Vœux 2021 du père Gilles Reithinger

Publié le 31/12/2020




« La Mission consiste à te faire guider par l’Esprit-Saint : il faut que ce soit lui qui te pousse à annoncer le Christ… avec le témoignage quotidien » (Pape François)
Missions Étrangères de Paris MEP

Le Conseil permanent et les séminaristes avec le cardinal Parolin, à Rome

Chers amis,

Depuis le mois de février 2020, nous vivons une période inédite de pandémie liée au virus Covid19. Les conséquences immédiates que nous percevons sont les restrictions de voyages et donc l’impossibilité de poursuivre les visites pastorales en Asie et dans l’océan Indien, l’organisation des sessions de formation générales ou thématiques en présentiel et, selon les pays, des célébrations religieuses avec peu ou pas de fidèles. Cette période que nous pensions d’abord brève se poursuit et, au moment de la rédaction de cette lettre, les autorités évoquent déjà l’horizon de l’été 2021.

 

 

 

En mission !

En cette année 2020 marquée par la pandémie Covid19, le cheminement missionnaire de toute l’Église se poursuit à la lumière de la parole que nous trouvons dans le récit de la vocation du prophète Isaïe : « Me voici: envoie-moi ! » (Is 6, 8). C’est la réponse toujours renouvelée à la question du Seigneur: « Qui enverrai-je ? ». Ainsi le Saint-Père, dans son message pour la Journée Missionnaire Mondiale, rappelle que « Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris au dépourvus par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous nous trouvons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous aussi, nous nous sommes aperçus que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble ». La douleur et la mort font expérimenter notre fragilité humaine, a continué le Pape François, mais nous reconnaissons en même temps que nous « sommes tous habités par un profond désir de vie et de libération du mal », et c’est dans ce contexte que l’appel à la mission se présente comme une « opportunité de partage, de service, d’intercession. La mission queDieu confie à chacun, fait passer du «moi» peureux et fermé au «moi» retrouvé et renouvelé par le don de soi ». Pour aller de l’avant, il nous faut donc être une « Église en sortie », thème qui nous a dynamisés durant l’Assemblée générale MEP de 2016. La vie que nous avons reçue gratuitement est une « invitation implicite à entrer dans la dynamique du don de soi ». « La mission est une réponse, libre et consciente, à l’appel de Dieu », cependant, cet appel ne peut être reçu que lorsque nous vivons une relation personnelle d’amour avec Jésus. « Demandons-nous : sommes-nous prêts à accueillir la présence de l’Esprit Saint dans notre vie, à écouter l’appel à la mission, soit à travers la voie du mariage, soit à travers celle de la virginité consacrée ou du sacerdoce ordonné, et de toute façon dans la vie ordinaire de tous les jours ? »« Comme Marie, la mère de Jésus, sommes-nous prêts à être sans réserve au service de la volonté de Dieu (cf. Lc 1, 38) ? Cette disponibilité intérieure est très importante pour répondre à Dieu : Me voici, Seigneur : envoie-moi ! (cf. Is 6, 8). Et cela non pas dans l’abstrait, mais dans l’aujourd’hui de l’Église et de l’histoire », conclut le Pape François.

Depuis une année, voire plus dans certains pays, bien des aspects de notre vie quotidienne ont été remis en question. Pour autant, ce qui fait le cœur de l’activité de la Société des Missions Etrangères de Paris est toujours bien présent : des missionnaires sur le terrain, des jeunes en formation et des équipes qui soutiennent le travail missionnaire par leurs compétences. Ces derniers, qu’ils soient salariés ou bénévoles de la Société, ou intervenants extérieurs, nous apportent leur zèle pour l’annonce de la Bonne Nouvelle et leur expertise pour respecter les règlementations en vigueur. Leur présence à nos côtés nous permet de prendre des décisions ajustées qui sont toujours prises par les confrères en responsabilité, le Conseil permanent et/ou le Conseil plénier selon ce que prévoient nos Constitutions.

