JAPON 1550-1945 LA REDECOUVERTE

En 1549, Saint François-Xavier est le premier missionnaire catholique à pénétrer au Japon. Il réussit à se concilier les faveurs de quelques Daymos du Sud et obtient les premières conversions. Quarante ans plus tard, le pays compte 200 églises et 150 000 baptisés. De nouveaux religieux, Franciscains et Dominicains espagnols venus de Manille, se joignent aux Jésuites portugais.

Cependant cette rapide expansion d’une religion étrangère suscite l’opposition des bonzes et le nombre croissant de bateaux étrangers dans les ports japonais inquiète les autorités. En 1597 le crucifiement à Nagasaki de 26 chrétiens et missionnaires ouvre l’ère des persécutions. En 1613, le christianisme est officiellement interdit et les missionnaires étrangers expulsés. Ceux qui prennent le risque de rester seront martyrisés avec des milliers de chrétiens japonais. Le Japon se referme hermétiquement sur lui-même et restera coupé du monde pendant 250 ans.

Au milieu du XIX° siècle, les puissances commerciales rivales présentes en Asie —Etats-Unis, Russie, France, Hollande et Angleterre— tentent d’entrer en relation avec le Japon. Rome profite de cette situation pour nommer un vicaire apostolique destiné au Japon, Mgr Théodore Forcade, des Missions Etrangères de Paris. Mais celui-ci ne parviendra pas à s’installer dans sa mission. Il faudra attendre la signature du traité franco-japonais de 1858 pour que les premiers missionnaires soient autorisés à débarquer sur le sol nippon dans la concession française de Nagasaki.

En 1865, à l’occasion de l’inauguration de l’église de la ville, un groupe de chrétiens japonais se fait reconnaître par le Père Bernard Petitjean. « Montrez-nous l’image de Sainte Marie », lui demandent-ils. Pendant deux siècles et demi, ils se sont transmis le baptême et l’essentiel de la foi chrétienne dans la plus totale clandestinité. Les missionnaires français recensent environ 10 000 fidèles et entreprennent auprès d’eux un apostolat discret. Mais ce réveil du christianisme provoque rapidement une réaction du pouvoir japonais pour lequel les lois anti-chrétiennes sont toujours en vigueur. La persécution reprend dès 1867 et durera jusqu’en 1873. Elle ne cessera que sous la pression insistante des gouvernements occidentaux.

En 1889, la constitution de Meiji accorde la liberté religieuse. l’Eglise peut se développer normalement au Japon, mais une certaine tension demeure entre la doctrine chrétienne et la nouvelle idéologie qui tend à sacraliser le pouvoir impérial. Le 17 février 1943, le Père Julien Bousquet, curé de Kitano, est arrêté sur la dénonciation d’un catéchumène. Considéré comme criminel d’Etat, vraisemblablement à cause de son enseignement sur l’origine divine de l’Empereur, il est retrouvé mort, le 10 mars, dans l’hôpital d’aliénés où il avait été transporté. Les circonstances et les causes exactes de son décès n’on jamais été élucidées.