Le père François Ponchaud, MEP, est décédé le 17 janvier 2025 à Lauris, la maison de retraite des pères MEP. Il vivait là depuis son retour en France en 2021 après avoir servi l’Église catholique au Cambodge durant 56 ans. Il a dû fuir Phnom Penh pour échapper aux Khmers Rouges en 1975, et il a révélé au monde les crimes de leur régime de terreur avec un livre au succès mondial, Cambodge, année zéro. Il est retourné dans son pays de mission en 1993 pour poursuivre son travail pastoral. Ses obsèques seront célébrées dans la chapelle de la Maison MEP de Lauris, mardi 21 janvier à 14 heures.
Le père François Ponchaud, prêtre des Missions Étrangères de Paris (MEP), qui a servi l’Église catholique au Cambodge durant 56 ans, est décédé le 17 janvier 2025 à Lauris, la maison de retraite des pères MEP, où il vivait depuis son retour en France en 2021, après avoir servi l’Église au Cambodge pendant plus d’un demi-siècle.
Né le 8 novembre 1939 à Sallanches (Haute-Savoie), il est le septième d’une famille de douze enfants. Son père, Léon Ponchaud, exploitant agricole, était conseiller général de Sallanches, engagé au MRP (Mouvement républicain populaire). Après être entré au séminaire pour le diocèse d’Annecy, il sert comme parachutiste en Algérie pendant vingt-huit mois. En 1957, il choisit d’intégrer la société des Missions Étrangères de Paris (MEP). Il est ordonné prêtre en France le 12 juillet 1964, avant d’être affecté au Cambodge.
Envoyé au Cambodge
Il arrive par bateau au Cambodge le 8 octobre 1965. De 1965 à 1968, il commence par apprendre le khmer et assumer différentes responsabilités pastorales auprès des communautés catholiques. Il apprend la langue à Chruy Changvar, Moat Krasas, Stoeug Treng et Battambang.
Entre 1969 et 1975, le père Ponchaud a servi la préfecture apostolique de Kampong Cham. À partir de 1968, il est en poste à Ksach Prachès (province de Kampong Cham), puis à Kampong Cham. De 1970 à 1975, il traduit plusieurs livres religieux ainsi que la Bible œcuménique en khmer.
Témoin des agissements des Khmers rouges
Le 17 avril 1975, les Khmers Rouges prennent Phnom Penh et il est détenu dans l’ambassade française. Le 8 mai 1975, un peu moins d’un mois après la prise de pouvoir par les Khmers Rouges, il est expulsé du pays. Il faisait partie des derniers étrangers à quitter le Cambodge.
De 1975 à 1992, il écrit plusieurs articles sur la prise de Phnom Penh par les Khmers Rouges dont il a été un témoin privilégié. En 1977, il publie notamment le livre Cambodge année zéro, qui fait découvrir au monde l’horreur du régime institué par les Khmers rouges : le livre décrit l’entrée des révolutionnaires dans Phnom Penh et l’exode forcé de toute la population. Par une analyse du discours officiel tenu à la radio, François Ponchaud décrypte les buts poursuivis par la révolution : l’organisation de la nouvelle société, la formation idéologique du peuple, la création d’une nouvelle culture. Il situe cette révolution dans le contexte historico-social qui l’a vue naître, ainsi que dans l’histoire personnelle de ses leaders. Aujourd’hui, ce livre traduit en huit langues reste incontournable pour l’étude de cette période douloureuse (2,3 millions de morts, soit le quart de la population).
Travaux
Durant cette période d’exil, il parcourt le monde et visite des réfugiés khmers en France, en Europe, au Canada et aux États-Unis. Il est également très présent dans les camps de réfugiés en Thaïlande. Il peut enfin retourner au Cambodge en 1993, après les accords de Paris et la fin de l’occupation vietnamienne. Jusqu’en 2016, il est en poste pour la mission catholique à Chamlak et O Réang Euv (Khet Kamong Cham). François Ponchaud a beaucoup contribué au développement de la société cambodgienne, dans les domaines de l’éducation et du développement social. Durant cette période, il a notamment collaboré à la traduction de la Bible en khmer, composé un grand nombre d’ouvrages dans cette langue, et lancé plusieurs projets de développement rural. De 2016 à 2021, il se retire dans une petite paroisse rurale, partageant son temps entre ses activités spirituelles et culturelles.
Outre la traduction de la Bible en khmer, il a également conçu des ouvrages de catéchèse et de vulgarisation destinés à accompagner la formation spirituelle et intellectuelle des Cambodgiens en insistant sur la compréhension des symboles et des mythes de base ainsi que sur la connaissance de l’histoire. Dubitatif vis-à-vis des campagnes de conversion pratiquées par les Églises évangéliques, il travaille à l’approfondissement du dialogue interreligieux et base son travail spirituel sur une approche respectueuse du bouddhisme.
Il a également écrit une histoire de l’Église au Cambodge (La cathédrale de la rizière : 450 ans d’histoire de l’Église au Cambodge, paru en 1990). Après son retour en 1993, il a aussi fondé le Centre culturel catholique cambodgien (CCCC), afin d’enseigner la langue et la culture khmère aux jeunes missionnaires et volontaires, afin qu’ils puissent mieux servir le peuple cambodgien.
Publications :
Cambodge, année zéro, Julliard, 1977
La cathédrale de la rizière : 450 ans d’histoire de l’Église au Cambodge, Fayard, 1990
Une Brève Histoire du Cambodge, Editions Siloë, 2007
L’Impertinent du Cambodge, entretiens avec Dane Cuypers, Éditions Magellan & Cie, 2013
Prêtre au Cambodge : François Ponchaud, l’homme qui révéla au monde le génocide, Benoît Fidelin, Éditions A. Michel, 1999
CRÉDITS
MEP