Les vœux du P. Vincent Sénéchal, supérieur général des MEP

Publié le 16/12/2021




Lettre de Noël et de vœux pour 2022

À quelques jours de la célébration de Noël et donc du mystère de l’incarnation, si important pour notre foi et notre spiritualité missionnaire, je suis heureux de vous rejoindre, chers confrères, chers séminaristes et chers amis lecteurs et lectrices pour regarder quelques instants avec vous ce que nous avons vécu en 2021, pour partager quelques nouvelles et pour vous exprimer mes vœux pour 2022.

Noël nous ramène chaque année à ce mystère de Dieu, l’Infini, l’Absolu, qui rejoint nos fragilités et nos limitations par amour. Cet abaissement de Dieu qui se revêt de notre humanité éclaire notre propre expérience de missionnaires MEP, vécue dès les trois premières années de formation dans le pays où nous sommes envoyés, années durant lesquelles patiemment nous naissons à un peuple et à sa culture.

À Noël, c’est également Dieu qui franchit la distance pour se faire proche, pour devenir notre frère en humanité. Ce mystère est à méditer particulièrement au terme de cette année durant laquelle la pandémie a distendu les liens entre tous. Pour nous, confrères d’une même Société, nous n’avons pu nous rencontrer en présentiel ni pour les deux derniers Conseils pléniers, ni pour les Sarmep jeunes et généraux, ni pour les retraites ou certaines réunions de groupes missionnaires. Nous y réfléchissions en Conseil permanent récemment : l’enjeu des liens de confraternité à resserrer entre nous confrères MEP est majeur pour 2022. L’Assemblée générale de l’été y contribuera à n’en pas douter. Mais nous nous disions en Conseil que cela ne suffit pas. Et c’est ainsi que nous avons décidé d’inscrire dans l’agenda de certains de nos Conseils de janvier à juin une visio-conférence tour à tour avec chacun des responsables de groupe missionnaire. Quelques visites sont aussi prévues, pour ma part en Thaïlande (janvier) et au Japon (février). Enfin, ayant en tête qu’il est du devoir du Supérieur général de visiter chaque confrère de la Société durant le mandat de 6 ans, les membres du Conseil m’ont aussi suggéré de prendre le temps d’une bonne conversation téléphonique ou d’une visio-conférence avec tous les confrères qui n’ont pas pu être visité officiellement par mon prédécesseur Gilles Reithinger durant ce mandat 2016-2022.

Oui, nous avons besoin de resserrer nos liens confraternels. A cet égard, nos réunions de formation permanente, les fameux SARMEP, même en visio-conférence, sont importants. Le partage entre nous n’est pas une perte de temps. Pour conclure sur ce thème de la confraternité MEP, j’aimerais mettre en lumière un acte généreux récent que j’ai particulièrement admiré : un confrère a donné un de ses reins à un autre confrère dialysé depuis plusieurs années, ce qui a permis à ce dernier de retrouver une qualité et une espérance de vie qui s’étaient réduites. Cette générosité est inspirante.

