Chêne de Meudon avec les aspirants MEP

Publié le 08/01/2024




Les aspirants MEP se sont rendus en pèlerinage le 6 janvier 2024, sur les traces de leurs aînés du séminaire de Bièvres. Dans l’actuelle paroisse de Viroflay, ils ont médité devant l’arbre de Notre Dame des Aspirants qui a une histoire particulière avec les MEP.

Chêne de MeudonCette promenade et ce recueillement devant l’arbre de Meudon nous ont conduits à nous pencher sur la symbolique de l’arbre. J’ai aussitôt pensé au premier chapitre de la Genèse. Dans la Bible, l’arbre est, avant tout, le signe de la vie.

 

L’arbre de vie

Dans l’Exode, juste après la défaite des Égyptiens lors de la traversée de la mer et alors que le peuple d’Israël a soif et réclame de l’eau, que donne l’Éternel à Moïse ? Un morceau de bois. Il le jette dans l’eau et l’eau devient potable, source de vie : et c’est là que les fils d’Israël campent, près de « douze sources et soixante-dix palmiers ». Dans le livre des Proverbes, la sagesse est décrite comme un arbre qui donne la vie. « Cherchez-vous la vie ? Regardez les arbres. » Jésus, lui-même, nous l’apprend dans l’évangile de Matthieu, en parlant du figuier : « Dès que ses branches deviennent tendres et que ses feuilles sortent, vous savez que l’été est proche » (Mt 24, 32). Là où il y a du bois, il y a de la vie. Toute l’histoire du Salut s’articule autour de ces trois arbres : l’arbre de la vie, l’arbre de la Croix et l’arbre du royaume de Dieu. Dans la Genèse, l’orgueil de nos premiers parents les a coupés de l’arbre de vie, l’arbre de la Croix nous a rendu le chemin de l’immortalité et, ainsi, aussi subtilement et patiemment qu’une petite graine de moutarde, le règne de Dieu a commencé à s’enraciner dans ce monde.

 

La Vierge des aspirantsmissionnaires

L’histoire des MEP tourne également autour de ces trois arbres. En 1855, les aspirants installés dans la maison de Meudon arpentaient le massif forestier tout proche. Ils choisissent un beau chêne en lisière de la forêt de Meudon, sur la commune de Viroflay, et y fixèrent une niche contenant une statuette de la Vierge, appelée Notre Dame des Aspirants-missionnaires. Ils prirent l’habitude d’y venir prier et chanter les jours de promenade.

Puis, en 1859, une grave épidémie de choléra fit des ravages parmi la population de Chaville et Viroflay. Le curé de Viroflay implora la Vierge et l’épidémie cessa. Dès lors, les processions affluèrent au chêne de la Vierge. La paroisse de Viroflay prit le nom de Notre-Dame-du-Chêne. Pour nos prédécesseurs, la Vierge de Viroflay n’était plus tout à fait « leur » Sainte Vierge. En 1872, ils cherchèrent un coin plus isolé et, sur un chêne du bois de Verrières, ils fixèrent la statuette de la nouvelle Notre Dame des Aspirants. C’est là que, le 13 août, ils célèbrent Notre Dame des Aspirants. Mais les drames s’acharnent sur cet arbre. En 1879, la veille du 13 août, trois aspirants sont blessés par des coups de feu tirés par un braconnier dans le bois de Clamart. L’année suivante, la statue est attaquée à coups de pierres. S’ensuit une décennie de profanations anonymes et de pieuses réparations, jusqu’à ce qu’enfin, en 1888, l’arbre controversé de Verrières soit abandonné au profit de l’arbre que nous avons sous les yeux. Celui-ci ne sera pas non plus épargné : « Le 31 août 1888, lors de l’inauguration même de la statue de Notre Dame ici, un garde du bois avait vu de mauvais oeil les aspirants s’installer dans cette partie de la forêt. Il voulut détruire la statue et tira contre elle quelques coups de fusil. Le châtiment qui le frappa fut terrible : quelque temps après, sa femme mit au monde un monstre et lui-même mourut misérablement l’année suivante dans un hospice de Paris », écrivait un journaliste en 1936. Sous le ministère Combes, les réunions près du chêne cessèrent. Les aspirants transportèrent la statue au séminaire de Meudon. Elle disparut, réapparut. En mars 1942, lorsque la région fut occupée par les Allemands, la Vierge fut « tenue en captivité ». Un aspirant courageux osa demander au Kommandant le retour de la Vierge. Ce qui lui fut accordé. À son retour au séminaire de Meudon, les séminaristes écrivirent une sorte de pièce de théâtre assez touchante, mais excentrique, qui célébrait la grande histoire de Notre Dame du Chêne, reine des Aspirants, dans laquelle sont évoqués plusieurs cantiques écrits par des aspirants en son honneur. Dans ce texte, les séminaristes identifient la captivité de la statue à la solidarité de la Vierge avec la France occupée et promettent de ne jamais oublier son incessante intercession : même « dans les forêts de Saxe », « dans les neiges de Dantzig » ou « dans les camps de Misère ». En 1945, la statue est remise en place et inaugurée solennellement. Jusqu’à la fin, ce fidèle chêne a accompagné le séminaire de Bièvres pour divers offices et dévotions, des promenades spontanées, et même certaines cérémonies d’initiation.

Enfin, en 2024, un groupe hétéroclite de « voyous de la rue du Bac », comme on surnommait jadis les séminaristes, s’y est également rendu en pèlerinage. Dans le tumulte des siècles et des difficultés, Notre Dame des Aspirants est toujours restée un fidèle intercesseur pour ses fils, aussi solide et pérenne que ce vieux chêne.

 

Ecrits inspirés de différents documents et archives des MEP

par Joseph Babcock, séminariste MEP

 

 

 

 


CRÉDITS

MEP