Louis : Transmettre la foi au peuple de Dieu

Publié le 28/08/2023




Louis Chauvière sera ordonné diacre pour les MEP en vue du sacerdoce, le samedi 2 septembre 2023, en l’église Saint-Séverin par Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris. Il recevra ce jour-là son pays de mission.
Louis Chauvière

Louis Chauvière.

En 2015, Louis était un jeune ingénieur agronome en poste depuis un an en Belgique. Croyant fervent et pratiquant, il avait rejoint un groupe de jeunes professionnels de la paroisse. Un jour, juste avant l’adoration eucharistique avec son groupe, il croise le frère Mickaël Marie qu’il ne connaît pas et qui lui demande s’il est séminariste ; « non », répond-il; «as-tu déjà pensé à le devenir ? » La question est déroutante mais Louis admet « oui » ! En effet, la prêtrise est un projet qu’il porte dans son cœur depuis toujours. « La question était ouverte depuis que j’ai préparé ma première communion, mais je n’étais pas prêt à y répondre jusqu’à ce jour. »

Louis est né à Versailles, quatrième d’une famille profondément catholique de sept enfants qui le fait baptiser peu après sa naissance. Son père est responsable de site, sa mère, une assistante sociale, est au foyer pour élever ses enfants. Il grandit à Versailles et suit sa scolarité dans l’Enseignement catholique. Sa famille fréquente la paroisse Notre-Dame-des-Armées, où il suit le parcours de catéchisme du mercredi, en plus de la catéchèse de l’école. À six ans, il prépare sa première communion. Cet événement marque un tournant dans sa foi, il ressent à ce moment l’importance des sacrements et de la mission du prêtre chargé de les apporter au peuple de Dieu. Dès l’âge de 7 ans, il rejoint avec plaisir le groupe des enfants de chœur, un rôle qu’il ne quittera jamais vraiment.

 

Des études au monde du travail

Au lycée, Louis part tous les étés avec un groupe de jeunes chrétiens qui organisent des camps itinérants accompagnés par un prêtre, c’est ainsi qu’il approfondit sa foi et qu’il visite plusieurs pays d’Europe. À cette période, il pense régulièrement à intégrer le séminaire – en fait, l’idée ne l’a jamais vraiment quitté depuis sa première communion – mais à l’âge où les grandes questions sont facilement mises de côté, il n’est pas assez mûr pour franchir le pas. Pendant les cours, les sciences le passionnent, il aime particulièrement ce qui est en lien avec le vivant. Après le bac, il se décide pour une école d’ingénieur en agronomie car il souhaite « nourrir les personnes ».

En troisième année d’études, il part durant quatre mois au Pérou pour un projet de reforestation. C’est la première fois qu’il sort d’Europe, qu’il découvre une culture lointaine et qu’il apprécie de travailler concrètement à un projet de développement. L’année suivante, il part deux mois et demi à Madagascar pour un stage de riziculture/pisciculture. L’année d’après, il part en Nouvelle-Calédonie. Entre ses nombreux cours, les longues discussions sur les questions de développement et ses stages dans les pays lointains, il comprend que les actions n’ont pas beaucoup d’impact si on ne reste pas longtemps dans un pays. Il a le sentiment qu’il est possible d’améliorer les choses en profondeur, à condition de rester et de vivre sur les lieux où on exerce. Pendant ses études en France, il donne bénévolement de son temps pour faire du soutien scolaire à des collégiens en difficulté.

Une fois diplômé, il a l’audace de fonder son autoentreprise. Puis, il est embauché dans une société qui fournit des plateaux-repas et qui l’envoie d’abord au Maroc. Il rejoint ensuite la Belgique et travaille pendant deux ans à Bruxelles comme responsable qualité/ hygiène/sécurité. Après s’être investi à fond dans les études, il découvre, avec une certaine amertume, l’univers des grandes entreprises. Il a une très haute idée de la qualité, du service des clients et de l’exigence au travail. Il est bien souvent déçu d’un système qui réduit les normes de qualité à un argument commercial et qui cache les problèmes de l’entreprise dès qu’il y a un audit. Insatisfait, il réfléchit à changer de voie. C’est là que la question de la vocation revient dans son cœur.

 

Répondre à l’appel de Dieu

La rencontre avec le frère Mickaël-Marie, qui lui demande s’il veut entrer au séminaire, est le tournant décisif. Il y avait déjà eu auparavant des personnes qui lui avaient dit qu’il était fait pour devenir prêtre, mais il n’avait pas la disponibilité intérieure pour l’entendre. Cette fois, c’est différent, il ne peut plus écarter la question qui occupe son cœur depuis si longtemps. Louis réfléchit avec le frère Mickaël-Marie qui devient son père spirituel. Son désir est très bien accueilli par sa famille.

