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Fête de la paroisse pour ses trente ans .
Le 4 janvier 2025, cela fait une année que je suis devenu curé de la paroisse de l’Enfant-Jésus (Boeung Tumpun), mais c’est surtout la date anniversaire des trente ans de notre communauté. Ce fut l’occasion pour nous de nous rassembler autour de notre évêque venu célébrer l’Eucharistie.
Histoire de l’Église du Cambodge après la guerre
Avant de parler de l’histoire de la communauté catholique de l’Enfant-Jésus, il convient de rappeler l’histoire de la communauté catholique du Cambodge après l’ère des Khmers rouges. En 1970, la communauté catholique du Cambodge comptait environ 65 000 chrétiens. La plupart étaient vietnamiens, mais il y avait aussi quelques Cambodgiens. Il y avait vingt prêtres cambodgiens et vietnamiens, ainsi que quarante prêtres étrangers. Six mois plus tard, il ne restait plus que 6 500 chrétiens, les autres furent tués ou fuirent au Vietnam ou dans d’autres pays. Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entrent à Phnom Penh, trois jours après que Mgr Chhmar Salas, revenu de France, soit devenu le nouvel évêque de l’Église. Pendant trois ans, huit mois et vingt jours, les Khmers rouges ont tué les prêtres, frères et soeurs responsables de la communauté (les prêtres étrangers ont été expulsés). Les Khmers rouges ont également détruit presque toutes les églises. En 1979, il ne restait plus que quelques chrétiens. Par la suite, la communauté catholique a aidé les Cambodgiens dans les camps, à la frontière thaïlandaise, et certains prêtres étrangers sont revenus à partir de 1989. Le 14 avril 1990, le gouvernement cambodgien autorise la première messe pendant la Pâque. En 1992, Mgr Yves Ramousse retourne au Cambodge, comme vicaire apostolique du diocèse de Phnom Penh jusqu’en 2001 et responsable du diocèse de Battambang jusqu’en 2000. Le 25 mars 1994, le Saint-Siège rétablit les relations avec le gouvernement.
Cours de cuisine, paroisse de Phnom Penh
Histoire de l’église de l’Enfant-Jésus
En 1993, environ cinq à dix familles chrétiennes pauvres et de diverses provinces, revenant des camps situés à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, viennent vivre dans le quartier de Boeung Tumpun à Phnom Penh, dans l’espoir de trouver du travail. Celles-ci commencent à prier chez elles et à rendre visite à leurs voisins. De temps en temps, le père Émile Destombes vient leur rendre visite. Parallèlement, les Soeurs de la Providence commencent à venir en aide aux familles nécessiteuses et à animer la petite communauté chrétienne. Puis l’ONG Caritas (1992) contribue au développement du secteur, avec l’aide des religieuses Maryknoll (1994), qui fournissent une assistance médicale, tout en soutenant la scolarisation d’enfants pauvres. En 1994, après une réunion de tous les chrétiens catholiques dans la paroisse Saint-Joseph (au Petit Marché), les chrétiens de Boeung Tumpun ont demandé à l’évêque Yves Ramousse d’acheter un terrain et une petite maison en bois pour commencer à avoir des messes régulières. De nombreux prêtres fréquentent l’église à cette époque, comme les pères François Ponchaud, Werachaï, Ashley, Omer Girardo, François-Xavier Demont et Bruno Cosme. Le 11 décembre de la même année, Émile Detombes nomme pour la première fois le comité de l’église avec trois tâches principales : éducation à la foi, liturgie et aides sociales. Nous considérons cette date comme le début de l’église de l’Enfant-Jésus. En 1995, des religieuses de Maryknoll, soeur Anne et soeur Regina ainsi qu’une laïque, madame Sarin, mettent en place un programme de couture pour aider certaines femmes. Maryknoll commence également à aider des patients atteints du sida. En 1996, la communauté accepte de loger des élèves pauvres qui souhaitaient étudier à Phnom Penh. En 1997, les Soeurs de la Providence disposent d’un centre permettant aux jeunes femmes d’autres provinces d’étudier au lycée à Phnom Penh. Puis des lycéens pauvres viennent étudier dans une maison louée (François Center) près de l’église et participent aux activités communautaires. De 2007 à 2017, il y avait le Centre Clara pour des jeunes étudiantes, dirigé par Valeria, une chrétienne italienne. Également, chaque dimanche, de nombreux jeunes de l’ONG PSE (Pour un sourire des enfants) viennent à la messe. En 1999, le révérend Ashley, jésuite, crée le Centre des étudiants (CCSC) pour aider les étudiants pauvres d’autres provinces à venir étudier à Phnom Penh. Ceux-ci participent à la messe et à d’autres activités de la communauté Boeung Tumpun. En 2001, une soeur de la Providence crée le Centre pour des jeunes sourds et muets (Light of Mercy).
