septembre
au 18
novembre
Exposition organisée par les Missions Etrangères de Paris et l’Institut de Recherche France Asie, sous le commissariat de Anne Dalles-Maréchal
ENTREE LIBRE
Exposition ouverte du mardi au samedi, de 10h00 à 18h00
EVENEMENTS AUTOUR DE L’EXPOSITION
Conférence le samedi 30 septembre 2023 à 15h, suivie de la visite de l’exposition par la commissaire
« Sur les rives du fleuve Amour : une mission au nord de la Chine (Mandchourie 1838-1949) » avec Anne Dalles-Maréchal, université de Saint-Étienne-Jean Monnet, Groupe Religions, Sociétés, Laïcités (EPHE).
Visite guidée de l’exposition le samedi 28 octobre à 15h par la commissaire Anne Dalles-Maréchal.
Dossier de presse de l’exposition
En 1838, le Pape Grégoire XVI établit la mission pour la Mandchourie et la confie aux Missions Étrangères de Paris. Ce vicariat s’étend de la péninsule du Liaodong jusqu’à l’embouchure du fleuve Amour, et est limité à l’ouest par la mission de Mongolie et à l’est par la Corée et le Japon. La mission de Mandchourie s’implante sur un vaste territoire aux conditions de vie difficiles, souvent en proie aux conflits politiques et sociaux. La région est habitée de manière inégale, et des villes, des villages et des installations sédentaires ou semi-sédentaires s’y côtoient. Loin de décourager les missionnaires, cette terre lointaine et inconnue devient un symbole pour mesurer leur foi.
Cette exposition propose de suivre cette entreprise missionnaire dans un parcours en trois temps.
Le voyage comme rite de passage : parvenir jusqu’en Mandchourie
Le voyage de ces hommes jusqu’à la Mandchourie constitue le point d’entrée dans l’exposition. Les missionnaires naviguent jusqu’à la Chine, et cette traversée constitue la première véritable rupture pour les missionnaires qui quittent alors tout ce qu’ils connaissent. Pendant le voyage, ils s’essayent à la mission auprès des matelots, apprennent à cohabiter avec des personnes d’origine et de mœurs variées et font face aux aléas parfois catastrophiques du voyage. En outre, c’est aussi pendant la traversée que les missionnaires sont confrontés réellement pour la première fois à l’Ailleurs. Cette découverte se poursuit à leur arrivée en Chine, où, selon les époques, se pose la question du voyage vers le nord : se grimer pour passer inaperçus dans un pays peu favorable à leur présence ou se reposer sur des réseaux de Chrétiens locaux, au risque de s’exposer à la colère des autorités. Arrivés en Mandchourie, les missionnaires découvrent un territoire chinois, certes, mais avant tout mandchou. Ils ont sous les yeux un paysage différent de ce qu’ils connaissent en Europe, mais aussi du reste de la Chine : de grands espaces de désert, de taïga, de montagne et de forêt s’étendent tout autour de petites enclaves urbaines. De nombreuses populations s’y côtoient, ne parlent pas toujours la même langue et ne partagent pas les mêmes modes de vie.
La Mandchourie « sauvage » : observer les populations locales
La deuxième partie se concentre sur comment les missionnaires perçoivent les territoires et les populations au prisme des représentations collectives de l’époque. Dans leurs récits, les missionnaires décrivent ces « Autres » qu’ils rencontrent, et les populations locales sont souvent dépeintes avec un biais civilisateur qui souligne ce qui n’est ni chrétien ni européen chez eux. Les prêtres opèrent une sorte de hiérarchie entre les populations de la région et les lettres des missionnaires deviennent des espaces d’expression du monde duelle, entre les « bons » et les « mauvais sauvages », entre « nous » (les Occidentaux) et les « autres ». Au-delà de la qualité exploratoire des écrits missionnaires, étudier les populations et le territoire a bien sûr comme but, pour eux, de développer des stratégies en vue de la conversion.
La rencontre des cultures : définir sa place dans le monde
Finalement, ce parcours se termine sur la place politique des missionnaires au cœur de cette Mandchourie changeante. Au xixe siècle, c’est une région en pleine mutation, à la croisée des empires occidentaux, russe, japonais et chinois. Divers conflits modifient radicalement les frontières et surtout, les pouvoirs politiques auxquels font face les missionnaires. Ces derniers doivent alors négocier leur place afin de maintenir la mission – une mission dont les frontières sur le papier, elles, ne bougent pas. Leurs écrits tiennent alors une place politique en Europe. Ils sont des objets de mémoire lorsque certains meurent en martyre. Mais ces écrits permettent aussi d’inscrire la mission de Mandchourie sur la scène mondiale des missions et de la colonisation. Cette posture les pousse alors à dépeindre ces « Autres » et cet Ailleurs, et c’est ce que cette exposition tentera de comprendre.
BIOGRAPHIE
Anne Dalles-Maréchal est docteure en anthropologie religieuse et histoire des religions de l’EPHE. Elle enseigne à l’université de Saint-Etienne-Jean Monet et est membre associée du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL). Elle étudie les perceptions et les stratégies d’adaptation en contexte de rencontres interculturelles dans et au départ de la région de l’Amour. Elle s’intéresse tout particulièrement aux missions chrétiennes et aux conversions aux Christianismes depuis 1840. Depuis 2021, elle travaille précisément sur les missions chrétiennes en Mandchourie, entre 1838 (date de la création du vicariat catholique des Missions Étrangères de Paris) et 1949 (création de la République populaire de Chine) dans une perspective anthropologique et historique.