En 2021, sur 165 confrères membres de la Société des Missions Etrangères de Paris, auxquels s’ajoutent 4 prêtres associés, 74 auront plus de 75 ans et 91 moins de 75 ans. 24 candidats sont actuellement en formation : 6 propédeutes et 18 séminaristes. Le navire des Missions Étrangères va de l’avant, en Extrême-Orient mais aussi en France…

 

En Asie et dans l’océan Indien

Première évangélisation et création de paroisses 

À Madagascar, en Thaïlande, au Cambodge, par exemple, des confrères vont là où il n’y a pas encore de communautés chrétiennes. Ils accompagnent la naissance et le développement de celles-ci, parfois jusqu’à la construction d’une église.

Ministère en paroisse
Près de 40% des confrères vivent en paroisse. Ce ministère est missionnaire, avec l’Église locale, dans la mesure où les communautés sont elles-mêmes missionnaires. C’est essentiellement là que se fait le catéchuménat. Les paroisses recouvrent
des réalités très différentes.
En certains lieux, tels qu’au Japon, ce sont des communautés anciennes et stables. À Hong-Kong, Singapour et ailleurs, ce sont des lieux dynamiques comptant souvent des milliers de paroissiens et des centaines de baptêmes d’adultes chaque année.

Formation et accompagnement du clergé local
La formation et l’accompagnement du clergé ont toujours été définis comme des priorités de notre Société. Les Missions Étrangères n’ont plus de séminaires, mais une dizaine de confrères sont acteurs de la formation des prêtres dans leur diocèse en étant directeurs spirituels, directement impliqués dans des séminaires, tel Etienne Frécon, qui est Supérieur de Séminaire à Taïwan, ou ponctuellement appelés pour donner des cours, par exemple au Vietnam, en Corée, en Inde, à Madagascar et bientôt à nouveau en Thaïlande. Enfin, les Missions Étrangères accueillent en France et subventionnent de nombreux prêtres pour des études supérieures (licence, doctorat). Pour l’année universitaire 2020/2021, 97 prêtres sont soutenus en France et à Rome.

Communautés de base, groupes de foi, action catholique
La constitution et l’accompagnement de petites équipes de partage de vie et de foi dans les quartiers, caractérisent la vie de l’Église dans de nombreux lieux : Hong-Kong, Thaïlande, Indonésie, Singapour. Ce sont des groupes pour se retrouver, se connaître, parler de la vie, lire la Bible, prier, échanger sur la foi. Ces communautés soutiennent la foi des chrétiens de longue date comme celle des nouveaux baptisés.
Elles concernent aussi des non chrétiens dans la mesure où les équipes sont actives auprès des malades et des familles du voisinage en difficulté.
Les réunions ont généralement lieu dans les appartements et les maisons. En Corée et au Japon, des confrères sont engagés dans l’Action Catholique, JOC, ACO, ACE, etc.

Action sociale
C’est particulièrement en Corée, au Japon et à Taïwan que des confrères se sont tournés vers l’action sociale et le service des pauvres en mettant en place des lieux d’accueil pour les personnes en difficulté. À Madagascar, au Cambodge et en Thaïlande, la mission garde la forme d’une aide au développement. À ce sujet, Bertrand de Bourran rappelait lors de la dernière assemblée générale : « Si j’étais venu faire du développement, je ne serais pas resté. Mais en annonçant Jésus-Christ, les gens se mettent à la suite du Christ et là ils peuvent prendre leur développement en main. »

Auprès des minorités
Chez les Karens de Thaïlande et chez les Aborigènes de Taïwan, les MEP restent actifs auprès de minorités ethniques. En Chine, les missions qui ont historiquement remporté le plus de succès sont celles auprès des minorités. Le Groupe missionnaire de Chine souhaite maintenir et, le cas échéant, retisser les liens avec ces chrétientés. Au Vietnam, les MEP étaient présents auprès des Montagnards (Bahnars) avec lesquels des liens subsistent grâce à un confrère du Groupe missionnaire de Chine.

Accompagner l’urbanisation et la globalisation de l’Asie
Les échanges tout au long de l’année confirment ce qui avait été présenté en 2016 et soulignent les effets de l’urbanisation sur les communautés paroissiales. En Thaïlande, à Taïwan et en Chine, alors que les anciennes communautés rurales se vident, il faut créer de nouvelles paroisses en villes, ce qui demande à la fois de continuer à accompagner des communautés déclinantes et de trouver les ressources pour créer en ville, le tout dans un contexte de stagnation ou de déclin démographique du clergé.

