IMPLANTATION DE L’EGLISE COREE 1840-1864
L’exécution des missionnaires étrangers et des principaux responsables chrétiens avait fait l’objet d’un cérémonial particulier destiné à impressionner la population en semant la terreur. Au nord du pays, la surveillance de la frontière a été renforcée et ce n’est qu’en 1842 qu’un Chrétien de l’ambassade, François Kim, parvient à faire connaître la nouvelle de la persécution à l’extérieur. En janvier 1845 l’un des trois séminaristes coréens, André Kim, ordonné diacre, revient secrètement en Corée pour quelques mois afin d’organiser l’arrivée d’autres missionnaires par la mer. Il retourne en Chine pour recevoir l’ordination sacerdotale et accoste le 12 octobre à Kang-Kyong avec deux prêtre français, Antoine Daveluy et Jean Ferréol, le nouveau vicaire apostolique.
Mais depuis la guerre de l’opium, les évènements de Chine ont éveillé la méfiance du gouvernement coréen. En 1846, l’amiral Cécile, commandant de la flotte française d’Extrême-Orient, aborde en Corée et transmet aux autorités une lettre demandant justice pour les trois français exécutés en 1839. André Kim, qui vient d’être arrêté en possession de cartes marines au cours d’une mission de reconnaissance sur la côte sud, est aussitôt accusé d’intelligence avec les « barbares occidentaux ». Il est exécuté, en tant qu’ennemi de l’Etat, le 16 septembre 1846, selon le même cérémonial que les missionnaires. Désormais, en Corée comme en Chine, la persécution se politise et les Chrétiens seront considérés comme les complices des envahisseurs étrangers.
En 1848 le deuxième séminariste coréen, Thomas Ch’oe, ordonné à Shanghaï, réussit à franchir la frontière du Nord. Le christianisme continue à se développer dans tout le pays, et surtout au Sud, grâce aux nombreux catéchistes qui assistent les trois prêtres présents en Corée. En 1853, l’année où meurt prématurément Mgr Férréol, plus de 12000 Chrétiens ont été visités et 460 adultes baptisés. Le quatrième vicaire apostolique, Mgr Siméon Berneux, arrive par la voie maritime le 15 mars 1856 avec deux nouveaux missionnaires, Charles Pourthié et Alexandre Petitnicolas qui seront chargés du premier séminaire fixe installé à Pae-Ron. Le plus ancien des prêtres français, Antoine Daveluy, nommé coadjuteur écrit plusieurs ouvrages de catéchèse, commence un grand dictionnaire sino-coréen et rédige à partir des notes laissées par ses prédécesseurs la première histoire de l’Eglise de Corée. Une imprimerie clandestine est lancée à Séoul. À la fin de 1859, 16700 chrétiens ont été visités et 2000 catéchumènes se préparent au baptême.
Durant ces années de relative tranquillité, le gouvernement semble ignorer les Chrétiens qui restent cependant soumis à la jalousie et à la cupidité de voisins païens ou de mandarins locaux. En dix ans, huit nouveaux missionnaires français entrent en Corée. Quatre d’entre eux auront le temps de mourir de mort naturelle avant que n’éclate la dernière persécution.