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Les étudiants descendent dans la rue tandis que l’assemblée consultative siège et que l’opposition s’unit

18 March 2010
Comme l’on s’y attendait, et malgré la présence de très nombreuses forces de l’ordre, la convocation de l’Assemblée consultative du peuple, le 10 novembre, a immédiatement provoqué, dès le jour d’ouverture, des manifestations qui n’ont cessé de croître en violence tout au cours de la semaine. Le 11 novembre, un incident a eu lieu alors qu’un cortège de 2 000 personnes faisait face à un barrage militaire. Une voiture qui roulait en tête des manifestants a heurté des soldats qui ont ouvert le feu au-dessus des têtes des manifestants. On a dénombré cependant neuf blessés. Le 12 novembre, les choses se sont encore aggravées. Alors que des dizaines de milliers d’étudiants tentaient de s’approcher du parlement, les forces de l’ordre ont tiré sur eux à balles en plastique durci, avec des canons à eau et des grenades lacrymogènes. En fin de journée, une centaine de blessés avaient été amenés dans les hôpitaux de la ville. Dans la matinée du vendredi 13 novembre, les journaux indonésiens faisaient état de deux morts, un jeune manifestant et un policier, victimes des heurts de la veille. Bien que le général Wiranto ait annoncé que “la situation dans la capitale était sous contrôle”, la population s’attendait au pire, en cette journée de clôture de la session extraordinaire de l’Assemblée consultative du peuple. Le 14 novembre, en milieu de journée, le bilan était déjà de neuf morts.


Les troubles de Jakarta du 22 novembre ont fait 14 victimes; quatorze églises chrétiennes ont aussi été détruites


Selon les récits rapportés par la presse, l’émeute du 22 novembre au cours de laquelle au moins 14 personnes ont été tuées et 14 églises catholiques et protestantes ravagées, a eu son origine dans une bagarre survenue, la nuit précédente, au village de Ketapang, dans le centre de Jakarta. Cette nuit-là, une altercation a mis aux prises des musulmans du lieu et les gardiens d’un bâtiment soupçonné abriter des jeux d’argent. Cette première affaire a pris fin très rapidement grâce à l’intervention de dirigeants religieux locaux. Cependant, très vite, une fausse rumeur s’est répandue selon laquelle un “musholla” (lieu de culte musulman) aurait été brûlé et un ministre du culte musulman assassiné par ces agents de sécurité, dont la plupart sont des chrétiens de l’île d’Amboine, une des principales îles de l’archipel des Moluques.


Après les troubles : réactions du cardinal Julius Darmaatmadja, de la hiérarchie catholique, de la Communion des Eglises protestantes


Dès le lendemain des événements, l’archevêque de Jakarta, le cardinal Julius Darmaatmadja a confié à la presse la profonde émotion que lui avaient causée les troubles de la veille. Il s’est déclaré très gravement troublé. “Je suis triste, a-t-il déclaré, à la pensée que cette bagarre entre deux petits groupes ait donné lieu à des attaques d’églisesSelon le cardinal, les incidents du 22 novembre n’ont pas seulement causé des dommages matériels, mais ils ont contribué à créer un sentiment d’insécurité chez les chrétiens à Jakarta et ailleurs. Il a particulièrement insisté sur les effets moraux et psychologiques de l’émeute. Une attaque des lieux de culte est une “humiliation” infligée à la religion. S’en prendre à un “musholla” (lieu de culte musulman), c’est humilier des musulmans. De même, la destruction des églises témoigne d’une volonté d’humiliation des chrétiens.


Avant les troubles de Jakarta du 22 novembre, des cris d’alarme avaient été lancés par diverses instances chrétiennes et musulmanes


Quelques jours avant que n’éclatent les émeutes de Jakarta (7), dans les milieux chrétiens indonésiens qui ne constituent qu’une minorité de la population à 90 % musulmane, des mises en garde s’étaient fait entendre, dénonçant un climat de violence peu propice à la cohabitation pacifique des fidèles de diverses religions. C’est ainsi que, le 19 novembre précédent, l’Association biblique indonésienne avait publié un communiqué rappelant que, durant les six années écoulées, 480 lieux de culte chrétiens avaient été partiellement ou totalement endommagés et que ces agressions avaient créé chez les chrétiens un climat de grande inquiétude. Le communiqué citait aussi une récente remarque du président Habibie selon laquelle les destructions d’églises ne signifiaient pas qu’il y ait une guerre ouverte entre les adeptes des divers groupes religieux de la société.