Avec les migrants
L’urbanisation de l’Asie s’accompagne d’une forme de globalisation, avec des migrations de travailleurs, d’étudiants et de marins. Ces migrants sont pour certains coupés de leur famille restée au pays, tandis que d’autres sont venus avec leur conjoint et les enfants. Il y a des communautés chinoises un peu partout, des populations philippines, indonésiennes ou africaines en monde chinois; latino-américaines et philippines au Japon; mongoles, chinoises et vietnamiennes en Corée, etc. Des confrères accompagnent ces communautés de migrants. Récemment, le Cardinal Désiré Tsarahazana, évêque de Tamatave à Madagascar, a sollicité l’envoi d’un ou deux prêtres MEP pour accompagner les chinois qui s’installent dans son diocèse.

Dialogue interreligieux et connaissance des religions
Plusieurs confrères se sont spécialisés – en Asie mais aussi en France – et engagés dans la rencontre avec l’hindouisme, le bouddhisme, l’Islam mais aussi les nouveaux courants spirituels.

Communautés francophones
Des confrères MEP sont au service de Communautés Catholiques Francophones (CCF) de manière directe ou en soutenant des prêtres francophones qui les ont en charge, comme à Séoul, Pékin, Taipei, Bangkok, Bangalore, Tokyo, Shanghaï, Hong-Kong, Singapour et Kuala Lumpur.

Pastorale des jeunes
L’activité du Service Volontariat montre le dynamisme, et l’importance de la présence des 120 à 150 volontaires envoyés chaque année en Asie et dans l’océan Indien. En raison de la pandémie liée au virus Covid19, les envois n’ont pu se concrétiser depuis le mois de mars et, à ce jour, il ne reste que quelques volontaires sur le terrain.

Pour mémoire, en 15 ans, plus de 2 500 volontaires ont été envoyés depuis la rue du Bac.

En Asie et dans l’océan Indien, la pastorale auprès des jeunes occupe une place importante dans les paroisses, les mouvements et les différents groupes qu’animent les confrères.

 

Les groupes et leurs activités missionnaires

Japon : 14 confrères et 1 prêtre associé
La majorité des confrères du Japon ont un ministère en paroisse. Plusieurs confrères sont au service des pauvres ayant mis en place, avec des partenaires locaux, des centres sociaux ou lieux d’accueil pour des personnes en difficulté (alcooliques, drogués, anciens prisonniers, SDF, handicapés.).

Corée : 10 confrères
La moyenne d’âge du groupe est élevée : sur 10 confrères, trois d’entre eux ont moins de 70 ans. Des confrères y poursuivent une présence de témoignage ou d’activité missionnaire dans les paroisses ou des œuvres pour les enfants, les pauvres, les migrants, les milieux ouvriers, carcéraux et hospitaliers. D’autres confrères sont engagés auprès des équipes d’ACO et des communautés religieuses. Le groupe est particulièrement attentif au service des pauvres et c’est ici une piste pour de nouveaux envois tout comme le dialogue interreligieux.

Monde Chinois : 12 confrères
À Hong-Kong, l’année a été marquée par de nombreuses manifestations en raison de la remise en cause de la « Loi sur la sécurité nationale ». C’est également un défi pour l’unité de l’église diocésaine qui attend par ailleurs la nomination d’un évêque.

Les confrères travaillent dans les différents champs de la pastorale paroissiale et diocésaine : sacrements, jeunes, écoles, catéchuménat, personnes âgées, hôpitaux, communautés de base.

Le renouvellement de l’accord provisoire entre la Chine et le Saint-Siège a également marqué la vie ecclésiale du monde chinois.

A Taïwan, les confrères travaillent dans les différents champs de la pastorale paroissiale et diocésaine : sacrements, jeunes, écoles, catéchuménat, personnes âgées, hôpitaux, communautés de base.

Plus largement, les activités consistent dans l’enseignement lors de retraites spirituelles, l’accompagnement de communautés, le maintien de liens fraternels et de soutien avec les pasteurs et les religieuses que nous connaissons. Des sessions regroupant des prêtres, religieuses et laïcs en responsabilité sont aussi organisées depuis Hong- Kong, Macao et Taïwan.

