Histoire des MEP
Depuis 1658, les Missions Etrangères de Paris ont contribué à l’évangélisation de nombreux pays d’Asie : la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, le Cambodge, l’Inde, le Laos, le Japon, la Corée, la Malaisie, Singapour, la Birmanie… Au XXe siècle, 23 missionnaires ont offert leur vie en martyre et sont devenus saints. Aujourd’hui, les MEP comptent 150 prêtres dans 14 pays et elles continuent de prendre part à l’annonce de la Bonne Nouvelle, en envoyant en Asie et dans l’océan Indien des prêtres missionnaires à vie. Ces prêtres travaillent également à la création de nouvelles communautés chrétiennes ou de groupes de foi, à la formation des prêtres locaux, à des œuvres caritatives dans l’éducation ou la santé, ils sont auprès de minorités ethniques ou de migrants, ils s’impliquent dans le dialogue interreligieux ou sont au service des communautés catholiques francophones d’Asie.
Les nombreuses missions conduites depuis le XVIIème siècle par 4300 pères MEP ont permis de réunir et de conserver d’abondantes archives consultables à l’Institut de Recherche France-Asie (IRFA).
360 ans d’histoire : la fondation
Apôtres choisis par le Christ pour annoncer l’Évangile et envoyés par l’Église, les missionnaires sont des messagers. Hier comme aujourd’hui, ils invitent les hommes à écouter la parole de Dieu et le témoignage de Jésus.
C’est ainsi que la mission chrétienne, fondement mème de l’Église, se développe et s’étend progressivement en Europe puis sur les autres continents. Placée aux XV et XVI siècles sous l’autorité des rois d’Espagne et du Portugal (les patronages), elle est freinée dans son extension et ses activités. II faut attendre la fondation en 1622 de la Congrégation de la Propagation de la Foi (devenue aujourd’hui la Congr6gation pour l’Évangélisation des Peuples) pour que le dynamisme missionnaire de l’Église reprenne un élan nouveau.
Le secrétaire de la Congrégation de la Propagation de la Foi de 1ó22 à 1649, François Ingoli, redéfinit les méthodes d’évangélisation, améliore le recrutement des jeunes gens destinés à la mission en privilégiant le clergé séculier. II insiste sur la nomination d’évêques et la nécessité de constituer un clergé autochtone qui se substituerait progressivement au clergé européen. Enfin, pour libérer les missions de toute ingérence politique, il préconise de faire nommer par le pape des vicaires apostoliques dont la juridiction épiscopale serait indépendante des patronages.
Un missionnaire jésuite, Alexandre de Rhodes (né en 1591 à Avignon, mort en 1660 à Hispahan) fait plusieurs séjours au Tonkin et en Cochinchine entre 1624 et 1645 avant d’être expulsé, comme bien d’autres missionnaires étrangers. De retour en Europe, il plaide pour l’envoi d’évêques en Asie qui auraient la responsabilité de promouvoir un clergé autochtone en mesure d’assurer le soin des fidèles, et seul capable de survivre en temps de persécution.
Poursuivant le travail d’lnnocent XI, Alexandre VII nomme en 1658 quatre vicaires apostoliques, c‘est-à-dire des évêques sans diocèse qui dépendent directement du Pape. En 1659, avant leur départ, il leur fait parvenir ses directives :
« Ne mettez aucun zèle, n’avancez aucun argument pour convaincre ces peuples de changer leurs rites, leurs coutumes et leurs mœurs, à moins qu’elles ne soient évidemment contraires à la religion et à la morale. Quoi de plus absurde que de transporter chez les Chinois la France, l’Espagne, l’Italie ou quelque autre pays d’Europe. N’introduisez pas chez eux nos pays, mais la foi, cette foi qui ne repousse ni ne blesse les rites ni les usages d’aucun peuple, pourvu qu’ils ne soient pas détestables, mais, bien au contraire, veut qu’on les garde et les protège … Ne mettez donc jamais en parallèle les usages de ces peuples avec ceux d’Europe ; bien au contraire, empressez-vous de vous y habituer. »
360 ans d’histoire : le séminaire
François Laval de Montmorency, Pierre Lambert de la Motte, Ignace Cotolendi et François Pallu sont les véritables fondateurs de la Société des Missions Etrangères; ils partent entre 1660 et 1662, respectivement au Canada, en Cochinchine, en Chine et au Tonkin, accompagnés de prêtres et de laïcs. Entre temps ils ont reçu l’autorisation d’ouvrir un séminaire rue du Bac à Paris pour la formation des futurs missionnaires. Le séminaire des Missions Etrangères est né.