Timor occidental : neuf mosquées endommagées, un quartier musulman mis à sac par des manifestants chrétiens à Kupang


A Kupang, capitale de la province de Nusa Tengara occidental (Timor occidental), une province à majorité chrétienne, le 30 novembre dernier avait été déclaré jour de deuil en commémoration des 13 victimes des violences anti-chrétiennes survenues la semaine précédente à Jakarta (5), qui avaient aussi détruit une vingtaine de lieux de culte selon les dernières estimations. Le rassemblement organisé ce jour-là par le Forum des jeunes chrétiens (regroupant des catholiques et des protestants) était seulement destiné à exprimer une protestation pacifique. Cependant la manifestation n’a pas tardé à se livrer aux mêmes excès qu’elle prétendait dénoncer et s’est très rapidement transformée en mouvement anti-musulman. Un premier bilan des dégâts faisait état de quatre mosquées endommagées. Un recensement plus complet effectué une semaine plus tard évaluait à 9 le nombre des mosquées détruites ou brûlées et à une vingtaine les habitations et commerces musulmans pillés ou incendiés.


Les militaires catholiques doivent soutenir le mouvement de réforme nationale, dit le cardinal, archevêque de Jakarta


Le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque jésuite de Jakarta, a publié, en sa qualité d’évêque aux Armées, une lettre pastorale appelant les militaires catholiques à soutenir le mouvement actuel de réforme à la lumière de leur foi. Le cardinal Darmaatmadja, lui-même, a lu cette lettre, le 18 août, au cours d’une messe concélébrée avec les militaires catholiques et les civils des Forces armées indonésiennes (ABRI) pour célébrer le cinquante-troisième anniversaire du Jour de l’indépendance, le 17 août.


Naissance d’un second parti catholique un mois après la création du premier


Un ancien parlementaire indonésien vient de créer un second parti politique catholique, qui s’ajoute aux 70 partis ayant vu le jour depuis la démission de l’ancien président Suharto au mois de mai. Son fondateur, Johannes Riberu (3), qui est un ancien membre du Golkar, le parti au pouvoir, l’a présenté publiquement à Jakarta, le 25 septembre, sous le nom de Parti démocratique catholique, soulignant qu’en qualité de catholique, il avait le droit de donner ce nom à la formation politique à laquelle il adhérait. De plus, il était tout à fait admissible qu’il existât plusieurs partis politiques à l’intérieur du catholicisme indonésien, même si les catholiques indonésiens, habitués à l’uniformité, se trouvaient choqués et peut-être scandalisés de voir cette nouvelle formation prendre place à côté du Parti catholique démocratique, fondé au mois d’août dernier (4).


Un évêque recommande aux catholiques d’apprendre à distinguer réforme et revanche


Les Indonésiens devraient se montrer plus critiques à l’égard du mouvement actuel de réforme afin qu’il ne se transforme pas en mouvement de revanche, écrit Mgr Abdon Longinus da Cunha, archevêque de Ende, au centre de l’île de Flores. Dans une lettre pastorale intitulée “Mouvement de fond dans la communauté de Dieurédigée à l’occasion du mois de la Bible, qui a commencé le 6 septembre, Mgr da Cunha écrit qu’à côté de réformes positives, des changements négatifs issus de la haine, de la violence et de l’esprit de vengeance se sont développés. “Les conflits entre ethnies, races, religions et autres groupes, évités à l’époque de l’Ordre Nouveau du président Suharto, réapparaissent à la surface de façon brutalefait observer l’archevêque. Il écrit: “Plutôt que des réformes en vue de l’unité, un fanatisme religieux borné refait surface. Plutôt que d’appliquer la justice, désir de vengeance, violence, viol et pillage prévalent


Jakarta : une jeune militante qui s’occupait des victimes des émeutes de mai a été assassinée


Une jeune militante qui travaillait comme conseillère auprés des jeunes femmes d’origine chinoise violées durant les brutales émeutes de mai dernier en Indonésie a été trouvée assassinée chez elle, au centre de Jakarta. La découverte a particulièrement choqué ses collègues et amis.


Lombok : des musulmans incendient une église catholique après l’organisation d’un combat de coqs par des hindous


A Lombock, dans la province de Nusa Tengarra Barat, au centre de l’Indonésie, des musulmans en colère ont brûlé une église catholique. L’incident s’est produit à la suite d’une altercation survenue à propos de l’organisation d’un combat de coqs. Le 19 septembre dernier, un policier de religion hindoue qui fêtait l’inauguration de sa nouvelle maison à Praya, à quelque cinquante kilomètres de la capitale provinciale de Mataram, laissa s’organiser dans son jardin un combat de coqs. Un dirigeant musulman du voisinage était venu réprimander le policier et lui faire remarquer que ce genre de divertissement violait la loi islamique. Selon la rumeur, l’hindou aurait alors chassé le musulman de chez lui, un poignard à la main. L’altercation a ému les musulmans du quartier; bientôt des centaines de jeunes musulmans se sont rassemblés devant la maison neuve du policier hindou, l’ont saccagée et ont brûlé sa moto.