Toujours dans l’optique de resserrer nos liens, je vous partage quelques nouvelles des groupes missionnaires, entendues il y a quelques semaines lors du dernier Conseil plénier.
Au Japon d’abord, le pays a été fier d’accueillir les Jeux olympiques. Ceux-ci ont cependant été la cause d’une recrudescence de la pandémie et certaines paroisses ont semble-t-il accompagné la fermeture sanitaire de l’Église au-delà de ce qui était demandé. Quelques initiatives missionnaires ont cependant surgi. « La crise révèle les pasteurs que nous sommes », disait un confrère. Ce groupe missionnaire est très heureux de l’affectation de Luca Benzo, nouveau diacre, qui devrait les rejoindre en 2022. En Corée du Sud également, des initiatives ont été prises pour les pauvres : distribution de nourriture près de la Cathédrale de Séoul ; soin des étudiants qui ne mangent qu’une fois par jour ; lieu de refuge ouvert par des religieuses pour des jeunes en fugue. Notre confrère Pierre Duc Tin a pu retourner dans le pays après un congé en France. À Hong Kong, l’anesthésie due au Covid et la loi de sécurité nationale ont poussé certaines familles à émigrer, en particulier au Royaume Uni. Le nouvel évêque a été installé en décembre et pour ce qui concerne les MEP, un rapprochement entre les groupes missionnaires Chine et Taïwan s’est opéré depuis quelques années. A la faveur de ce rapprochement, Jean Lucas et Joseph de Dinechin ont demandé à rejoindre le groupe de Taïwan. Suite à l’élection d’Etienne Frécon au Conseil permanent, ce groupe a élu un nouveau responsable : Stanislaus Iradayaselvam, tout comme au Cambodge où François Hemelsdael a pris la suite de Damien Fahrner. Dans ce dernier pays, la dynamique synodale voulue par le Pape François est enclenchée. Notre confrère François Ponchaud se prépare à revenir en France. Au Vietnam, le décès de Jean-Baptiste Etcharren, qui était très consulté, laisse beaucoup « orphelins ». En Thaïlande, si la pandémie a comme ailleurs anesthésié la vie de l’Église, des initiatives de partage de la Parole de Dieu via les réseaux sociaux ou de charité comme la distribution alimentaire et le soutien aux réfugiés birmans sont à noter. L’Église locale a commencé sa réflexion sur la synodalité. Comme à Taïwan et au Cambodge-Vietnam, le groupe missionnaire de Thaïlande-Birmanie-Laos a élu un nouveau responsable. Il s’agit de Brice Testu, qui succède à Nicolas Lefébure. J’en profite pour remercier chaleureusement chacun des confrères qui viennent d’assumer un mandat de responsable de groupe. C’est un beau service, lourd et exigeant. Merci à eux. Guillaume Lepesqueux, qui est en mission au Laos, a fini par pouvoir prendre son congé en France. Trois des quatre confrères de Birmanie ont aussi pu le faire et repartir, non sans difficultés. La situation dans ce pays est très difficile, l’Église désemparée, pour ne pas dire désespérée. Il faut saluer la ténacité dont font preuve tous nos confrères. Dans le diocèse de Mandalay, l’évêque a confié une lourde responsabilité à Olivier Prodhomme avec le suivi de projets humanitaires et pastoraux. A Singapour, la vie est presque normale car la population a appris à vivre avec le Covid. selon le responsable du groupe Paul Phong. L’Église locale célèbre ses 200 ans. C’est une année de relecture du passé et d’action de grâce pour les missionnaires venus porter l’évangile, les MEP étant mis à l’honneur. En Indonésie, un peu comme en d’autres pays, la pandémie a ralenti la vie de l’Eglise, regrette un confrère. Les confrères de l’Inde entrent et sortent du pays selon les possibilités de visa et les congés. Le fonctionnement de la Délégation mise en place Ad experimentum depuis février 2021 sera à évaluer en vue de l’Assemblée générale. À Madagascar, les diocèses où se trouvent nos confrères connaissent des chantiers de construction nombreux. L’hôpital de Jean-Yves Lhomme sera inauguré par le président de Madagascar en janvier. Le Cardinal Piat de l’Ile Maurice, intéressé par le volontariat MEP, est heureux d’accueillir quelques jeunes volontaires MEP pour la première fois. Le Cardinal a souligné combien il apprécie l’action des confrères MEP dans son diocèse.

Pour prolonger ces nouvelles, du côté de la relève, les seize aspirants et neuf propédeutes ont bien démarré l’année. Les ordinations de Jérémy Favrelière et Geoffroy de Boissezon (prêtres) et de Luca Benzo (diacre) en 2021 leur ouvrent la voie.

Comme nous venons de le voir, en 2021 et ce sera le cas encore en 2022, « joies et espoirs, tristesses et angoisses » (cf. Gaudium et Spes n.1) se sont mêlées dans nos vies individuelles comme dans la vie de notre Société, de l’Église et du monde. Parmi les tristesses, comment ne pas évoquer en France les résultats du rapport de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise). Nous avons décidé de créer un groupe de travail qui se penchera sur les 45 recommandations du rapport pour mettre à jour notre charte de déontologie pastorale MEP et faire des propositions en juillet à l’Assemblée générale de notre Société.

Cette Assemblée sera, et nous pouvons d’ores et déjà prier pour cela, un moment ecclésial fort. Ce sera l’occasion d’une relecture et d’une évaluation de la façon dont nous vivons la mission de Société au cœur des peuples d’Asie et de l’océan Indien, d’un discernement de ce que le Seigneur et l’Église nous appellent à transformer ou adapter pour être toujours plus fidèles à cette mission. Il nous faudra lire ensemble les « signes des temps à la lumière de l’évangile » (Gaudium et Spes n.4).

Chers amis, le Conseil permanent se joint à moi pour vous saluer et souhaiter à chacun une bonne année 2022. Notre vie et le temps dont nous disposons sont dans les mains du Seigneur qui est entré dans le temps pour nous donner une vie pleine (Jn 10,10), c’est-à-dire nous introduire à la communion avec le Père et entre nous. Que 2022 soit pour chacun et chacune une année de vie en abondance.

Cordialement en Christ,
Père Vincent Sénéchal
Supérieur général MEP