Alors que presque tous les confrères ont des responsabilités à Hong-Kong ou à Taipei, les réunions de la « Coordination Chine » sont dédiées à la mission sur le continent et permettent d’envisager et de soutenir l’action des confrères qui y sont actifs, y compris ceux d’autres groupes comme Taïwan par exemple. L’évêque de Singapour, quant à lui, a formulé le souhait de soutenir la mission sur le continent chinois en accueillant un prêtre MEP qui serait dédié à cela. Un nouveau type de présence pourrait être envisagé dans la Cité-Etat.

Taïwan : 9 confrères et 1 prêtre associé
Les confrères du groupe de Taïwan s’occupent des communautés aborigènes dans trois pôles missionnaires : Taoyuan, Hualien et Yuli. Cette mission implique l’apprentissage des langues aborigènes et/ou du Taïwanais, en plus du mandarin. Une particularité de Taïwan est que les missions en paroisse peuvent être longues (10 ou 20 ans). Certains ont un apostolat auprès des handicapés, d’autres auprès des migrants tels que les Philippins, les Indonésiens et les Vietnamiens. Quelques confrères se sont tournés vers les Chinois, travaillant tant vers le continent que sur l’île de Taïwan. Enfin, le P. Etienne Frécon a été nommé supérieur du Séminaire de Taïwan.

Le P. Stanislaus a obtenu un doctorat en communication aux Philippines et peut s’impliquer dans cette nouvelle voie pastorale à la demande de l’évêque local.

En 2020, le P. Etienne Frécon a été élu Responsable de Groupe et les PP. Stanislaus Irudayaselvam et Pierre de la Bigne en qualité de Conseillers.

Cambodge et Vietnam : 15 confrères

Mgr Olivier Schmitthaeusler est vicaire apostolique de Phnom Penh, et Mgr Susairaj Antonysamy préfet apostolique de Kompong Cham pendant 22 ans, est rentré en France pour une année sabbatique. Le P. Bruno Cosme a été nommé administrateur apostolique pour le remplacer depuis juillet 2019.

Le Cambodge est un lieu de « première évangélisation ». Il y a de nombreuses traductions à réaliser (Bible, liturgie, théologie…). Des confrères suscitent et accompagnent de petites communautés pour qu’elles deviennent des paroisses. La question de la place et de l’attention à accorder aux Vietnamiens (majorité des catholiques du Cambodge) est en réflexion dans ce groupe où l’on souhaite favoriser la croissance d’une Église khmère, sans pour autant se détourner des Vietnamiens.

Au Vietnam, un confrère a été nommé postulateur pour les causes de canonisation des fondateurs et du P. Jean Cassaigne.

Thaïlande, Myanmar et Laos : 16 confrères
Le groupe « Thaïlande » regroupe trois pays, à savoir le Laos, la Birmanie et la Thaïlande. Les confrères les plus âgés résident majoritairement en Thaïlande, mais les plus jeunes et les nouveaux se répartissent sur trois pays : 5 en Thaïlande, 1 au Laos et 4 en Birmanie. Tous les types d’apostolats sont confiés aux confrères ; de la paroisse à la construction d’écoles sans oublier la communauté francophone.

Singapour : 7 confrères
À Singapour, les confrères participent à la vie de l’Église, s’investissant dans l’accompagnement des groupes et des personnes, la pastorale des mariages, le suivi des minorités, la visite des prisons, le dialogue interreligieux et la vie paroissiale qui est très dynamique avec une pratique religieuse importante. Un confrère s’occupe de la communauté vietnamienne. C’est depuis Singapour que sont suivis les volontaires laïcs en Malaisie et en Indonésie.

Inde : 5 confrères
Le Groupe compte cinq confrères. Deux confrères sont engagés dans la rencontre inter-religieuse en milieux bouddhiste et hindou; un confrère est chargé d’une ONG à Calcutta et un autre alterne – pour des questions d’obtention de visa – entre la France et Bangalore, et continue d’assurer des cours au séminaire de Bangalore.

