Aventures missionaire

Les disciples de saint Vincent de Paul à l’œuvre (1/2)

Publié le 07/04/2021




Le père J. est vicaire à la paroisse de Zhonghe, à Taipei, et aumônier de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul. Témoignage.
Le père J. avec l'équipe de la Conférence Saint Vincent de Paul

Le père J. avec l’équipe de la Conférence Saint Vincent de Paul

À la paroisse de Zhonghe, où je suis vicaire à deux tiers-temps, j’ai été bien occupé durant la dernière année par l’accompagnement de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul (CSVP) que nous avons lancée à l’automne 2019. En effet, nous avions constaté que la dimension de la charité active devait être développée dans ce quartier modeste et populeux de la périphérie sud de la capitale. La CSVP a été lancée avec l’aide de Monsieur Liu, le président national de la Société de Saint-Vincent-de-Paul (SSVP), un véritable Ozanam taïwanais du XXIe siècle. À l’origine, ce sont les paroisses lazaristes du nord de Taipei qui ont le plus développé les conférences. Mais, aujourd’hui, une vingtaine de paroisses sur l’île en sont dotées.

 

Le quart-monde à Taïwan

À Zhonghe, après bientôt un an et demi, nous avons déjà huit membres actifs et avons aidé vingt-cinq personnes dans le besoin, en lien avec les services sociaux du quartier. La plupart de ces personnes ou familles ne sont pas chrétiennes et c’est l’occasion de faire rayonner la paroisse au-delà de ses frontières habituelles. Je découvre à cette occasion à la fois la pauvreté (le « quartmonde ») à Taïwan et l’organisation des services sociaux, très efficaces comme toute l’administration taïwanaise. Par rapport à la France, il me semble que la pauvreté n’a pas la même ampleur numérique, sans doute du fait du sens du travail des Taïwanais, du taux de chômage extrêmement bas, qui permet à presque tout le monde de trouver un travail, et de l’homogénéité de la population, car il n’y a pas d’immigration de peuplement ici, seulement une immigration de travail. Dans notre quartier de 415 000 habitants qui est plutôt « populaire », les services sociaux suivent environ mille familles en difficulté, ce qui est beaucoup pour vingt assistants sociaux mais peu en proportion de la population. Cependant, les personnes que nous aidons n’en sont pas moins dans des situations critiques, soit parce qu’elles sont malades ou âgées et ne peuvent pas travailler, soit parce qu’elles sont mères célibataires avec de très jeunes enfants et/ou enceintes et ne peuvent pas travailler à plein temps. Il n’est pas rare de trouver des personnes ou des familles très sommairement logées, pour des loyers exorbitants et dans des conditions de salubrité douteuses. Dans 90 % des cas, il s’agit de personnes vivant des situations familiales douloureuses et, du coup, le soutien familial est défaillant. Comme quoi il est aberrant de promettre qu’on va résoudre les problèmes sociaux quand, dans le même temps, toutes les lois sociétales œuvrent à la destruction de la famille [1]

 

Témoignages de gratitude

En collaborant avec les services sociaux, nous rencontrons d’autres associations dont certaines sont aconfessionnelles, d’autres liées à des temples bouddhistes ou taoïstes, parfois des Églises protestantes. Outre l’aide matérielle, nous faisons beaucoup de visites et un lien d’amitié se construit avec ces personnes qui, parfois, en manquent terriblement. Cela nous vaut de beaux témoignages de gratitude comme cette jeune femme originaire du continent qui nous disait que nous étions comme une famille de substitution pour elle. La Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, fondée par le bienheureux Frédéric Ozanam en 1833 à Paris, a pour but l’aide aux plus démunis dans lesquels on voit le Christ, mais aussi la sanctification de ses membres. Sur ce second point, je suis très heureux de voir nos membres, pour plus de la moitié nouveaux chrétiens, se déployer dans la vie chrétienne en suivant cette spiritualité de la rencontre du Christ dans les pauvres à l’école de saint Vincent de Paul. Nos autres paroissiens, bien que peu acceptent de s’engager comme membres, ne sont pas avares de soutien financier ni de dons (de vêtements, de nourriture, etc.) quand nous les sollicitons. Il est beau de voir la communauté s’ouvrir à cette dimension essentielle de la vie chrétienne.

 

[1] Dernièrement à Taïwan, le mariage homosexuel a été légalisé, et l’adultère dépénalisé… Le DDP au pouvoir met les bouchées doubles pour rattraper les « avancées sociétales » de l’Occident.

 

Père J., MEP

 

Autre article : « Je m’efforce de voir le Christ dans le service des pauvres » (2/2)

 

 


CRÉDITS

Revue MEP