
Le père Yves Moal, MEP, et Daniel Maghames entourent Adag dans l’atelier où il fabrique la crèche de Noël.
Adag est sculpteur sur bois, aborigène Amis. Il nous a reçus en toute simplicité dans son atelier, au milieu de ses œuvres, certaines terminées, d’autres en cours de réalisation, comme la crèche aborigène. Cela fera bientôt trois mois que l’artiste consacre son temps à la sculpture de cette crèche unique. Encore un peu de patience et nous pourrons admirer le travail accompli sur cette œuvre par Adag.

Le père Yves Moal en admiration devant les oeuvres d’Adag.
Comment ce projet de sculpter une crèche aborigène Amis est-il né ?
Je suis un artiste sculpteur sur bois connu, 雕刻 (diao ke en chinois). Le père Yves Moal me connaît et m’a demandé de réaliser cette crèche ; il sait que j’ai gagné plusieurs prix. Il m’a fait confiance et m’a donné carte blanche pour la conception et la réalisation de la crèche.
Quel message cherchez-vous à transmettre ?
Mon style est très particulier, spécial. Les Amis aiment danser et chanter. Je voulais montrer Jésus, Marie et Joseph en joie.
Que symbolise ce travail pour vous ? Que signifie-t-il pour votre foi ?
Je suis né dans une famille catholique, mes parents avaient la foi. Dans notre tribu, il n’y avait pas de religion. Il y avait uniquement des guérisseurs et des devins. Il fallait changer de point de vue, utiliser notre culture pour créer une crèche à notre image, lui donner notre identité. Dans la crèche originale, en Europe, on retrouve des animaux de la ferme, comme le cheval, le bœuf, l’âne, etc. Ici, il n’y a pas ces animaux, mais d’autres, sauvages, comme le sanglier (山豬, shan zhu) et le cerf (山羌, shan jiang).

Personnages de la crèche qui sera présentée à Paris à Noël.
Quels liens avez-vous mis en œuvre pour marier la culture aborigène à la crèche traditionnelle ?
Le père Yves m’a laissé carte blanche. Je n’ai pas créé une crèche de style européen ou occidental. J’ai réalisé cette crèche selon mon propre point de vue, ma vision en tant qu’aborigène Amis. Par exemple, le sac Amis (情人袋, Qing ren dai), qu’on retrouve sur les personnages, a un sens significatif très spécial dans notre culture aborigène.
Quel sens a le sac Amis ?
Les Amis adorent leurs culture et traditions, dont le sac Amis. Chaque membre de la tribu – enfants et adultes – en possède un. La coutume veut qu’une personne amoureuse glisse une noix de bétel – aussi connue sous le nom de noix d’arec – dans le sac de la personne aimée. Cela se fait au moment des fêtes de la moisson qui ont lieu en été, jusqu’au début de l’automne, de juillet à octobre. Les différentes tribus aborigènes se retrouvent et dansent, chantent. Certaines d’entre elles fêtent la moisson pendant plusieurs jours. Il y a seize tribus aborigènes reconnues par l’État à Taïwan ainsi que treize langues. Je trouve que tu (NDLR, Daniel Maghames) ressembles beaucoup aux Amis. Tu es grand, tu as des airs aborigènes, non? (Rires)
Propos recueillis par Daniel Maghames
CRÉDITS
MEP