Madagascar et Ile Maurice : 12 confrères et 2 prêtres associés
L’engagement auprès des Chinois de Madagascar, avait motivé l’arrivée de confrères MEP dans les années 1950. Puis le Groupe s’est davantage tourné vers les Malgaches à partir des années 1960. Il répond aujourd’hui aux besoins des diocèses, notamment pour la création de nouvelles paroisses et l’administration diocésaine : Mgr Georges Varkey est évêque de Port-Bergé, d’autres confrères sont économes diocésains et engagés dans la pastorale. Les confrères travaillent à la fondation de paroisses, à leur croissance, ainsi qu’à la construction d’églises et d’écoles. Pour ce faire, ils vont jusque dans des régions inaccessibles par véhicules, ce qui implique pour certains de faire des tournées de plusieurs jours à pied. Les missions comprennent généralement églises, écoles et dispensaires. Un confrère est économe et formateur dans un petit séminaire. À la demande de son évêque, Jean-Yves Lhomme, s’est engagé à élaborer et construire un hôpital qui a pour vocation d’être un hôpital de qualité pour les démunis.

Trois confrères et un prêtre associé du Groupe missionnaire de l’océan Indien sont à l’Ile Maurice comme curés et vicaires.

Indonésie : 2 confrères
Le groupe compte deux confrères. L’un s’occupe de paroisses tandis que l’autre continue de desservir les postes autour du centre de réunions et de retraites qu’il a créé dans la montagne près de Curup et où il réside depuis 1976.

 

En France

Depuis les origines de la Société MEP, certains confrères exerçaient leur ministère soit dans les «Procures» chargées des questions financières et matérielles, soit dans le cadre d’un apostolat spécifique. Certains confrères sont aussi amenés à rentrer en France soit pour des questions de visa, soit après un temps de discernement. Ils se voient alors confiés un autre apostolat missionnaire en lien avec un Évêque.

En France, comme en Asie et dans l’océan Indien, le mot clé de l’année 2019-2020 est sans doute celui de Covid-19, du nom du virus qui paralyse nos sociétés globalisées depuis plusieurs mois.

Il n’est donc pas étonnant que cette pandémie ait eu et continue d’avoir un impact partout où nous nous trouvons.

Dès le 13 mars, en raison de notre classement en catégorie ERP, une partie du personnel de nos services a dû poursuivre ses activités en télétravail, tandis qu’il n’était plus possible d’accueillir ni public extérieur ni hôtes de passage dans la maison de la Rue du Bac. Le volontariat a été sur le pont, en gestion de crise pour envisager, avec les confrères sur le terrain, l’accompagnement des volontaires en mission.

Les services ont ensuite repris progressivement une activité en présentiel avec protocole sanitaire depuis la première quinzaine de juin, mais sans accueil du public ni hôtes de passage non-MEP jusqu’au 1er septembre. Certains prêtres en mission d’études ont été rappelés par leurs évêques et d’autres n’ont pu venir en France comme prévu. Les messes avec public, suspendues dans notre chapelle depuis mi-mars, ont repris début juillet. La visibilité sur la période à venir reste faible.

 

Volontariat

Depuis plus de 15 ans, environ 150 garçons et filles mettent chaque année leurs compétences au service d’un projet missionnaire pour une période de 3 mois à 2 ans. Plus qu’une expérience pastorale ad extra, il s’agit réellement de l’une des réponses à l’Appel du Seigneur.

2019-2020 fut une année forte en rebondissements mais nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles péripéties sur l’envoi de nos volontaires dans les mois à venir, en raison de la pandémie liée au virus Covid19. L’équipe du Volontariat reste pleinement mobilisée dans la poursuite de son travail, déterminée à faire que l’expérience de chaque candidat soit missionnaire.

 

Service des vocations et propédeutiques

Cette année, 33 jeunes ont pris contact avec le service des Vocations. Leurs demandes ont pu être traitées de différentes manières : contacts par mail, entretiens, suivi plus ou moins long selon les candidats dans la démarche et le questionnement de ces jeunes. Six jeunes ont rejoint la Maison Saint Théophane à la rentrée 2020.

Les Missions Étrangères ont depuis toujours accordé une grande importance à l’accompagnement et au discernement des vocations. C’est pour favoriser la proposition de la vocation missionnaire qu’a été ouvert en 2010 un foyer vocationnel pour permettre à des jeunes en cours d’études ou ayant une activité professionnelle, de prendre un temps de discernement, en vivant une vie de communauté, de prière, en recevant une formation spirituelle et en étant accompagnés spirituellement. Après un an au sein du foyer, les jeunes qui le désirent continuent leur formation vers le séminaire, pour les Missions Étrangères, un diocèse ou une communauté religieuse. Pour répondre à la demande de la nouvelle Ratio, la maison Saint Théophane Vénard a été ouverte en septembre 2017 : une année propédeutique MEP pour permette le discernement sacerdotal et missionnaire ad extra, une propédeutique missionnaire.

