Aventures missionaire

« Je m’efforce de voir le Christ dans le service des pauvres » (2/2)

Publié le 07/04/2021




Teresa Lo Shoufang est une paroissienne de longue date à Zhonghe. Elle s’est engagée à la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul peu après sa fondation fin 2019.
Teresa

Teresa

Comment avez-vous connu l’existence de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul (CSVP) et pourquoi avoir souhaité y participer ?

Un jour, à la fin de la messe, le père a dit : « Notre CSVP cherche un comptable, si vous connaissez quelqu’un qui voudrait participer à ce service pour les pauvres, présentez-le-moi ». Comme je suis comptable de formation et que je cherchais justement du travail, je me suis présentée, pensant qu’il s’agissait d’un emploi. Finalement, il s’agissait d’un service bénévole, mais, comme je venais de cesser mon mandat de ministre de l’Eucharistie à la paroisse, j’étais disponible pour un nouveau service. J’ai commencé à rendre visite aux pauvres avec le père et je me suis sentie à ma place dans cet apostolat, même si mon intention initiale était de trouver un job. Plus j’ai fait de visites, plus j’ai senti que le Seigneur m’attendait là.

 

Durant les rencontres, nous parlons souvent de la spiritualité de saint Vincent de Paul et du bienheureux Frédéric Ozanam.

Qu’est-ce qui vous touche dans leur spiritualité ?

Dans le service des pauvres, surtout ceux qui ont le plus de difficultés, on doit s’efforcer de voir le Christ présent. Cependant, cela n’est pas toujours facile. Parfois, face à des personnes qui réclament beaucoup, il y a en moi des résistances, comme un combat spirituel. Nous servons parfois des cas qui sont toujours insatisfaits, ou qui, malgré les aides des services sociaux et le soutien de la CSVP, ne se prennent pas en main pour améliorer leur situation. Ça me pose problème et me révolte. À la dernière réunion, le président national de la CSVP, Monsieur Liu, a commenté un texte sur le bienheureux Frédéric Ozanam, qui a aidé un pauvre pendant des années, avec beaucoup de patience. Ce témoignage m’a beaucoup touchée et j’ai compris que cette patience face à ce qu’on prend pour de la passivité de leur part fait partie du charisme vincentien. C’est un gros défi pour moi. Ça n’est pas toujours facile.

 

Après un an de service auprès des pauvres, une expérience particulière vous a-t-elle touchée ou transformée ?

Je n’ai pas encore complètement changé ! Nous avons aidé une mère célibataire de trois enfants qui était à nouveau enceinte. Dans mon cœur, il y avait au départ comme un jugement. Et puis, face à elle, je ne savais pas quelle attitude adopter pour l’aider, car je me sentais désarmée. Je lui reprochais intérieurement son irresponsabilité, car j’avais l’impression que nous, à la CSVP, nous souciions plus de l’éducation de ses trois enfants qu’elle-même. Ça m’a rendue triste. Nous espérions tous que ces enfants puissent recevoir une bonne éducation, une bonne scolarité, mais, pour elle, ça ne semblait pas si important, peut-être parce qu’elle-même n’avait pas l’expérience de ce qu’est une bonne éducation. J’avais l’impression qu’elle accumulait les erreurs, les décisions malheureuses et que nos conseils n’y faisaient rien. Mais j’ai compris que notre rôle est d’abord d’accompagner, quelles que soient les décisions que prennent les pauvres. Nous donnons notre temps et notre amitié, gratuitement.

 

Saint Vincent de Paul disait souvent que nous devons « voir le Seigneur dans les pauvres ». En avez-vous fait l’expérience ?

Ça ne se fait pas du jour au lendemain. C’est au fur et à mesure de l’accompagnement fidèle des personnes qu’on peut découvrir Jésus en eux. C’est un long voyage spirituel. On le comprend peu à peu, non pas intellectuellement, mais avec le cœur. On découvre la présence du Christ en eux. Je suis encore sur la route.

 

La devise de la CSVP est « Servir dans l’espérance ». Pouvez-vous nous partager votre vision de cette espérance ? Nous donner un exemple ? Avez-vous vu l’espérance grandir chez ces personnes ?

Il y a beaucoup d’exemples. Presque chaque cas en est un exemple. Le plus souvent, c’est par inadvertance que je partage l’espérance chrétienne qui m’habite. En aimant ces personnes comme le Christ, le plus souvent sans le dire explicitement, on témoigne du Christ. Parfois on a aussi l’occasion de partager notre expérience de foi, de dire que le Christ nous aide et nous soutient, de partager telle ou telle expérience et de dire à la personne qu’elle est aimée par le Christ.

 

Propos recueillis par le père J., MEP

 

Autre article : Les disciples de saint Vincent de Paul à l’œuvre (1/2)

 


CRÉDITS

Revue MEP