DE NOUVEAU LA PERSECUTION COREE 1864-1884
Le 15 janvier 1864, le roi Ch’ol-Chong meurt sans héritier après quinze ans d’un règne placé sous le signe de la modération. La reine douairière Cho s’empare de la régence et rappelle au pouvoir le parti ultra conservateur qui avait déclenché la persécution de 1839. En juin 1865 quatre nouveaux missionnaires Just Ranfer de Bretenières, Louis Beaulieu, Pierre Dorie et Luc Huin arrivent en Corée où la situation sociale et politique commence à se dégrader. Tandis que le mécontentement populaire s’accroît et que les exactions contre les chrétiens se multiplient, les Russes font pression au Nord pour obtenir la liberté de commerce avec la Corée. Trois chrétiens de Séoul, Thomas Kim, Thomas Hong et Antoine Yi, proposent alors au conseil de Régence une alliance avec la France et l’Angleterre, et la médiation des deux évêques français, en échange de la liberté religieuse. Tenté un moment par cette solution, le gouvernement fait brusquement volte-face et revient à une politique de fermeture totale. Les anciennes lois anti-chrétiennes sont réactivées et appliquées dans toute leur rigueur.
Les missionnaires de Séoul, Siméon Berneux, Just de Bretenières, Louis Beaulieu et Pierre Dorie sont les premiers arrêtés en février 1866. Ils seront décapités le 8 mars avec plusieurs responsables coréens. Entre temps, le 2 mars, Charles Pouthié et Alexandre Petitnicolas ont subi le même sort. Puis vient le tour d’Antoine Daveluy, Luc Huin et Pierre Aumaître en poste dans le Sud. Transférés à Séoul pour les interrogatoires d’usage, ils seront exécutés à Su-Ryong le 30 mars.
Seuls trois missionnaires ont échappé au massacre : Stanislas Féron, Adolphe Calais et Félix Ridel qui revient en Corée au mois de septembre suivant avec l’escadre française d’Extrême-Orient commandée par l’amiral Roze. Les Français débarquent à Kanghwa, incendient le palais royal et pillent la bibliothèque. Les représailles s’abattront sur les chrétiens Coréens et feront des milliers de morts, roués de coup, étranglés, noyés ou enterrés vivants, sans compter ceux qui mourront de misère et de froid dans les montagnes. En 1870 la Régence peut faire élever à Pyeong-Yang une stèle gravée en chinois qui proclame : « la secte perverse des Chrétiens est anéantie ».
Entre temps, Adolphe Calais a installé un camp d’accueil pour les refugiés et reconstitué un embryon de séminaire à la frontière nord, en Mandchourie. À partir de 1877 une nouvelle base d’attente s’ouvre à Yokohama, au Japon. Quelques missionnaires dont le nouveau vicaire apostolique, Mgr Ridel, rentrent clandestinement en Corée mais se font expulser. Enfin un édit royal du 12 juin 1881 annonce la fin des persécutions, prélude à la liberté religieuse qui sera proclamée en 1884. Les missionnaires retrouveront alors environ 12000 chrétiens sur les 20 000 recensés avant la persécution.