Chaque maison propédeutique a sa spécificité, selon les diocèses et les instituts qui la proposent. Le programme d’année de la maison Saint Théophane Vénard a été construit sur le modèle des autres propédeutiques d’Ile de France. Sa spécificité est d’être située au sein de la maison mère des MEP à Paris, permettant de mieux s’approprier l’histoire et la spiritualité missionnaire propre aux MEP, et de vivre dans un cadre porteur chargé d’histoire, de côtoyer des prêtres asiatiques et des missionnaires de passage, et pour le Conseil permanent de mieux connaitre les candidats lorsqu’ils font une demande d’entrée au séminaire.

La maison Saint Théophane Vénard, en plus d’être une véritable année de fondation spirituelle, offre aussi un cadre pour discerner une vocation sacerdotale missionnaire, ad extra, ad gentes, ad vitam, cum ecclesia. L’appel particulier de la vocation missionnaire ad extra demande un discernement en conséquence.

L’objectif du Service des Vocations MEP, est de proposer la vocation missionnaire, d’être disponible pour des jeunes qui ont besoin d’accompagnement pour leur discernement et qui veulent mieux connaître les Missions Etrangères de Paris, de répondre aux sollicitations des jeunes qui prennent contact avec la Société MEP sur des questions vocationnelles.

 

Séminaristes

Il y a un bel intérêt pour la vocation missionnaire au sein de notre Société : 18 entrées au séminaire ces 5 dernières années, et 15 envois en mission ces quatre dernières années. L’accompagnement de ces jeunes dans leur discernement et leur formation est un défi. Il s’agit de les accompagner avec les séminaires dans leur croissance humaine, spirituelle, intellectuelle, pastorale et missionnaire. Lors d’une réunion de formateurs dans un des séminaires où nous envoyons des Aspirants, un formateur rappelait que « le rôle des formateurs est de mettre des bûches pour faire durer, faire des braises et continuer à brûler, pas à briller. Il est normal que les jeunes soient confrontés à la réalité, aux obstacles, et nous les accompagnons pour que leur foi et amour du Christ et de l’Église s’enracinent. ».

Les séminaires où nous envoyons nos aspirants sont très sérieux dans la formation et le suivi. La dernière version de la Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis, qui est le document fixant le cadre de la formation des futurs prêtres pour l’Église universelle, date de 2016. Une Ratio Nationalis est en cours de préparation.

À la rentrée 2020-2021, 18 séminaristes MEP étaient en formation auxquels s’ajoutent 6 candi- dats en propédeutique. Cela fait donc un groupe de 24 jeunes en discernement et en formation pour la Société des Missions Etrangères de Paris.

 

Prêtres d’Asie et d’océan Indien en mission d’études

Depuis près de 25 ans, la Société MEP accueille des prêtres d’Asie et de Madagascar pour leur proposer un complément de formation dans différentes matières. Il s’agit d’une contribution à la formation de formateurs et un soutien au renforcement des acteurs locaux de la pastorale.

Ainsi, cette année, 97 prêtres et religieuses sont soutenus par la Société.

Leur accueil et accompagnement sont pris en charge par une équipe dédiée. Il s’agit d’être attentif aux besoins et aux attentes des prêtres étudiants qui venant de pays très différents, se retrouvent parfois dans des situations aussi diverses que contrastées. Tous ceux qui arrivent pour plusieurs années ont en commun de venir faire des études, et tous ne s’adaptent pas de la même manière à ce long et difficile parcours.

Le Service des prêtres étudiants travaille en étroite collaboration avec le corps enseignant. La première étape à franchir est l’apprentissage du français qui se fait soit au Cavilam à Vichy, soit à l’Institut Catholique de Paris qui a une section d’apprentissage du français. Il s’agit ensuite, avant d’entreprendre un Master, de suivre une année au « Catu » créé ces dernières années, pour les étudiants en provenance de l’étranger, pour approfondir l’apprentissage de la langue française. Nul désormais n’entreprend un master sans être passé par cette année préparatoire.

