NAISSANCE D’UNE EGLISE VIETNAM 1615-1840

Le premier noyau chrétien du Vietnam se forme à Tourane, autour d’un groupe de réfugiés japonais fuyant la persécution de leur pays. Les jésuites de Macao entreprennent l’évangélisation de la Cochinchine puis du Tonkin. Alexandre de Rhodes obtient de nombreuses conversions, mais il est expulsé des deux royaumes et son catéchiste André Trung est décapité. L’Eglise du Vietnam rencontre la persécution dès les premières années de son existence.

En 1670 le premier vicaire apostolique français, Mgr Lambert de la Motte, ordonne plusieurs prêtres vietnamiens et crée une congrégation de religieuses autochtones, les Amantes de la Croix. Un siècle plus tard, alors que le pays est ravagé par la révolte des Tay-son, un de ses successeurs, Mgr Pigneau de Béhaine, choisit de soutenir la cause de l’héritier légitime, Nguyên-Anh et lui apporte une aide militaire. En 1802, celui-ci, vainqueur, prend le pouvoir sous le nom de Gia-Long et unifie l’empire. Il laisse les Chrétiens en paix mais ne leur accorde pas la reconnaissance officielle espérée par le Vicaire apostolique. Cependant l’Eglise du Vietnam se développe et va bientôt compter 200 000 chrétiens, 180 prêtres autochtones, plus de 1000 religieuses Amantes de la Croix, 25 missionnaires français et 28 dominicains espagnols.

Mais Quand Gia-Long meurt, en 1820, son fils, Minh-Mang, adopte une politique conservatrice, anti-occidentale, et donc anti-chrétienne. Il interdit l’accès du pays aux nouveaux missionnaires et convoque les anciens à Hué pour les surveiller. Ceux du Tonkin se cachent, ceux de Cochinchine comptent sur la protection du vice-roi, Lê Van Duyet, proche de l’empereur défunt et très favorable aux Chrétiens. Mais après la mort de celui-ci en 1832, Minh-Mang se sent libre de déclencher la persécution.

Isidore Gagelin, provicaire de Cochinchine est exécuté à Hué le 17 octobre 1833, tandis que dans le Sud des rebelles, anciens partisans de Lê Van Duyêt, s’emparent de Saïgon. Quand les troupes impériales reprennent la ville en 1835, elles y arrêtent le missionnaire Joseph Marchand qui est condamné avec les chefs de la rébellion au supplice des cent plaies, le 30 novembre 1835.

Au Tonkin Oriental les édits de persécution de 1836 et 1838 déciment la mission des Dominicains espagnols. Mgr Delgado meurt en prison, son confrère Mgr Hénarès est décapité, ainsi que les pères Joseph Fernandez, Bernard Dué, Vincent Yen et Pierre Tuan. Ils avaient tous plus de 70 ou même 80 ans. Au Tonkin Occidental, confié aux Missions Etrangères, Jean-Charles Cornay est exécuté le 20 septembre 1837, François Jaccard et Pierre Borie en 1838. Avec eux disparaissent plusieurs catéchistes, séminaristes ou prêtres tonkinois : François-Xavier Can, Thomas Thiên, Pierre Khoa, Vincent Diem, et beaucoup d’autres. Les exécutions continueront jusqu’en 1840.

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