Le Temple de Longshan est dédié à Guanyin (déesse bouddhiste de la compassion) à des divinités taoïstes et à des divinités antiques faisant partie du panthéon de la religion populaire chinoise.
C’est le plus ancien et plus important temple de Taïwan. Il a été fondé par des Chinois originaires du Fujian (province du sud de la Chine) installés à Taïwan depuis du 17e siècle. En 1738, ils acheminent une statue de Guanyin d’un temple du Fujian jusque Taïpei, pour s’assurer la protection de la déesse de leur terre d’origine. Des fonds sont rassemblés afin de construire un temple pour abriter la déesse.
Pendant la seconde guerre mondiale, les résidents du quartier se réfugiaient sous la base en lotus de la statue. Le bâtiment principal fût détruit par un bombardement, mais la statue de Guanyin resta indemne. Interprété comme un signe de la puissance de la déesse, cela contribua à la popularité actuelle du temple.
Les fidèles viennent offrir de la nourriture, des reproductions d’objets du quotidien, du papier d’argent et de l’or pour les divinités qu’ils souhaitent honorer ou questionner. Chaque divinité veille sur un domaine particulier : l’accès à la propriété, la réussite scolaire, l’amour… Dans ce temple, les Taïwanais pratiquent aussi la divination. En plus des autres pratiques, l’encens offert et déposé dans le porte encens exprime le respect dû à la divinité. Selon un modèle typique de l’architecture chinoise, le temple est composé d’une enceinterectangulaire, de trois portes d’entrée, de tourelles abritant cloche et tambour et d’une succession de pavillons.
Les bâtiments sont construits en pierre, coiffés de charpentes en bois recouvertes de tuiles vernissées. Le bâtiment principal, représenté ici, est couronné d’un toit avec un magnifique décor représentant des dragons (symbole de la puissance et de bonne augure), des singes (intelligence et espièglerie) et des phénix (beauté, paix et prospérité). Il est soutenu par quatre piliers sculptés en forme de dragons tourbillonnants.
Au carrefour d’une histoire et d’influences culturelles millénaires, la « religion » du monde chinois se décline au pluriel. Le concept de « religion populaire chinoise » englobe à ce titre des influences spirituelles ayant traversé plusieurs pays de l’aire asiatique, dont toutes les formes s’avèrent l’expression d’une cosmologie commune.
Elles sont étroitement imbriquées aux doctrines qui ont imprégné l’histoire impériale de la Chine, à savoir les « trois enseignements » (sanjiao) : confucianisme, taoïsme et bouddhisme. La coexistence de ces traditions, les deux premières d’origine chinoise et la troisième d’origine indienne (diffusion en Chine à partir du 2e siècle), a été promulguée sous la dynastie Tang (618-907).
Par religion populaire chinoise, nous entendons l’ensemble des aspects de la vie religieuse locale et communautaire, caractérisée en chinois par la notion de minjian xinyang, littéralement « croyance populaire ». Cette tradition populaire est basée sur la croyance dans les esprits et les fantômes, la vénération des divinités issues de différentes traditions, ainsi que des héros de la mythologie chinoise. Le culte des ancêtres, expression de la vertu par excellence dans la culture chinoise (la piété filiale, xiao), fait aussi partie de cet éventail de croyances partagées.
Elle se traduit par différentes pratiques, qui ponctuent la vie de l’individu et de la communauté, comme par exemple les rituels de vénération des ancêtres, les pratiques de divination, la consultation des médiums et des diseurs de bonne aventure, les rites liés aux festivités et aux funérailles, l’exorcisme des fantômes…
Malgré les soubresauts politiques de la Révolution culturelle (1966-1976) qui ont pu freiner les pratiques religieuses, la période de la réforme économique chinoise des années 1980 a permis un renouveau de ces pratiques de croyance populaire favorisant une socialisation reposant sur l’appartenance à une communauté. Qu’il s’agisse de la Chine continentale, de Hong Kong ou de Taïwan, la vivacité quotidienne de ces traditions spirituelles dépasse le simple fait religieux pour s’inscrire dans un fait social total qui structure l’ensemble de la société.
La religion populaire chinoise est pratiquée dans tout le monde sinophone : en Chine, à Hong Kong et à Taïwan, mais aussi à Singapour et dans les pays avec une diaspora chinoise. Il est cependant très difficile d’estimer le nombre de ces pratiquants. Elle n’est souvent pas considérée comme une religion à part entière et donc n’est pas proposée dans les sondages. Ces pratiquants sont ainsi comptabilisés comme bouddhistes, confucianistes ou taoïstes.
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