Le Service des prêtres en mission d’études permet à une trentaine de bénévoles d’offrir, non seulement leurs compétences linguistiques, mais aussi leur supplément d’âme. Les bénévoles permettent un accompagnement personnalisé, et un suivi de qualité. Plus que des bénévoles, ils et elles sont des compagnons de route. Merci de tout cœur pour leur disponibilité !

 

Valorisation du patrimoine historique des MEP – L’IRFA/www.irfa.paris

Créé en 2019, l’Institut de recherche France-Asie, supervisé par un Conseil scientifique, s’est fixé pour objectifs la valorisation des collections historiques des MEP dans un but missionnaire, auprès du plus grand nombre, la sécurisation des collections, l’intégration de l’équipe des salariées et des bénévoles à ce projet, la gestion des collections : conservation, classement, numérisation, communication, valorisation.

L’inauguration officielle a eu lieu le 16 janvier 2020, en présence de 150 personnes des milieux ecclésiastiques, politiques et universitaires. Une exposition sur la contribution des MEP à la connaissance des langues asiatiques avait été organisée à cette occasion pour présenter au public des pièces majeures tirées des collections de l’IRFA.

Entre septembre et décembre 2019, le bâtiment de l’IRFA, situé au 26 rue de Babylone, a été aménagé pour recevoir le public dans le respect des législations en vigueur.

Cet ensemble comprend désormais l’iconothèque et la bibliothèque asiatique/cartothèque, les Archives, la numérisation des documents, l’iconothèque.

En plus des nombreuses activités quotidiennes de l’équipe en place, on retiendra que, depuis septembre 2019, il a été entrepris deux grands chantiers sur les collections photos (inventaire du fonds) et audiovisuelles à savoir la numérisa- tion de l’intégralité des anciens supports audios. Nous conservions un fonds de 372 rubans magnétiques et cassettes audios, datés de 1960 à 1999. Ces documents audios sont soit des enregistrements de type ethnographique, soit des conférences, interviews et témoignages donnés par des pères MEP.

Actuellement, les deux principaux projets de l’IRFA sont la transition numérique et la construction d’un site internet. Il s’agira d’une base de données commune, où seront entrés et structurés les inventaires respectifs des archives, des fonds photos et des fonds audiovisuels, pour une meilleure transmission des connaissances dont nous disposons sur l’histoire des MEP, que ce soit sur notre site internet, par des publications, etc.

Construire un nouveau site internet qui sera pour le grand public une vitrine sur l’histoire et le patrimoine des MEP, au moyen de chronologies, cartes et bibliographies attractives, et de publications en ligne. Il devrait sortir à la fin de l’année 2021.

 

Assemblée générale 2022

Tous les six ans, la Société des Missions Étrangères vit un temps déterminant qu’est l’Assemblée générale. Celle-ci se prépare pendant une année, grâce aux réflexions des confrères sur le terrain et à un bilan des différentes activités menées. Le fruit de cette réflexion est synthétisé par une commission préparatoire chargée de soumettre un programme de travail. La prochaine assemblée générale sera donc préparée à partir de février 2021 et se tiendra l’année suivante à partir du 4 juillet 2022 à Paris.

Soutien aux prêtres

L’actualité récente de l’Église catholique est marquée par des difficultés que rencontrent des prêtres. Chaque histoire individuelle a des causes parfois intimes et inconnues, mais une prise de conscience progressive émerge dans l’Église quant à la nécessité de prêter une attention plus forte aux fragilités psychologiques des prêtres et des religieux, dans un contexte de pression sociale et médiatique qui est une source d’épuisement pour beaucoup.

Des cellules de soutien psychologique ont été mises en place dans certains diocèses, et de plus en plus de séminaires instaurent dans leur cursus des interventions de psychologues, et parfois un accompagnement personnalisé, afin d’aider les séminaristes à identifier leurs propres limites, quitte à interrompre leur parcours. L’enjeu est aussi d’aider les futurs prêtres à faire face aux dif- ficultés psychiques des personnes pour lesquelles ils auront charge d’âme.