Devenir prêtre, oui, mais où ? Il habite en Belgique, il n’a guère de liens avec le diocèse de Versailles où il a grandi. Il a pris ses distances avec la Fraternité Saint-Pierre qui tenait la paroisse Notre-Dame-des-Armées, à Versailles.

En cherchant sur Internet, il tombe sur un encadré sur le site des MEP qui donne une série de statistiques sur les chrétiens d’Asie, si peu de chrétiens pour une population si nombreuse ! Ces chiffres résonnent comme un coup de massue. Dans son métier, il est habitué aux indicateurs. « Les chiffres sont mon langage, le Seigneur m’a parlé avec des chiffres », dit-il simplement. Il se décide à contacter les MEP qu’il ne connaît pas, si ce n’est Théophane Vénard dont il avait lu la vie en BD. Le père Bernard de Terves, responsable des vocations, lui propose de passer un temps au Cambodge pour un tour des missions de ce pays, puis d’entrer en propédeutique.

Il se sent très vite à l’aise au 128 rue du Bac. Le temps est marqué par la liturgie des Heures, l’oraison et la messe quotidienne, des cours, des temps de service et des retraites. Il profite de cette année pour lire la Bible en entier. Il apprécie d’aller visiter les malades de l’hôpital Cochin tous les mercredis après-midi. Cela lui permet de rencontrer des personnes à l’extérieur du cadre de la propédeutique qui est un monde relativement clos, « un peu comme une année de retraite hors du monde ». Il passe également un mois à l’Arche, au contact de personnes handicapées auprès desquelles il découvre avec plaisir une simplicité des relations qui tranche avec les milieux très codés dans lesquels il a souvent évolué, où les apparences comptent. L’année de propédeutique confirme une décision déjà prise et il rentre au Studium Notre-Dame-de-Vie, près de Carpentras, dans le Vaucluse. Le voilà reparti pour cinq ans d’études : « Le séminaire, c’est un peu l’internat ! », reconnaît-il. Il doit suivre des cours, sanctionnés par des examens, des oraux, des écrits à rendre, etc. Louis a des facilités et possédait déjà une solide formation en catéchèse. Il découvre que ça n’est pas le cas de tous ses confrères séminaristes ! Au début, le rythme lui paraît plutôt lent, là où ses camarades ont l’air débordés de travail. D’autant plus qu’il y a beaucoup de séminaristes étrangers pour qui la langue française est récente. Faut-il l’avouer ? Il s’ennuie et se sent un peu seul durant la première année. Il s’investit alors pour aider les autres séminaristes et des étudiants asiatiques ou latino-américains dans leurs devoirs. Il lit beaucoup aussi. Il comprend que les moments de doute et les difficultés sont normaux; ils font partie du discernement.

À partir de la deuxième année, il trouve une grande joie dans les temps d’apostolat à l’extérieur. On lui confie une aumônerie de collégiens, il y découvre son goût de transmettre la foi. Il participe à des distributions d’aide alimentaire aux personnes démunies et retrouve un peu sa vocation de nourrir. Il apprécie aussi la vie de service et les temps de prière en commun, lui qui aspirait à la vie fraternelle.

 

Faire passer le message de Jésus

Louis est très marqué par la parabole des talents, qu’il a beaucoup méditée : « Dieu m’a donné des talents, qu’est-ce que j’en fais ? » il désire mettre au service des autres ce qu’il a reçu. Il est conscient d’avoir beaucoup reçu et d’avoir beaucoup à rendre. Il est convaincu qu’il y a du travail dans l’Église pour trouver la bonne façon de faire passer le message du Christ. Il ne sait pas encore vers quel pays il va être envoyé, mais, où qu’il soit, il souhaite transmettre la foi qui le fait vivre et qui est au cœur de sa vocation. La question de la pédagogie l’intéresse plus particulièrement. À travers ses différents apostolats, il y a déjà réfléchi vis-à-vis des jeunes et des autres étudiants. « Jésus était un spécialiste de la pédagogie, précise-t-il, il avait toujours des petites histoires à raconter, il installait une relation personnelle avec les gens qu’il rencontrait et prenait le temps de les accueillir tels qu’ils étaient et partait de leur vie là où elle en était. Il se mettait sur une barque dans une crique où l’acoustique était très bonne. Les recherches actuelles en pédagogie vont tout à fait dans ce sens-là. Nous avons un très beau message à transmettre, il faut être capable de le faire passer. L’appel des MEP à passer trois ans dans un pays pour apprendre la langue, la culture, l’histoire du pays, rentre dans ce projet-là de rencontrer l’autre là où il se trouve. »

 

 

Propos recueillis par Sophie Agueh

 


 

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CRÉDITS

MEP