Au XVIIIe siècle, le séminaire des Missions Etrangères envoie de nouveaux missionnaires en Asie, dans des pays où la religion catholique est rarement autorisée et le plus souvent interdite. Temps de tolérance et périodes de persécutions alternent, plaçant le séjour de ces hommes sous le double signe du danger et de la précarité. De grands missionnaires jouent un rôle important dans la naissance et la croissance de nombreuses Églises, comme : Louis Néez, qui gouverne l’Église du Tonkin pendant quarante-deux ans, Gabriel-Taurin Dufresse, vicaire apostolique du Sichuan en Chine, Louis Champion de Cicé, vicaire apostolique du Siam, Guillaume Piguel et Pierre Pigneaux de Béhaine, vicaires apostoliques de Cochinchine, et bien d’autres encore.
Au XIXe siècle les vocations sont nombreuses. Elles permettent au Saint-Siège d’agrandir le champ de travail de la Société, lui confiant les nouvelles missions de Corée, du Japon, de Mandchourie, de Malaisie, de Birmanie, du Tibet et de l’Assam. À cette époque, des missionnaires éminents se font remarquer autant par leur courage et leur zèle apostolique que par leurs travaux et leurs recherches.
Au XXe siècle, le clergé autochtone se développe. La société des Missions Etrangères évangélise et organise ainsi dans dix pays d’Asie plus de cent diocèses qui sont désormais dirigés par des évêques autochtones. En 1922, notamment grâce à l’action décisive de Jean-Baptiste de Guébriant, le Saint-Siège confie au clergé chinois les deux premières préfectures apostoliques. D’autres nominations leur succèdent en Inde, au Japon, au Vietnam …
Depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, plus de 200 prêtres de la Société des Missions Etrangères sont décédés de mort violente dans l’exercice de leur activité missionnaire. Vingt-trois d’entre eux ont vu leur témoignage reconnu officiellement par l’Église et sont honorés comme saints.
Quelques dates clés des Missions Etrangères de Paris :
1622 : fondation de la congrégation De Propaganda Fide (Propagande) par le pape Grégoire XV.
1658 : envoi de Mgrs Pallu, Lambert de La Motte et Cotolendi, premiers vicaires apostoliques en Asie.
1663 : Lettres patentes de Louis XIV marquant la fondation du Séminaire pour la conversion des infidèles. Ouverture du séminaire, rue du Bac à Paris.
1665 : fondation du Collège général à Ayutthaya, séminaire pour la formation des prêtres autochtones. Mgrs Pallu et de La Motte adressent les Monita ad Missionarios à tous les missionnaires pour leur exposer leurs instructions pour la mission.
1682 : Mgr Louis Laneau écrit au Siam des Instructions pour ceux qui iront fonder une mission dans les royaumes du Laos et d’autres pays, et les adresse aux missionnaires prêts à partir de Paris.
1860 : depuis 1760, la Société a envoyé 538 missionnaires.
1910 : les Missions Étrangères comptent plus de 1 400 membres, effectif le plus élevé depuis leur fondation.
1921 : première assemblée générale à Hong Kong, décidant de l’élection d’un Supérieur général commun au séminaire de Paris et toute la Société, de la tenue d’assemblées générales périodiques, et de l’édition d’une revue mensuelle. Élection du premier supérieur général, Mgr Jean Budes de Guébriant.
1925 : canonisation des trois premiers missionnaires martyrs en Corée.
1950 : assemblée générale instituant les Constitutions (normes juridiques stables de la Société) et le Coutumier (normes morales et spirituelles révisées à chaque assemblée).
1960 : depuis 1860, la Société a envoyé 3 259 missionnaires.
1980 : regroupement de Madagascar, l’Île Maurice et la Réunion en une seule mission, celle de l’océan Indien.