Aventures missionaire – Singapour
« Ma vocation était enfouie dans mes jeunes années »
Publié le 12/11/2024
Quelle est votre mission aujourd’hui ?
Je suis arrivé à Singapour en 2007, mais je n’ai pas tout de suite été rattaché à la paroisse Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours. Comme tout nouveau missionnaire qui arrive dans son pays de destination, j’ai d’abord habité à la maison MEP afin de perfectionner mon anglais et d’apprendre des balbutiements de chinois. J’ai enseigné l’anglais à des enfants dans une école privée, le SSTC Institute. Le 1er janvier 2019, j’ai rejoint la paroisse Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, OLPS, comme nous disons ici. J’ai d’abord été prêtre assistant, puis je suis devenu directeur spirituel. Je me suis occupé du Rite d’initiation chrétienne des adultes (RCIA), de la catéchèse des enfants et des adolescents, de la liturgie de la Parole pour enfants, du cours Alpha, de la bibliothèque Saint-Jérôme et des Landings OLPS. Les landings OLPS visent à réconcilier les personnes qui se sont éloignées de l’Église et de la foi autour d’un programme de rencontres avec des laïcs. Aujourd’hui, au-delà de mes fonctions d’administrateur de la paroisse et d’économe du groupe MEP, mes journées sont rythmées par deux messes quotidiennes – une le matin, une le soir – l’administration des sacrements, avec notamment l’accompagnement des sacrements aux malades, les visites à l’hôpital et puis, il y a aussi les bénédictions des maisons lors des installations, très fréquentes chez les Singapouriens, les renouvellements des voeux de mariage également et les confessions. Ici, les confessions sont très nombreuses et il est courant que certains frappent à la porte du presbytère pour être écoutés. Si le catéchisme est délégué, en grande partie, aux laïcs très investis dans les paroisses singapouriennes, nous avons une personne, employée à plein-temps, dédiée au catéchisme pour gérer les 950 enfants de la paroisse en formation à la foi et que nous suivons jusqu’à la confirmation.
Vous avez été ordonné en 2017, à 45 ans, une vocation tardive ?
J’ai reçu une éducation religieuse classique dans une famille catholique, à Combourg, une petite ville bretonne de 5 000 habitants. Une vie tranquille en Bretagne, entouré de trois frères et une soeur. Mais, à l’adolescence, ce qui n’a vraiment rien de bien surprenant, je préfère suivre les copains pour des activités plus ludiques que les bancs du catéchisme. Pas vraiment une crise de foi, mais juste un éloignement de l’Église. Lorsque je rentre au lycée, j’ai un premier choc car un de mes frères, qui avait complètement quitté l’Église, revient à la foi et annonce qu’il va devenir prêtre. Il est aujourd’hui prêtre à la paroisse Saint-Aubin-de-l’Illet de Rennes. À ce moment-là, je me pose des questions et, en année de terminale, chez une amie, je rencontre un prêtre avec qui je reste longtemps en contact et je commence à m’intéresser à la philosophie. La providence fait que, peu de temps après, mes parents déménagent dans la paroisse de ce prêtre. Il devient alors l’accompagnateur pour renouveler mon catéchisme. C’est probablement le déclic. Mais je réalise, maintenant, que ce qui deviendra ma vocation était en fait enfoui dans mes jeunes années.
Quel a été votre parcours avant de rejoindre les Missions Étrangères ?
J’ai fait un master en économie à la faculté de Rennes. Et ce n’est qu’en 1993, que je fais ma confirmation tardive. Pendant toutes mes études, j’ai aidé les scouts, ce qui m’a permis, peu à peu, de retrouver ma place dans l’Église. Lorsque mon frère, qui a onze ans de plus que moi, entre alors au séminaire, je suis de nouveau en plein questionnement. Petit, lorsque j’étais enfant de coeur, j’avais senti un appel comme celui que je perçois à la fin de mes études. Je m’engage ensuite pour le service militaire et me lie d’amitié avec l’aumônier de Coëtquidan. Celui-ci, à la mort de Mère Teresa, suggère d’organiser un pèlerinage sur ses traces. Et nous voici partis à Calcutta avec un groupe de douze élèves pour deux semaines. Cette première rencontre avec l’Asie est une belle expérience, tant spirituelle qu’humaine, et va nourrir mon engagement dans l’Église. Finalement, je m’engage dans l’armée pour trois ans, mais le souhait de devenir séminariste me taraude. Or, à l’époque, mon contrat avec l’armée n’est pas résiliable et je rempile donc pour cinq ans, renonçant au séminaire. Pendant toutes ces années, je demeure très impliqué dans de nombreuses associations proches de l’Église. Je deviens, notamment, coordinateur de l’association À Bras Ouverts qui accueille des enfants porteurs de handicap à Rennes. Mais, je me réengage pour huit ans encore avec l’armée, tout en m’impliquant, aussi, dans le parcours Alpha. La foi prend de plus en plus de place dans ma vie. Je discerne, j’effectue des retraites. Puis, un jour, en déplacement à Paris pour mon travail, je vais prier à la Médaille miraculeuse, rue du Bac. Signe prémonitoire ? Jusqu’alors, aucune communauté religieuse ne m’avait véritablement tenté, puis j’ai ressenti ce nouveau déclic en repensant à un ami chinois logé aux MEP. « Cette maison est faite pour toi », m’avait-il dit. Et cette phrase me revient à l’esprit. Je vais donc frapper au 128, rue du Bac. Tout en continuant à travailler, j’ai demandé ma mutation professionnelle, je me suis installé aux MEP. Le père responsable des vocations me propose de rentrer au séminaire pour les MEP. Cette fois, enfin ma sortie de l’armée est actée après dix-huit ans.
Propos recueillis par Anne-Marie de Rubiana, Revue MEP
CRÉDITS
A.-M. de Rubiana