REVOLTES ET BRIGANDAGES

 

 

Avec la révolte des Boxers, l’année 1900 marque un sommet de la réaction anti-occidentale en Chine. Mais avant comme après cette date charnière, de nombreux missionnaires ont été victimes de leur condition d’étranger. Trop grande pour que l’autorité centrale puisse s’exercer partout avec la même efficacité, secouée de révoltes périodiques, souffrant d’un déséquilibre économique générateur de zones de misère et des famines endémiques, la Chine n’offre pas d’asile sûr aux Européens dès qu’ils s’éloignent des centres contrôlés par les conventions diplomatiques.

Avant la Révolution, les missionnaires sont surtout exposés aux exactions de brigands, de petits chefs de guerre ou de mandarins locaux hostiles au christianisme et assurés de leur impunité, surtout dans les provinces agitées du Sud et de l’Est : C’est ainsi que sont massacrés au Sichouan : François Mabileau (1865), Jean Rigaud ((1869) et Jean Hue (1873) ; au Guizhou : Jean Muller (1866) et Pierre Gilles (1869) ; au Yunnan : Jean Baptifaud (1874), Jean Terrasse (1883) et plus tard Raymond Mérigot (1910) ; au Guangxi : Frédéric Mazel (1897) et Mathieu Bertholet (1898) ; au Guangdong Henri Chanès (1898) et Hippolyte Julien (1902). La Mandchourie aussi est dangereuse : Maxime de la Brunière en 1846, Joseph Biet en 1885 et Pierre Saffroy en 1909 y seront assassinés. Dans les pays voisins, quelques-uns de leurs confrères subiront le même sort : Jean-Baptiste Barreau au Cambodge en 1867, Louis Biet en Birmanie en 1886 et Jean-Moïse Jozeau en Corée en 1894.

La période qui suit le renversement du régime impérial en Chine sera un peu moins meurtrière : Pierre Castanet est assassiné au Sichuan en 1911, Baptistin Biron au Yunnan en 1935. Henri Sonnefraud et Robert Castiau seront exécutés par les Japonais dans l’île de Waichow en 1940. Lucien Boiteux (Sichuan,1944) Hervé Seznec (Canton,1945), Julien Roland et Alfred Caubrière (Mandchourie 1947 et 1848) et Marcel Signoret (Lanlong, 1950) seront les derniers prêtres des Missions Etrangères tués en Chine. Après l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong tous les missionnaires étrangers seront expulsés et c’est sur le clergé chinois que s’abattra, jusqu’en 1978, la répression communiste. Le 1er janvier 1956 Emile Levrel, expulsé de Chine, est assassiné par des voleurs à Vieng-papao au Nord de la Thaïlande.

Signalons enfin deux cas très particuliers parmi les missionnaires du Sichuan: Urbain Lefebvre, arrêté puis libéré en Chine en 1754, retourna en France, quitta la Société et fut tué dans la prison des Carmes, pendant la Révolution, le 22 septembre1792. Quant à Jean-Baptiste Houillon, revenu en France pour un congé de maladie en 1869, il fut interpellé pendant la Commune et massacré par les Fédérés sur le Boulevard Richard Lenoir en tentant de s’échapper lors d’un transfert de prisonniers, le 27 mai 1871, juste avant la date prévue pour son retour en mission.