Aventures missionaire

La fête et le jubilé dans l’Église du Siam

Publié le 11/12/2019




par Brice Testu Cette année de jubilé des 350 ans de la mission du Siam a été lancée le 18 mai 2019, par une célébration présidée par le cardinal Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. La messe a été suivie d’un spectacle grandiose retraçant l’histoire de la mission et son enthousiasme présent.

Les pèlerinages et événements se sont succédé toute l’année, avec comme point d’orgue la venue du pape François à la fin du mois de novembre. Les Thaïlandais ont une grande ferveur pour le pape, et ont préparé active- ment cette visite apostolique. Les Thaïs aiment faire la fête. Tous les types de fêtes. Le tourisme de masse présent sur les plages idylliques a rendu les « full-moon party » célèbres, parfois tristement, tant les excès en tout genre y sont légion. Loin de ce tapage, toutes les entités sociales plus ou moins clairement défi- nies ont au moins une fête annuelle où la tradition et les moments solennels se mêlent à une ambiance conviviale et fraternelle.

Catholiques et Thaïlandais
L’Église et les catholiques thaïlandais ne sont pas en reste. Si on entend parfois que les églises sont les « temples des Occidentaux », les fidèles ne se sentent aucunement écartés de la société thaïlandaise. Pour eux, le catholicisme est bien une religion qui vient de l’étranger, mais certainement pas une religion étrangère, c’est la leur. Quelle que soit leur origine, le sens de la fête est donc inné chez les catholiques thaïlandais. Il ne peut être que renforcé par toutes les o c c a s i o n s que présente le calendrier liturgique. En dehors de l’avent et du carême, chaque église attend son tour pour célébrer sa fête patronale, et chaque communauté religieuse prépare la fête de son saint patron ou de son fondateur avec enthousiasme. Le déroulement de ces journées est presque immuable : une kermesse précède et suit la Grand-Messe où tous les corps constitués de la paroisse processionnent dans leur tenue respective. À ces occasions, un grand repas est offert à tous les fidèles. Ces fêtes ont un rôle important pour l’édification communautaire, tant diocésaine que locale : les paroissiens sont fiers d’accueillir largement et les fidèles extérieurs se retrouvent sou- vent d’un samedi sur l’autre. Des groupes de fidèles très organisés vont ainsi de fête paroissiale en fête paroissiale, et les organisateurs du repas font souvent appel aux mêmes cantines ambulantes. C’est aussi l’occasion pour les prêtres de se retrouver, ce qui malheureusement les coupe largement des fidèles, puisqu’ils mangent à part.

Missionnaires bâtisseurs
Alors bien sûr, quand arrive le jubilé des 350 ans de la mission de Siam (ancien nom de la Thaïlande), l’Église de Thaïlande n’est pas en reste, et chaque diocèse organise son événement en fonction de ses moyens. La Société des Missions Étrangères de Paris est systématiquement invitée et honorée, l’Église de Thaïlande conserve une mémoire aiguë de son histoire et de sa fondation. Dans les églises de Bangkok et de nombreux autres diocèses s’affichent des portraits de Mgr Lambert de La Motte (1624 — 1679) et de Mgr Laneau (1637 — 1696, premier vicaire apostolique du Siam) et le cas échéant les portraits des missionnaires bâtisseurs. Dans les écoles catholiques, l’écrasante majorité des élèves n’est pas catholique, mais tous apprennent les rudiments de l’histoire de la mis- sion au Siam et donc de leur propre école. Le sentiment de reconnaissance des élèves envers les fondateurs et l’Église est réel, et savamment entretenu par les religieuses grâce à des expositions obligatoires et des prières fréquentes.

L’impression générale qui se dégage de ces fêtes successives et du jubilé est la joie qu’ont les catholiques de se retrouver pour prier et célébrer Dieu, ainsi que de montrer qu’ils sont fiers de leur foi, de leur communauté de vie chrétienne et de leur Église. Ils constatent néanmoins que la vitalité des grandes paroisses et des écoles, si elles suscitent une sympathie et un respect des non-catholiques, a du mal à lutter contre l’individualisme galopant et les technologies modernes, qui minent toute forme de vie spirituelle, en particulier chez les jeunes. Ces dernières décennies, la croissance de la communauté a surtout été assurée par les familles catholiques, les conversions restent rares. L’Église cherche donc à insuffler chez tous les fidèles un nouvel élan missionnaire, ainsi qu’en témoigne le thème retenu pour la visite apostolique du souverain pontife : « Disciple du Christ, disciple missionnaire ».