu’un venu de l’ex- térieur quasiment en permanence et cela continue jusqu’à maintenant.

Le moment fort de l’année 2018 a été l’électrification de l’hôpital. Vous vous souvenez que nous sommes à 5 km de la ville de Mananjary et qu’il n’était pas possible de nous brancher sur le réseau qui, de toute façon, n’aurait pas pu nous donner l’énergie nécessaire avec ses délestages et ses pannes fréquentes. Depuis 2012, le projet de production d’énergie et de sa distribution à tout l’hôpital avec l’ONG Électriciens Sans Frontières est devenu réalité. Il aura encore fallu deux missions d’ESF de plusieurs semaines de septembre à novembre pour mener à bien ce projet d’électrification. C’est fait ! Encore une étape considérable de franchie dans un pays où les problèmes d’énergie sont permanents. Difficile ici, de décrire la complexité de l’installation et la qualité à la fois du matériel fourni par nos amis d’ESF et de leurs compétences. Des moments de dur labeur mais aussi de franche amitié pour un projet qui ne laisse personne indifférent une fois la tâche terminée. Nos amis d’ESF avaient décidé qu’un tel site nécessitait un service d’incendie à la hauteur des installations sur l’en- semble de l’hôpital. Ils nous ont envoyé le matériel de qualité depuis la France et viendront probablement en avril prochain pour finaliser l’installation. Pour comprendre la complexité d’un projet dans sa phase terminale je vous invite une nouvelle fois à aller regarder nos sites et prendre ainsi la mesure de ce que nous faisons ensemble depuis des années et dont la concrétisation se profile enfin à l’horizon.

Du 10 au 15 décembre, la fondation Rotary de Chicago aux États-Unis a dépêché un ambassadeur pour un audit. Il s’agit de la procédure habituelle de la fondation lorsque des fonds importants sont débloqués. C’est le cas avec notre projet HSA puisque la fondation, avec le club Lafayette de Metz et celui d’Ivandry à Antananarivo, avait accepté le soutien de ces deux clubs Rotary pour financer l’appareil de radiologie numérique, les appareils de stérilisation, d’autres matériels pour le service de chirurgie et de médecine, tous les appareils de laboratoire (plus d’une quinzaine) qui nous permettront de faire les examens complets en bactériologie, biochimie, immunologie et sérologie. Seule l’anatomo-pathologie dernier volet d’un laboratoire complexe, engagerait l’hôpital Sainte-Anne bien au-delà de ce qui est possible. Le laboratoire va ainsi permettre néanmoins à beaucoup de gens de ne plus avoir à aller à Fianarantsoa (près de 200 km) ou à la capitale à 500 km. On comprend aisément le service ainsi rendu pour les plus démunis et qui jusqu’ici ne pouvaient même pas imaginer bénéficier de tels examens. L’hôpital public de Mananjary qui a un laboratoire est limité dans les examens qu’il peut faire. Sou- cieux d’une franche collabora- tion entre le public et le privé (HSA) à laquelle nous réfléchissons déjà avec notre médecin inspecteur (représentant du ministre de la santé dans notre région) dans un esprit de collaboration, nous mettons déjà tout en œuvre pour que la population perçoive ces différentes structures sanitaires comme un exemple de complémentarité pour le bien de tous. Rien n’est simple… mais j’ai plutôt bon espoir d’y arriver… dans le temps !

C’est le docteur Klaus, de nationalité allemande, pédiatre et urgentiste en pédiatrie, très engagé au Ghana qui est venu comme ambassadeur dépêché par la fondation Rotary. Il était accompagné de son gendre, le docteur Bastian, chirurgien. Tout s’est parfaitement bien passé car ils étaient à l’aise en français. Nous avons passé beaucoup de temps sur le site HSA pour une visite détaillée des infrastructures et un approfondissement de la philosophie et la spiritualité du projet HSA. Nous avons ensuite visité l’hôpital public avec le médecin inspecteur, où tout le monde comprend sans arrière-pensée qu’il ne peut pas y avoir d’esprit de concurrence tant les besoins sont immenses. J’étais très heureux de cette visite qui, si elle était tout d’abord de travail, était tout aussi amicale. J’ai été vivement encouragé et je pense pouvoir compter sur nos amis du Rotary pour qu’ils me soutiennent lorsque nous construirons le pôle mère/ enfant une fois que l’hôpital fonctionnera.

La Divine Providence faisant toujours bien les choses, nos amis médecins allemands étaient là lorsque l’entreprise de la capitale terminait l’installation de l’appareil de radiologie numérique et du laboratoire. Nous avons pu ainsi faire des essais en temps réel. La patiente était la mère du chauffeur de l’évêque, ma cuisinière lorsque j’étais en brousse à Nosy-Varika. Joséphine a fait un AVC il y a quatre ou cinq ans avec perte de la parole et le côté droit paralysé. Elle est devenue complètement impotente à la suite d’une chute en avril 2018. La radiologie de l’hôpital public fonctionne mal ou pas du tout comme en ce moment. La radiographie numérique d’HSA, confirmée par le docteur Bastian, notre ami chirurgien, montre que le col du fémur du côté paralysé est bien cassé. Moment d’émotion mais aussi de peine pour nous car cette dame souffre. Nous allons voir avec son fils ce que nous pouvons faire… à Antsirabe à 400 km où un chirurgien orthopédiste pose des prothèses.

Voilà, chers amis, tout cela nous encourage, ensemble, même s’il reste beaucoup à faire en cette année 2019 ! L’installation des fluides médicaux, projet soutenu par nos amis de PHI Anjou (Pharmacie Humanitaire Internationale) est à moitié terminée comme la station d’épuration biologique de nos amis de l’Adrar (sans doute la première à Madagascar). Un très gros travail devrait être engagé dans les prochaines semaines. Il s’agit de l’isolation par laine de verre et revêtement de Placoplatre de la moitié du plateau technique pour que les machines qui doivent climatiser, renouveler l’air et le mettre en surpression (les blocs opératoires et locaux dépendants) ne soient pas anormalement sollicitées dans la zone tropicale humide et chaude qui est la nôtre. Les matériaux qui sont à notre charge sont déjà sur place. Un don nous a également été fait de tissu de verre pour les murs et de la résine pour les sols puisque le carrelage est désormais prohibé en Europe pour lutter contre la prolifération des bactéries. L’année 2019 sera également lourde financièrement car ces machines d’aseptisation des blocs sont à notre charge et il nous faut être aux normes même si je vois qu’en certains lieux ici il n’en est pas ainsi. Nous avons effectué un gros travail depuis octobre dernier avec Jacques Péré, notre ami architecte, puisque d’un devis de 192 000 euros, nous avons pu faire baisser la facture à 105 000 euros pour des machines de qualité fabriquées en France et qui seront montées par leur filiale qui se trouve ici dans la capitale. Il me reste chers amis, à vous dire combien je vous suis redevable car sans vous nous ne pourrions rien faire et sans doute pas mener à bien ce beau projet. Alors, encore une fois, merci de votre générosité et de votre amitié ! Me sentir ainsi soutenu rend acceptable la solitude de certains jours et me fait être à la tâche inlassablement chaque jour et fidèlement comme vous pour le projet qui est devenu le nôtre à tous ! Je vous souhaite une belle et bonne année même si des « turbulences » toujours plus violentes agitent le monde, notre pays la France… et Madagascar d’autres manières !