UNE LENTE CONSTRUCTION CHINE I
Les premières tentatives d’évangélisation de la Chine sont très anciennes. Au VII° siècle un moine nestorien venu de Syrie, Aloben, arrive à Chang-An (Shanxi), capitale de l’empire. De petites communautés et des monastères sont fondés mais elles disparaissent à la suite de l’édit de proscription des religions étrangères promulgué par l’empereur Tang Wuzong. Le christianisme ne subsiste que dans quelques tribus du Nord, mais il va profiter de l’accession au pouvoir des souverains mongols. En 1289 le pape Nicolas IV, ayant appris l’existence de chrétiens jusque dans l’entourage du Grand Khan, envoie en Chine un légat, le franciscain Jean de Montecorvino, qui fonde plusieurs églises et est nommé évêque de Pékin (Kambaliq) en 1309. Mais en 1368, l’effondrement du pouvoir mongol et l’avènement de la dynastie des Ming provoque la ruine de ces premières implantations catholiques.
Le 3 décembre 1552 Saint-François -Xavier meurt dans l’île de Sancian, au large de Canton, sans avoir pu entrer en Chine. Durant les décennies suivantes, les missionnaires européens parviennent à prendre pied sur le continent : les jésuites de Macao, conduits par Matteo Ricci, gagnent la confiance de quelques lettrés et se font accepter à la cour de Pékin comme savants, alors que franciscains et dominicains espagnols venus de Manille entreprennent l’évangélisation du Fujian. Les uns et les autres commencent à pénétrer dans les provinces voisines, mais leurs différences de méthodes et leurs rivalités entraîneront bientôt la querelle des rites qui compliquera les relations entre les Chrétiens et les autorités impériales.
En 1644 les Mandchous profitent d’une période de troubles pour s’emparer du pouvoir à Pékin. Hostiles au christianisme, ils font exécuter le dominicain François de Capillas à Fuzhou mais autorisent les jésuites à rester auprès de l’empereur pour leurs travaux scientifiques. En 1659 Rome nomme trois vicaires apostoliques français dont la juridiction s’étend sur la Chine, la Cochinchine et le Tonkin. Mgr François Pallu ne parviendra au Fujian qu’en 1683, peu avant sa mort. Son successeur, Mgr Maigrot relancera la querelle des rites qui seront finalement interdits par Rome en 1704.
En 1724, l’empereur Yong Zhing promulgue un édit interdisant de prêcher le christianisme sous peine de mort. Un demi-siècle plus tard Mgr Pierre Diaz et quatre autres dominicains sont exécutés au Fujian. À l’autre bout de la Chine, dans la province du Sichouan, l’évangélisation progresse en dépit de persécutions récurrentes. En 1784, Gabriel Taurin-Dufresse est arrêté, transféré à Pékin, puis expulsé vers Macao. Revenu clandestinement dans sa mission et nommé Vicaire Apostolique en 1801, il est à nouveau arrêté et décapité à Chengdu le 14 septembre 1815. C’est le premier martyr des Missions Etrangères de Paris.