Une nouvelle église à Boeung Tumpun
En 2004, le nouvel évêque Émile Detombes nomme le père Mario Ghezzi de la mission italienne PIME pour servir dans les communes de Boeung Tum, Toul Tang et Konerir. Du 30 juin 2006 au 6 janvier 2008, il construit une nouvelle église à Boeung Tumpun. Le nouveau curé contribue à la construction du centre social Saint-Ambroise et à des activités telles que l’ONG Il Nodo, qui aide des jeunes à apprendre à devenir orfèvres. Il crée aussi le Centre Saint-Michael pour aider certains jeunes à réfléchir à leur vocation. Même si le Centre Saint-Michael est désormais fermé, huit jeunes fréquentaient cette petite école de théologie. Parmi ces jeunes gens, trois devinrent prêtres. Le 17 novembre 2006, Paula, une chrétienne italienne, contribue à la création du Centre Sainte Élisabeth pour accueillir et soigner des patients, en particulier des patients atteints de cancer. En 2013, le père Mario construit le bâtiment Sainte-Thérèse pour accueillir l’école maternelle Sainte-Lucie, active depuis 2003, sous la direction d’une soeur de la Providence. Dès le début, les religieuses de cet ordre ont aidé la communauté avec la catéchèse et la liturgie. Après avoir nommé Mario à la paroisse de Takhmao en 2014, le nouvel évêque Olivier Schmitthauesler nomme le père Vincent Sénéchal, du groupe missionnaire français MEP, à la tête de la paroisse de l’Enfant-Jésus. À Boeung Tumpun, le nouveau curé contribue à la construction d’un baptistère et d’un clocher, et parraine l’école GSES pour enfants autistes avec madame Many, en commençant à louer une maison près de l’église. Cette école a ouvert ses portes le 1er juin 2017 avec six élèves. Aujourd’hui, il y a 315 enfants autistes et 120 éducateurs. La communauté prévoit d’aider à construire un nouveau bâtiment sur le terrain à côté de l’église. Mais les fonds manquent. Après que père Vincent a été élu pour retourner à Paris afin de servir le conseil permanent MEP en 2016, Mgr Olivier Schmitthauesler nomme le père Damien Fahner, du même groupe, pour prendre en charge la paroisse. Parmi ses oeuvres figure la construction du bâtiment Saint-Matthieu, destiné à être loué à des jeunes catholiques et à servir de centre aux jeunes du foyer Saint-François. Il construit un confessionnal et achète un nouveau terrain à côté de l’église. Il construit également un stupa pour les morts. En 2023, le père Damien Fahner part en France pour aider à servir l’équipe du conseil permanent MEP. N’ayant pas de curé disponible, Mgr Olivier Schmitthauesler prend en charge la paroisse avec l’aide des pères Samnang et Abraham. Mais c’est l’occasion de constater que la paroisse est devenue adulte dans la foi. En 2024, Mgr Olivier Schmitthauesler me nomme pour servir la paroisse, pour une durée de six ans.
P. François Hemelsdaël, MEP
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CRÉDITS
MEP