Avec le Conseil plénier MEP, nous avons pris la décision de mettre en place une équipe permanente d’accompagnement des confrères en difficulté (EPAC). Cette EPAC est composée d’un confrère expérimenté, d’un médecin, d’une « coach » spécialisée en accompagnement psychologique des prêtres, et d’un avocat. Elle a pour mission d’être à la disposition des confrères qui souhaitent être accompagnés ou partager des soucis qui impactent l’équilibre de leur vie personnelle et/ou pastorale. C’est donc un « outil » supplémentaire que nous mettons à la disposition des confrères. La médecin généraliste, la psychologue et l’avocat sont des chrétiens pratiquants, qui connaissent bien notre Société MEP ainsi que la vie de l’Église.

 

Lutte contre les abus

Dans le cadre de la lutte contre les abus, la Société des Missions Étrangères participe aux débats et réflexions menés par l’Église et les instances civiles. Dans cette ligne, nous avons adopté une « Charte de déontologie de conduite pastorale » pour l’ensemble de la Société. Ce document sera disponible sur notre site internet.

 

Conclusion

Notre Société est ce que nous en faisons et je tiens à exprimer ici, au nom du Conseil permanent, toute ma gratitude à l’ensemble des confrères et des laïcs ainsi qu’à nos bienfaiteurs, pour leur investissement au service de la Mission pour leur investissement au service de la Mission en Asie, dans l’océan Indien, en France, dans la diaspora ou l’Administration générale.

La période que nous traversons depuis le mois de mars 2020 – où tout était prévu et rien ne s’est passé comme espéré – amène à deux constats. Tout d’abord, nous ne pouvons pas tout contrôler, et il nous faut accueillir les événements avec force et confiance sans pouvoir « tout planifier ». En un sens, il faut lâcher prise et nous en remettre au Seigneur, comme l’ont fait nos prédécesseurs durant les moments difficiles.

Ensuite, en temps de crise, il convient de passer du mode de la « programmation » – pouvoir tout planifier- à celui de la « conduite » – où jamais rien ne se passe selon les plans prévus – ce qui suppose une adaptation constante aux nouvelles conditions du terrain et des impératifs sanitaires pendant une période indéterminée.

Nous constatons autour de nous que, tant du point de vue individuel que de celui des Etats, les forts manifestent leur force tandis que les faibles se recroquevillent. Il n’est pas aisé de passer de la « programmation » à la relative insécurité de la « conduite » en étant seul, comme le rapelait Mgr Luc Ravel. Cela ne se vit bien qu’en travaillant en équipes et en s’appuyant sur les compétences et les forces des uns et des autres. Qui veut aller vite, avance seul… qui veut aller loin avance ensemble ! et c’est au cœur de l’Eucharistie que nous trouvons notre force et notre unité.

Prière, Évangile comme programme de vie, volonté de dialogue, accueil de la jeunesse et accompagnement de nos aînés, enracinement dans une culture, découverte d’un peuple et de ses richesses linguistiques, recherche de nouveaux aréopages, envoi de nouveaux missionnaires, cheminement avec des volontaires, formation de formateurs parmi les prêtres d’Asie et d’océan Indien, initiatives individuelles et collectives… une belle route à la suite du Seigneur, sur les chemins de la vie, se présente à nous. Elle sera, pour une bonne part, ce que nous en ferons. Tous ensemble, continuons de répondre aux appels du Seigneur au cœur de son Peuple et demeurons dans la confiance et dans l’espérance.

Enfin, même si la pandémie liée au virus Covid19 empêche les voyages et diminue la possibilité d’organiser certaines activités, ce qui fait le cœur de notre activité missionnaire est là: des confrères sur le terrain en Asie et dans l’océan Indien, des propédeutes et des séminaristes en formation, des prêtres en mission d’études et l’animation missionnaire qui se poursuit via la Revue et les réseaux sociaux.

Chacun prend sa part dans la poursuite des activités missionnaires, en fonction de ce qui est possible, et c’est ce à quoi je rends hommage ici en nous rappelant, encore une fois, que nous ne sommes que les intendants de ce qui nous a été confié… le Capitaine du Navire, c’est le Seigneur!

A chacun et à chacune d’entre vous, je souhaite – au nom des Pères des Missions Etrangères de Paris – une bonne et sainte année 2021, sous le signe de la confiance et de l’espérance dont seul le Seigneur peut être la Source.

 

Bien à vous en Notre Seigneur à l’Eucharistie,

 

P. Gilles Reithinger
Supérieur général MEP