UNE NAISSANCE ETONNANTE LA COREE 1784-1840
Les débuts de l’Eglise de Corée représentent un cas exceptionnel d’évangélisation par des laïcs. Au XVIII° siècle, alors que le pays vit en autarcie et ne communique avec l’extérieur que par une ambassade annuelle auprès de l’empereur de Chine, un groupe de lettrés réformateurs découvre la doctrine chrétienne dans des livres ramenés de Pékin par les ambassadeurs. L’un d’entre eux, Yi Seung Hoon, se joint à l’ambassade de 1784, se fait baptiser par les missionnaires de Pékin, et retourne en Corée avec de nouveaux livres et des objets de culte. Une petite communauté fervente se forme autour de lui et de son ami Yi Piek qui rédige les premiers textes de théologie coréenne. Mais les autorités s’inquiètent du développement d’une doctrine étrangère et dispersent ce premier noyau chrétien.
En 1794, à la demande des fidèles qui se sont regroupés dans la clandestinité, l’évêque de Pékin envoie en Corée un jeune prêtre chinois, Jacques Chu, qui administre la chrétienté de Séoul pendant six ans. En 1800, l’accession au pouvoir du parti conservateur provoque une persécution au cours de laquelle Jacques Chu et les principaux responsables chrétiens seront exécutés. Les survivants doivent se réfugier dans les provinces reculées mais en 1811 l’un d’entre eux, Jean Yi réussit à s’intégrer à l’ambassade et transmet à l’évêque de Pekin une lettre, adressée au pape, lui demandant des prêtres pour la Corée.
Pie VII, alors prisonnier de Napoléon à Fontainebleau ne peut pas répondre. En 1825 un nouvel ambassadeur chrétien, Augustin Yu, envoie une deuxième lettre au pape, renouvellant la demande de prêtres. Rome propose alors aux Missions Etrangères cette nouvelle mission. Les directeurs hésitent, mais trois volontaires se présentent : Barthélémy Bruguière, évêque coadjuteur du Siam, Jacques Chastan et Pierre Maubant. Le 9 septembre 1839, Grégoire XVI, ancien préfet de la Propagande nouvellement promu au pontificat, nomme Barthélémy Bruguière vicaire apostolique de Corée. Celui-ci meurt en cours de route mais Pierre Maubant en 1835, puis Jacques Chastan en 1836 et enfin le nouveau vicaire apostolique, Laurent Imbert en 1837, réussissent à franchir la frontière interdite alors que trois jeunes coréens quittent leur pays pour aller se former au sacerdoce en Chine. Stimulées par la présence des prêtres, les conversions se multiplient, mais aussi les rumeurs concernant la présence d’étrangers dans le Royaume.
Au printemps de 1839, le gouvernement déclenche une nouvelle persécution à outrance. Plus de cent personnes seront exécutées dont beaucoup de femmes et les principaux chefs de la chrétienté coréenne : Damien Nam, Augustin Yi, Augustin Yu, Paul Chong, Charles Cho. Dénoncé puis arrêté le 11 août, Mgr Laurent Imbert écrit bientôt à ses deux missionnaires de se livrer pour tenter d’enrayer la persécution. Après plusieurs semaines d’interrogatoires, les trois Français seront décapités à Séoul, le 20 septembre 1836.